Toute une délégation refoulée par ce que venue sur invitation apprécier les efforts de la Mauritanie en matière de lutte contre l’esclavage et ses séquelles, apporter de l’aide en vue de finir les pratiques d’un phénomène odieux qui persiste dans le pays.
Composée de 12 militants pour l’abolition de l’esclavage et le respect des droits civiques, dont des membres de l’institut du célèbre révérend Jesse Jackson plusieurs fois prétendant démocrate à la présidence des Etats-Unis, la délégation devait s’entretenir avec les militants des droits de l’homme en Mauritanie, notamment ceux impliqués dans la lutte contre l’esclavage, rencontrer les autorités mauritaniennes et l’ambassadeur des USA avec qui l’audience était déjà calée.
L’ambassade des USA à Nouakchott a rendu public un communiqué où elle réaffirme la position du gouvernement américain sur les questions du genre. Le texte dont la tonalité est sans équivoque fait part de la préoccupation et la déception du gouvernement américain, par la décision de refuser l’entrée en territoire mauritanien des militants des droits civiques américains membres de grandes organisations humanitaires basées à Chicago. État d’où sont souvent parties les luttes contre l’esclavage et le racisme.
Dans une déclaration à la presse, le porte-parole du gouvernement mauritanien a tenté de justifier l’expulsion. Mais il s’est montré peu convainquant et ambigu. Leur programme était unilatéral et ne visait qu’une seule catégorie de mauritaniens, déplorait Mohamed Lemine Cheikh, Ministre de la culture et de l’artisanat.
Les militants des droits civiques américains savaient avant de venir que l’esclavage en Mauritanie concerne tout particulièrement les haratines. Le ministre et son patron Mohamed ould Abdel Aziz pouvaient se passer d’une telle publicité. L’esclavage persiste en Mauritanie et ne sera jamais éradiqué si on continue à le nier. Çà ne sert à rien de l’occulter.
Le président mauritanien actuel sait qu’il partira et laissera la Mauritanie avec ses tares dont l’esclavage. Comme ce fut le cas pour ceux qui l’ont précédé. Il est le 8éme président depuis l’indépendance du pays en 1960, après Mokhtar ould Daddah, Moustapha ould Saleck, Mohamed Mahmoud ould Louly, Mohamed Khouna ould Haidalla, Maaouya ould Sid’Ahmed Taya, Ely ould Mohamed Vall, Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi, personne n’a eu la baguette magique pour effacer cette page sombre de l’histoire de la Mauritanie.
Le ou les successeurs de monsieur Mohamed ould Abdel Aziz se préparent déjà pour occuper le poste à la faveur de la présidentielle de 2019. Il reste juste une année et quelques mois pour le président Aziz. Le temps passe vite et 2019, c’est déjà demain. Donc c’est contre productif de continuer à avoir peur de parler de l’esclavage ou voir d’autres le faire, affirme un militant de droits de l’homme à Nouakchott.
Cela dit, à Nouakchott, on rappelle qu’il y a quelques mois, une militante des droits de l’homme de nationalité française venue pour une mission similaire avait été expulsée. Les organisations humanitaires de Mauritanie, ont souvent dénoncé de tels agissements mais sans effets.
Si pour la ressortissante française, il n’y a pas eu de bruit de sa chancellerie à Nouakchott, pour les américains en revanche, on a une autre lecture des faits et leurs conséquences. Affaire à suivre.
Encore une fois, le silence ne règle pas les problèmes et comme le suggère une chanson d’un célèbre compositeur franco-congolais de Brazzaville Passi : laissez parler les gens !
Salem Mejbour Salem
Africa N°1 à Nouakchott