Selon le rapport présenté à l’ONU par Philip Alston, le rapporteur spécial sur les droits de l’Homme et l’extrême pauvreté en Mauritanie, il est difficile de connaitre le nombre exact d’esclaves en Mauritanie. Le sujet est pourtant régulièrement dénoncé par des associations locales.
Le rapport Alston aborde la question de l’esclavage avec une prudence que l’on souhaiterait partagée par les associations locales antiesclavagistes, qui s’aventurent à parler de centaines de milliers d’esclaves en Mauritanie.
Après avoir dénoncé « une pratique réelle de l’esclavage », Philip Alston juge qu’« en raison de la nature de cette pratique et des réticences du gouvernement à recueillir des données pertinentes il est difficile d’estimer le nombre d’exact d’esclaves en Mauritanie ».
Selon lui, le Global Slavery Index parlait de 155 600 personnes en situation d’esclavage en 2014 puis de 43 000 en 2016, un écart trop important pour que ces chiffres puissent être pris au sérieux. De son côté, Anti-Slavery International se contente de dire que « des milliers de personnes restent réduites en esclavage ».
Bien que la Mauritanie soit bardée de lois contre cette pratique, « les organisations de la société civile font état de l’incapacité permanente de la police et des autorités administratives à prendre en charge les cas d’esclavage portés à leur connaissance […] et des juges […] à punir les maîtres d’esclaves », écrit Philip Alston, qui espère que « la condamnation en mai 2016 de deux maîtres d’esclaves par le nouveau tribunal contre l’esclavage, à Nema, marquera le début d’une action plus soutenue de la part de l’État en vue d’éliminer » cette plaie.
Par Alain Faujas
Source : Jeune Afrique