Communiqué relatif à la journée d’abolition de l’esclavage en France

10 mai 2014 : plus que jamais, il faut célébrer avec éclat et dignité la
Journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de
l’esclavage et de leurs abolitions.

Depuis 9 ans, le 10 mai est Journée nationale de commémoration des
mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.

Cette date, proposée par le Comité national pour la mémoire et
l’histoire de l’esclavage, rappelle le vote unanime, qui, en dernière
lecture au Sénat, a permis le 10 mai 2001 à la Loi Taubira d’être
définitivement adoptée : elle  reconnait l’esclavage et la traite
négrière comme des crimes contre l’humanité. Cette reconnaissance
atteste de la gravité  et de l’ampleur de l’esclavage colonial et
constitue une réparation symbolique. Elle associe étroitement histoire
et mémoire.

Qu’est devenue cette belle unanimité ?

Le MRAP s’indigne des ignobles polémiques  dont, pour la première fois,
cette commémoration est entachée : du nouveau maire FN de
Villers-Cotterêts, qui refuse d’organiser cette commémoration dans la
ville où mourut le Général Dumas, né esclave à St Domingue, à un Th.
Mariani (UMP) pour qui le dramatique enlèvement de 200 lycéennes au
Nigéria devrait « déculpabiliser l’Occident sur l’esclavage ».

Ces polémiques font suite à une déferlante de diatribes racistes qui ont
marqué l’année 2013 et révélé un imaginaire colonial latent en France.

Elles témoignent d’une rupture avec l’idéal républicain que rappelaient
les termes même du décret d’abolition du 27 avril 1848 : « L’esclavage
est un attentat contre la dignité humaine ; (…)  il est une violation
flagrante du dogme républicain : Liberté, Égalité, Fraternité. »

Si l’Occident n’a pas inventé l’esclavage, il porte la lourde
responsabilité de 12 millions d’hommes et de femmes, sortis par la
violence d’Afrique et dépouillés de leur humanité. Et la France porte la
responsabilité d’effacer enfin les inégalités et les discriminations qui
n’ont pas disparu avec l’abolition de l’esclavage.

Plus que jamais, le MRAP appelle à célébrer avec éclat et dignité cette
journée mémorielle du 10 mai dans toutes les villes.  Il invite à
marquer aussi le 23 mai, date choisie par les associations ultramarines
pour rendre hommage aux victimes de l’esclavage colonial et à leurs
luttes pour la liberté : 2014 est le 210e anniversaire de la
proclamation de l’indépendance d’Haïti, suite au soulèvement des
esclaves de Saint Domingue, symbole que l’abolition de l’esclavage était
inéluctable.

Paris, le 9 mai 2014.
Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples