La problématique de la marginalisation des cadres de la communauté Harratine refait surface en ces jours. Et ce n’est pas que cela remette en cause la cohésion sociale en en parlant.
Au contraire en parler permet plutôt de poser des actes pour essayer justement de renforcer cette unité et de barrer la route à certains nageurs en eaux troubles afin de ne pas instrumentaliser dangereusement la délicate question.
En Mauritanie, les choses vont tellement sans dire qu’il vaudrait mieux en parler pour qu’elles aillent mieux dans la bonne voie. Un Harratine premier ministre ou président de parlement ou du conseil économique et social ou patron de toute autre institution nationale si importante soit-elle, c’est toujours l’arbre qui cache la forêt.
Et ce n’est plus cet argument caduc selon lequel la communauté harratine manque de cadres qui servira à quelque chose. Les statistiques de certaines organisations de lutte pour la promotion de la communauté Harratine démontrent qu’il n’ y a plus un domaine où les cadres de cette importante frange sociale ne sont légion.
Le propos n’est pas ici de demander à partager égalitairement sur une base communautaire ou sectaire les postes de responsabilité. Il s’agit tout simplement d’un appel à plus de justice sociale pour les fils d’un même pays.
Sinon comment comprendre par exemple qu’à Nouakchott aucun des douze chefs de centre de la société mauritanienne d’électricité (SOMELEC) ne soit un Harratine ? Pourtant les cadres de cette communauté dont des administrateurs, des ingénieurs et des comptables se comptent par dizaines dans cette société.
Au niveau du commandement des forces armées et de sécurité, la situation est si lamentable qu’elle frise la catastrophe. Combien sont- ils de commandants de régions militaires ? Un dans le meilleur des cas. Combien sont-ils d’attachés militaires dans les ambassades ? Deux au mieux. Combien sont-ils de commandants de brigades de gendarmerie ? Trois à quatre.
Et de directeurs régionaux de santé ou de sécurité ? En tout ne dépassant pas les doigts d’une seule main. Et d’ambassadeurs ? Une. Et de magistrats, de Walis, de Hakems, de Hakems adjoints, de conseillers de Walis… ? A peine six ou sept en tout. Combien sont-ils de directeurs régionaux de l’éducation nationale ou d’inspecteurs départementaux de l’enseignement ? Combien sont –ils de directeurs généraux de grandes sociétés nationales ?
Il ne sert à rien de se réfugier derrière son petit doigt et de crier au raciste ou à l’imposteur chaque fois que des problèmes réels sont dénoncés. Les temps ont changé, il faut changer avec pour paraphraser un certain premier ministre.
Il n’y a que la justice sociale à travers l’égalité des chances pour un juste accès aux fonctions et aux promotions qui sert la paix sociale et la stabilité. Toute autre chose est conjoncturelle, aléatoire voire dangereuse. Il n’y a plus que la réalité qui vaille. Sachons la regarder en face et agir pendant qu’il est encore temps.
Source: Le Calame