Pour la deuxième fois en moins d’un mois, la répression d’une manifestation pacifique, le 29 octobre à Nouakchott, montre la fébrilité du pouvoir, alors que le président Aziz doit annoncer s’il se représente ou pas pour un troisième mandat, alors que la constitution le lui interdit.
Le lundi 29 octobre 2018, les militants anti esclavagistes d’IRA-Mauritanie, qui réclamaient la libération de Biram Dah Abeid, le président de cette ONG, mais aussi député de la République, ont été brutalement réprimés. La brutalité policière se généralise dans une Mauritanie qui voit se multiplier les procès politiques et la détention des parlementaires et journalistes.
Plusieurs militants ont été gravement blessés, battus par des policiers à coups de matraques. Les blessés dont certains avaient perdu connaissance, ont été transportés aux services des urgences de l’hôpital de Nouakchott, où la police les a suivis pour intimider les infirmiers et médecins chargés de leurs apporter des soins.
Les militants du mouvement anti esclavagiste IRA qui manifestaient déjà le 7 octobre à Nouakchott avaient été violemment malmenés par la police.
Vers la neutralisation des opposants
La police mauritanienne est dirigée depuis 2014 par le général de Brigade Mohamed ould Meguett, dénoncé pour torture dans les témoignages des militaires noirs rescapés de prison. Depuis sa nomination, les tabassages dans les commissariats sont devenues monnaie courante.
Le général Mohamed Ould Meguett aurait déclaré, dès sa prise de fonction, que la seule solution efficace et déterminante pour éradiquer la contestation d’IRA, c’est de procéder purement et simplement a l’élimination physique de son leader Biram Dah Abeid.
Dans un rapport récent, Amnesty International avait dénoncé les dangers qui pèsent en Mauritanie sur les défenseurs des droits de l’Homme combattant la persistance de l’esclavage et des discriminations dans ce pays, dans un rapport présenté à Dakar.
Consulter le rapport d’Amnesty International sur la Mauritanie
« Les lois n’ont pas été mises en oeuvre ni appliquées de manière adéquate », a déploré Alioune Tine, directeur de l’ONG pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale lors d’une conférence de presse de présentation du rapport, estimant qu’elles n’avaient eu « aucune incidence sur la vie des gens ».
Selon François Patuel, chercheur à Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest, « les autorités sont dans le déni et s’en prennent à ceux qui vont contre le discours officiel ».
Une autre ONG de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch, avait également constaté, dans un rapport publié en février, que les défenseurs des droits de l’Homme faisaient face à des « mesures répressives lorsqu’ils soulèvent les questions sociales les plus sensibles du pays », dont la « discrimination ethnique et de caste » et « l’esclavage ».
Par Nicolas Beau
Source : Mondafrique