Les mauritaniens souffrent de la pauvreté, du chômage et de l’insécurité et, à cela s’ajoute l’augmentation vertigineuse des prix des denrées de premières nécessités alors que les salaires stagnent malgré l’accord conclu en 2011 portant sur la révision systématique du SMIG tous les deux ans et de son relèvement en fonction de la conjoncture.
Malheureusement le manque de vision du Gouvernement en matière de politique socioéconomique et d’emploi à conduit à l’appauvrissement systématique de la population qui est tiraillée quotidiennement pour survivre et ne s’est plus à quel saint se vouer pour joindre les deux bouts « début et fin du mois ».
De surcroît, cette année, les paysans se trouvent, aussi bien au niveau des centres urbains que ruraux, dans une situation critique ainsi que les éleveurs due à la faible pluviométrie, alors qu’à ce jour aucune intervention de l’Etat au profit de ses populations n’a été signalée.
Dans cette folie économique qui doit être motivée par une raison d’Etat non avouée s’ajoute l’achat d’un avion présidentiel à 112 millions de dollars alors que ces dépenses inopportunes pouvaient être allouées à l’éducation, à la santé et aux infrastructures. Quel gâchis.
Dans cette situation confuse, les mauritaniens sont perdus dans des horizons lugubres où les cris d’alarmes n’alertent plus, la barbarie et la cruauté prennent la place privilégiée de manière inquiétante au détriment de nos valeurs ancestrales
Ce contexte alarmant se caractérise par l’absence de justice sociale et de morale qui constituent les critères fondamentaux de l’humanisme dans une société multiethnique et multiraciale dont les composantes aspirent à plus de libertés et d’équité où sont exclus le tribalisme, le régionalisme, l’éthnicisme pour bâtir une Mauritanie nouvelle, solide et prospère loin de l’exclusion sociale et de la discrimination.
Ce constat découle d’un faisceau de faits qui ne peuvent résulter d’un pur fait de hasard et touche tous les secteurs d’activité formels et informels réduisant à néant les efforts consentis par la population pour subvenir à ses besoins élémentaires condamnant les travailleurs à la sous-traitance, au travail précaire et à la location de la main d’œuvre ; il s’agit là des formes d’exploitation de l’homme par l’homme. En d’autres termes des pratiques similaires à l’esclavage.
La CLTM face à cette situation désastreuse au lendemain incertain n’a cessé d’interpeler le Gouvernement sur cet ensemble de questions afin d’agir efficacement en vue d’une meilleure protection du citoyen notamment :
– La dépréciation du pouvoir d’achat due à la stagnation des salaires et de la hausse des prix des denrées de premières nécessités
– Le rabais au plus bas niveau de l’éducation
– La médiocrité des services de la santé publique
– La justice qui a laissé place à l’arbitraire, l’exclusion et l’impunité
– La mise sous contrôle judiciaire de Sénateurs, journalistes et de Secrétaires Généraux d’Organisations syndicales
– L’étouffement des libertés et obstructions de la liberté syndicale
– Dissolution de plusieurs Etablissements et Associations notamment ENER, BEMOP et SONIMEX sans que les droits des travailleurs ne soient respectés
– Compressions des établissements publics PROCAPEC, STP, etc…
– Délocalisation des bouchers dans des zones à faible fréquentation
– Augmentation du prix du transport de bétails
– Nouvelle taxe à toute voiture entrant à l’aéroport
– L’insécurité « vol, viol, torture, menaces et intimidations quasi quotidiennes »
En effet l’indifférence de l’Etat face à la dérégulation du marché conduisant à une augmentation vertigineuse des prix des denrées de premières nécessités, a accentué davantage la pauvreté de nos citoyens qui sont laissés pour compte.
L’éducation nationale a connu le taux de réussite le plus faible de notre histoire conséquence de la politique désastreuse de l’Etat en la matière alors qu’ils sont appelés à prendre la relève compromettant ainsi lourdement l’avenir du pays dans la voie du développement.
La vente des établissements scolaires et sanitaires transformés en marché illustre le peu d’importance qu’accorde l’Etat à ce volet éducationnel… Le chômage criant constaté est la résultante de la politique d’emploi et de formation inappropriées à nos besoins qui gravite autour de 47%.
Dans ce lot de désolation s’ajoute la délocalisation des bouchers dans des zones peu fréquentées et en plus de l’augmentation du prix du transport de bétails ayant provoqué l’augmentation du prix du Kilo de viande dont l’impact pervers sur le prix n’est plus à démontrer.
La chasse aux pauvres petits commerçants « ambulants, parterres et tabliers » sur les trottoirs des grandes artères de la Capitale et la confiscation de leurs marchandises illustre le peu d’importance que l’Etat accorde à cette frange de la population en les privant de leurs seules sources de revenus.
L’insécurité et l’impunité qui règnent avec une justice à plusieurs vitesses ne sont pas de nature à instaurer un climat de paix et de confiance dans une société réfractaire aux exigences du moment notamment la paix et justice sociale, la concorde et la fraternité pour bâtir durablement un Etat prospère où l’intérêt supérieur de la Nation prime sur toute autre considération.
La CLTM exhorte les Pouvoirs publics
– d’œuvrer davantage pour le bien être de la population
– de protéger les travailleurs victimes des abus du patronat
– de veiller à l’augmentation incessante et exorbitante des prix ou de la compenser par une augmentation des salaires
– de respecter la liberté syndicale
Face à cette situation jugée très grave et qui perdure, la CLTM « Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie » rappelle l’Etat de jouer son rôle régalien de Garant, Protecteur et Arbitre en veillant au bien être et à la sécurité de ses administrés pour espérer atteindre les objectifs visés par tout Gouvernement.
Pour conclure, la CLTM demande à l’Etat de prendre toutes les mesures adéquates en vue d’une augmentation des salaires et la revalorisation du SMIG de manière substantielle, comme elle demande également, l’ouverture immédiate d’un dialogue social réel entre les partenaires sociaux en vue de trouver des solutions à toutes ces questions
Le Comité Permanent du Bureau Exécutif
Nouakchott, le 29/01/2018
Source : CLTM-Mauritanie