Et, ils auront tort ! Un vieux prof comme moi, à cinq ans de la retraite, ne peut être tenté par ce qu’il n’a pas fait en trente ans de carrière. Bref. Le problème du ministère de l’Education est qu’il est le terreau où se manifeste le tribalisme à tous les niveaux : cabinet, directions, services…
Tous les ministres nommés se sont appuyés, à des degrés divers, sur la « famille » (la tribu) pour des considérations de « sécurité » (confidentialité) de leurs agissements, et de « placements » politiques à faire-valoir en période électorale. Au ministère, l’on cite par leurs noms les « collaborateurs » les plus proches de tel ministre ; qui seront déclassés à l’arrivée d’un nouveau maître des lieux.
C’est ce système digne de la mafia sicilienne qui a toujours été le Mal de notre éducation. Le pourrissement de la tête finit par se transformer en gangrène de tout le corps. La première chose à laquelle pense un professeur (ou un instituteur) c’est : comment trouver quelqu’un du « milieu » pour venir au ministère, être affecté à Nouakchott, pour, ensuite, disparaître dans la nature ?
C’est au niveau de l’éducation, de la santé et des finances que la tribu travaille à plein régime. Les dysfonctionnements sont l’effet de ces pratiques maffieuses qui ont fini par gagner en « normalité », mettant en échec toutes volontés politiques de les combattre. On se rappelle de la façon dont l’espoir d’une reprise en main, avec le passage de Nebghouha Mint Haba, avait été tué dans l’œuf, justement, parce qu’à l’intérieur du ministère de l’éducation, une « résistance » s’est organisée très vite.
Cet espoir peut renaître aujourd’hui avec Naha Mint Mouknass qui a le même profil de « dame de fer » que Nebghouha, avec, en plus, cette expérience de longue gestion de la chose politique.
L’autre atout de la nouvelle patronne du MEN est qu’elle est moins marquée « tribalement », comme d’ailleurs tous les « gens du Sahel » (nord), ce qui explique la percée de son parti, l’Union pour la démocratie et le progrès (UDP) dans la Vallée, et les bonnes relations qu’elle entretient avec des barons de la politique locale. Une éducation et un mode de vie qu’elle tient sans doute de feu son père Hamdy Ould Mouknass qui reste, à ce jour, la référence de la diplomatie mauritanienne.
Deux conditions sont cependant nécessaires pour que le « sauvetage » de notre système éducatif soit possible : Que Naha soit, réellement, « missionnée » par le président de la République, pour mettre en œuvre le projet de réforme engagée en 2015 (année de l’éducation), mais qui a buté sur la même « résistance » rencontrée par Nebghouha (comme si les hommes du Ministère sont tous misogynes), et qu’on lui accorde le temps nécessaire pour venir, voir et agir.
Sneiba Mohamed
Source : Le Courrier du Nord (Mauritanie)