Depuis mi-avril 2018, à Dafort, village soninké dans le Guidimagha mauritanien, certaines familles féodales s’acharnent sur de paisibles citoyens descendants d’anciens esclaves dans la communauté, par des tentatives d’expropriation d’héritage à caractère esclavagiste.
Aujourd’hui 9 familles parmi la communauté d’anciens esclaves qui se sont émancipés du joug féodalo-esclavagiste soninké, risquent de jour en jour d’être expropriées de leurs champs légués en héritage familial depuis plusieurs générations.
De ce fait, après 4 mois de démarches auprès des autorités départementales et régionales dans le Guidimagha, marquées par divers dysfonctionnements notamment la non prise en compte effective des auditions de nos membres plaignants chez les gendarmes dès les premiers signalements des harcèlements venant de féodaux, un avis judiciaire troublant et surprenant a été prononcé.
Ces dossiers relevant des séquelles esclavagistes en milieu soninké, ont été vidés volontairement et méthodiquement de ce caractère pour en faire un cas de litige foncier classique. Ainsi le Cadi de Ould Yengé s’est rendu à Dafort dans la journée du 2 juillet 2018 pour observations de champs en présence de 2 parties. Ce lundi 9 juillet, à Ould Yengé, devant les 2 parties, le cadi s’est prononcé pour une suspension des parcelles en litige et se décharge pour un niveau supérieur de juridiction.
De cette situation sensible de non application de lois mauritaniennes en la matière, nous faisons appel aux hautes autorités du pays, en premier lieu le président de la république, son excellence Mr Mohamed Ould Abdelaziz, afin de veiller au cas de DAFORT qui défraie la chronique depuis plusieurs mois. Aujourd’hui par cette décision du cadi, les membres de cette communauté victime de cet esclavagisme coutumier, seront privés injustement de leurs champs qui constituent une source nourricière pour leurs familles depuis la création du site villageois en 1905.
Pour rappel, lors de la journée nationale contre l’esclavage et ses séquelles en Mauritanie tenue à Selibaby ces dernières éditions (6 mars 2017 et 2018) , la communauté des descendants d’anciens esclaves sous le vocable GANBANAAXU FEDDE, a exposé devant les officiels de l’Etat les différentes problématiques posées par le régime coutumier et féodal contre l’éveil d’émancipation dans nos localités rurales. Nous nous adressons aux autorités publiques, aux forces politiques et aux ONG de défense des droits humains, pour une implication sérieuse dans cette affaire de DAFORT, symptomatique d’un défi de l’ordre féodaloesclavagiste soninké face aux lois mauritaniennes dans nos zones rurales.
Dafort, 9 juillet 2018
Communauté GANBANAAXU DAFORT (Familles et descendants d’anciens esclaves)
Source : GANBANAAXU