Jugeant s’adresser à ceux qui aiment la vérité, ceux qui se battent pour la justice et qui croient en la compétence et le mérite, le juge Haroun Ould Ideidbi qui fut, au cours des trois dernières années, président du tribunal de la Wilaya de Nouakchott, dans toutes ses chambres civiles, administratives, pénales, criminelles et des accidents, a publié un long article paru aujourd’hui, sur les site « Meyadin.net », dans lequel il révèle des détails émouvants concernant la « notation annuelle des juges siégeant (assis) » et la discrimination qui en découle.
Le juge Ould Ideidbi commence par dire : « J’ai été informé aujourd’hui alors que je me trouvais derrière la chair inviolable, qu’à la suite de la notation annuelle des juges siégeant en 2018, j’ai obtenu la note : 17 sur 20, au lieu de 19 l’année dernière en 2017.
Surpris comme tout le monde, par ce mauvais résultat obtenu par qui a fourni des efforts remarquables, enregistrés au niveau de tous les organes concernés : la Cour Suprême, le Ministère de la Justice, l’Inspection et le Bureau du Procureur, le juge Ould Ideidbi a énuméré dix constations et remarques, apportant une panoplie d’éclaircissements relatifs à ses prestations, tout au long de sa carrière.
Ensuite, il s’est mis à poser des questions pertinentes et embarrassantes :
Chers frères, notre recherche de la promotion de la justice, ne mérite que l’on pleure pour avoir perdu deux points. Il est seulement nécessaire de rappeler que l’aveulissement et sape du moral des juges ne peut être tolérée.
En Dieu, comment justifier qu’un conseiller de la Cour ait obtenu des points plus élevés que ceux obtenus par le président de cette Cour qui détient la responsabilité de l’arbitre et qui encaisse les conséquences de l’erreur?
Comment un juge qui n’a pas officié tout au long de l’année, peut-il obtenir un point plus élevé qu’un magistrat qui ne s’est jamais absenté et qui a publié en cette moitié de l’année plus de 300 jugements qu’il a rédigés lui-même?
Comment un juge qui préside cinq Cours pendant trois ans peut-il avoir un point plus bas que celui qui n’a pas présidé un tribunal pendant une journée?
Comment un juge qui n’a pas d’arriérés de dossiers, ni de détention provisoire ou de condamnation inédite, peut-il avoir un point inférieur à celui d’un juge qui n’a pas rendu une seule décision et qui n’a pu traiter des centaines de dossiers qui trainent sur son bureau?
Comment un juge peut-il rabaisser ses notes à 17 points en une année, alors qu’il obtenait régulièrement pendant 8 ans, des notes comprises entre 18,5 et 19 sur 20?
Comment encourager un juge qui a enrichi l’arène juridique avec divers articles publiés dans les revues scientifiques de la Cour .. par une sous évaluation injustifiée?
Comment un juge qui demande un encouragement en fonction de ses qualifications académiques: Doctorat en droit, doctorat en charia et un bouquet de médailles de mérite et certificats scientifiques des instituts de justice au Maroc, en Tunisie, en Egypte, au Sénégal, en Algérie, en Espagne …doit il perdre des points, l’année dernière, au moment où il accumulait à lui seul, avec sobriété, cinq fonctions ?
Oh! Vous qui tenez les braises … Après que nous vous ayons prouvé notre professionnalisme, notre impartialité, notre courage et notre hauteur par rapport à ceux qui ont échoué quand nous avons prouvé le contraire de ce qu’ils font.
Voudriez-vous nous faire croire qu’une personne qui a fourni des efforts multiples et distingués, sera influencée par la mutation, la notation, l’avancement ou le conseil de la discipline?
Mais Hélas!!!
On voudrait enterrer nos têtes sous la poussière, quand nous n’avons pas un « soutien », sauf notre travail, l’amour des gens pour nous et la satisfaction des honnêtes et loyaux du pouvoir judiciaire…Aucune tribu, aucun parti, aucun général, aucun sénateur, aucun député ou commerçant. Nous avons eu notre ère d’empathie et elle nous suffit.
On veut nous associer à une liquidation tribale alors que nous n’avons pas une tribu ni région ni personne pour nous.
Pour nous affaiblir, on nous taxe ouvertement, faisant de nous les orphelins d’un ministre (démis de ses fonctions) qui, pourtant, ne respectait, en nous, que notre compétence et qui n’a pas été aveuglé par notre appartenance à la même ville que lui… Rien d’autre.
On voudrait nous faire taire mais nous ne pourrons garder le silence sur l’injustice . Il est du droit des victimes d’injustice de l’exprimer.
Regardez les archives, vous trouverez ce qui confirme, ce que nous avons abattu comme travail en 3 ans et qui, paradoxalement, baisse notre rang à 17 au lieu de 19 l’année dernière, comme si nous nous sommes métamorphisé et comme si nous n’avions jamais rendu service pour lequel nous étions remercié par le citoyen, le ministre et les juges.
Monsieur le Président, vous avez détruit le moral d’un juge qui a tout mis en œuvre pour donner la meilleure image au pouvoir judiciaire… Vous avez également tué l’ambition des jeunes lorsque vous avez refusé les revendications des juges et mis fin aux critères objectifs d’évaluation …
Ces revendications pour lesquelles nous continuerons à nous battre jusqu’à leur réalisation sur le terrain du concret.
Source : Lire l’intégralité du réquisitoire du juge : http://meyadin.net/node/12441
Traduit par Adrar.Info
Source : Adrar Info (Mauritanie)