Alors que l’IRA indique que 20 % de la population mauritanienne est touchée par le phénomène de l’esclavage, Amnesty brandit un taux de 1 %, soit un nombre estimé à 43000 individus, composé essentiellement de harratines. Qui a raison entre les deux mouvements de défenses des droits humains ?
Ce qui est sûr, c’est que cette pratique existe bel et bien en Mauritanie à l’aube du 21ème siècle. La communauté internationale est à l’affût. Beaucoup d’activistes de l’IRA dénoncent souvent le mutisme de certaines ONG et la complicité des Etats africains, qui, clament-ils, restent muets comme une carpe face à cette pratique, encore en vigueur dans certains coins et recoins du pays.
Aboli officiellement depuis 1981, criminalisé en 2007 puis renforcé par une loi en 2015, considérant cette pratique comme un crime contre l’humanité avec une peine de 20 ans, l’esclavage n’a pas pour autant disparu. Les autorités essayent tant bien que mal de contenir ce fléau.
Dans ce sen, une Journée nationale de lutte contre l’esclavage a été instituée, le 6 mars de chaque année pour contribuer à éradiquer ce phénomène. En attendant, la lutte contre l’esclavage avance à pas de tortue. Ainsi , en 2016 , sur 47 dossiers déposés pour des affaires d’esclavages devant la justice , seulement 2 personnes ont été condamnés , soit un taux de 4%.
Que de la poudre aux yeux ?
Les autorités mauritaniennes veulent, en plus de leur volonté à éradiquer l’esclavage, convaincre la communauté internationale qu’il n’y pas de discrimination contre les noirs du pays. Et que des efforts sont en train d’être faits. Hélas, les chiffres parlent d’eux même. Plus de 96% des postes ministériels sont occupés par une seule Communauté.
Des 19 banques commerciales autorisées, aucune n’appartient à un negro-africain. Un des leaders de cette communauté, Sarr Ibrahima, président de l’AJDMR et ancien prisonnier politique du bagne de Oualata, a décliné récemment qu’à ce rythme il n’y aura plus de negro-africain dans l’administration d’ici cinq ans.
Le rapport élaboré par les Nations Unis sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté, montre que la communauté noire continue d’être marginalisée dans les sphères de décisions et de l’armée. Selon le document, la communauté noire de Mauritanie ne représente que 10 % des officiers de l’armée nationale (7% harratines et 3% Afro-Mauritaniens) alors que les « beydanes » constituent les 90%.
En se basant sur les statistiques de 2014, « seuls 5 des 95 sièges à l’Assemblée Nationale étaient occupés par des Harratines et un seul sénateur sur 56 appartenait à ce groupe. De plus, 2 des 13 gouverneurs régionaux et 3 des 54 préfets départementaux sont Harratines ».
Des chiffres alarmants qui vont forcément faire croire que les noirs, notamment les harratines, ne sont pas bien intégrés dans la société mauritanienne, qui pourtant se glorifie de sa diversité.
Vrai ou faux, en tout cas une assise nationale s’impose pour faire le point sur cette situation, qui ternit l’image du pays …
Ibrahima Junior Dia
Source : Les Mauritanies