Interrogé sur le marché aux esclaves filmé par CNN en Libye, le président mauritanien a déclaré : « Il n’y a plus d’État en Libye et c’est la faute de l’Occident, qui a bombardé le pays et contribué à l’assassinat de son président. » Pour lui, l’esclavage dans ce pays est le fruit de l’anarchie et du terrorisme qui le ravagent.
Mohamed Ould Abdelaziz s’est également insurgé contre les déclarations de ses concitoyens qui dénoncent à cor et à cri la persistance du phénomène en Mauritanie : « Pourquoi parle-t-on autant de cette question ? Pourquoi ceux qui soulèvent ce problème aujourd’hui ne l’ont-ils pas fait, il y a quinze ans ? Parce qu’ils ne sont plus aux commandes de notre pays et que, par dépit, ils veulent réveiller la question de l’esclavage. »
« Prenez le cas de Biram [Biram Ould Abeid, président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), détracteur acharné du chef de l’État mauritanien, NDLR]. Il n’a plus les trois salaires qu’il recevait quand il était attaché au cabinet du premier ministre, greffier auprès du tribunal et conseiller du défenseur des droits de l’homme. Il cherche donc le sensationnel », a accusé Mohamed Ould Abdelaziz.
Parallèle avec les États-Unis
Les textes législatifs et réglementaires sont-ils assez efficaces contre les cas constatés d’esclavage ? « Nous agissons avec l’esclavage comme pour le vol ou le terrorisme : nous avons des textes pour combattre ces délits et ces crimes, mais ils continuent à être commis et nous améliorons nos lois en conséquence chaque fois que nous le pouvons », a-t-il assuré.
L’esclavage est donc combattu en Mauritanie, mais ses séquelles y persistent, selon le président. « Les esclaves n’étaient pas rémunérés pour le travail domestique qu’ils faisaient, a-t-il analysé. Ils n’allaient pas à l’école et cela s’est répercuté sur leurs enfants.
C’est comme aux États-Unis, où les Noirs sont une minorité dans le pays mais une majorité dans les prisons parce qu’ils sont toujours victimes des suites de l’esclavage de leurs ancêtres et de la misère qui en a résulté. »
Par Alain Faujas
Source : Jeune Afrique