Dr Mohamed Mahmoud Ould Mah, président de l’UPSD, à propos de la crise qataro-saoudienne: ‘’Notre pays est-il devenu un émirat du Golfe et Ould Abdel Aziz un émir?’’
Israël n’est pas étranger à tout ce qui s’est passé au sommet de Riyadh
Durant 8 années de pouvoir, le président Obama n’a rien pu contre Netanyahou qui ne manque aucune occasion pour le narguer et l’humilier. Il lui a déclaré la guerre aux Etats Unis : les délégations des élus démocrates, le parti d’Obama lui-même, et surtout celles des Républicains se succèdent en Israël pour lui prêter allégeance. En retour, Netanyahou leur rend visite au Congrès, sans passer par Obama où il se fait applaudir plus que le président des Etats-Unis lui-même.
Mais avant de quitter la Maison Blanche, Obama a pu marquer deux points contre Netanyahou : l’accord nucléaire avec l’Iran et le vote unanime du Conseil de Sécurité (les Etats-Unis s’étant abstenus pour la première fois) contre l’extension des colonies israéliennes en Palestine ; un important document condamnant Israël désormais consigné aux Nations-Unies.
Monsieur Trump, le Président élu, avant même de prendre ses fonctions, n’a pu s’empêcher de dénoncer cette décision et de menacer les autres membres du Conseil de Sécurité. C’est sans aucun doute l’un des points pour lesquels Trump en veut à Obama. Quant à l’accord nucléaire avec l’Iran, le président américain promet, sinon de l’annuler, du moins de le modifier.
Adepte d’une école économique (le mercantilisme), fondée sur le protectionnisme, la force de l’Etat et l’enrichissement de l’un au détriment de l’appauvrissement de l’autre, Trump tente de mettre fin aux traités et ensembles géographiques (où l’échange est censé profiter à tout le monde) liant les Etats-Unis aux autres Etats, pour traiter à partir d’une position de force avec chaque Etat. L’idée de payer pour les autres appartient désormais au passé. Les pays du Golfe étaient les premiers ciblés, invités à payer et à investir aux Etats-Unis. L’Arabie Saoudite, dont le wahhabisme a toujours été rendu responsable de l’extrémisme, du terrorisme et constitue l’idéologie de l’Etat Islamique (EI), a été plusieurs fois épinglée pour son financement du terrorisme, par l’ancien président des Etats Unis, son vice-président et sa secrétaire d’Etat, Madame Clinton. Des statistiques récentes montrent que la majorité des responsables de l’Etat Islamique et les grands pourvoyeurs de fonds sont des ressortissants du Royaume wahhabite. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, l’Arabie Saoudite avait été déjà rendue responsable des dégâts et des réparations, causés par ces attentats ; des milliards de dollars pèsent comme une épée de Damoclès sur elle. On comprend qu’elle soit la première à répondre favorablement à l’appel de fonds lancé par Trump. Le fils du roi, lui-même vice-héritier du trône, l’un des premiers reçus par monsieur Trump à Washington, s’engage à investir 200 milliards de dollars aux USA sur 5 ans. Il ne fallait pas plus pour que Trump envoie 59 missiles (dont 23 ne sont pas parvenus à destination, sans doute interceptés par les missiles soviétiques) vers un aéroport militaire syrien, déjà bombardé par Israël la veille, à cause de sa place stratégique, le plus proche d’Israël et d’où sont partis les deux missiles qui ont accompagné les avions israéliens.
Au sommet de Ryad, une croisade contre l’Iran, la Syrie et Hezbollah, monsieur Trump empoche plus de 400 milliards de dollars dont 110 en achats d’armements. En retour, le sommet déclare la guerre à l’Iran, désigné désormais comme l’ennemi principal du monde arabe et islamique, à l’Islam chiite, au terrorisme (entendez par là Hezbollah et Hamas).
Les crimes de Qatar au sens de Trump et de l’Arabie Saoudite
Pour Trump et l’Arabie Saoudite, le principal crime de Qatar, la goutte qui a fait déborder le vase, ce sont les félicitations adressées par l’émir de Qatar au président iranien, à l’occasion de sa brillante élection et ce, au lendemain du sommet de Ryad. Il est vrai que ces félicitations du président iranien prennent le contrepied de tout ce qui a été décidé au sommet et les raisons pour lesquelles ce sommet a été conçu et préparé.
Une autre raison, non moins importante, est relative à l’argent ; en ce qui concerne Qatar, monsieur Trump est rentré les mains vides. Pour le président Trump et l’Arabie Saoudite, Qatar est devenu, à partir de ces félicitations, le financier principal du terrorisme au sens de Trump, d’Israël et de l’Arabie Saoudite et les terroristes sont l’Iran, la Syrie, Hezbollah et Hamas, c’est-à-dire l’axe de résistance à Israël, aux Etats-Unis et à leurs agents dans la région.
Les vrais terroristes ce sont en fait les organisations financées et soutenues par Qatar, l’Arabie Saoudite, la Turquie, Israël et les Etats-Unis, en Syrie, en Irak, en Libye, au Yémen et en Egypte, oui en Egypte !
Ce sont l’Etat Islamique, Nosra (ancienne Qaida), Jeich Echame et toutes les autres organisations qui leur sont affiliées. Ces organisations combattent la Syrie, elles sont soutenues par Israël qui constitue pour elles un arrière-pays ; les blessés sont soignés dans l’Etat sioniste ; quand ces organisations terroristes se replient, poursuivies par l’armée syrienne, Israël intervient pour protéger leur retraite. Ces organisations qui sont, encore une fois, financées par Qatar et l’Arabie Saoudite et qui prétendent se réclamer de l’Islam n’ont jamais tiré une balle contre Israël, un ennemi de l’Islam.
Qatar soutient le Hamas politique, les dirigeants, parce que ces derniers sont d’obédience islamiste tendance Frères Musulmans. Qatar, qui entretient d’excellentes relations avec Israël et que l’Arabie tente de lui ravir, avait fait pression sur Hamas pour l’inviter à assouplir sa position sur la question palestinienne. Hamas vient de rendre public un document dans lequel il reconnaît Israël sans le nommer «tout Etat dans les frontières de 1967». Un nombre de responsables de Hamas ont été invités à quitter Doha après le sommet de Riyad. C’est pourquoi le Secrétaire d’Etat américain pouvait dire : «Qatar a fait un pas mais pas assez».
A l’exception du Koweït et d’Oman, ce sont ces Etats du Golfe, principalement Qatar et l’Arabie Saoudite, qui sont devenus les maîtres d’une Ligue Arabe qui n’a plus que le nom et qui avaient demandé l’intervention de l’OTAN pour détruire la Libye et assassiner son leader, Mouammar El Kadhafi. C’est la première fois qu’une organisation régionale appelle des forces étrangères à bombarder l’un de ses membres et à tuer son président. Ils tentent de faire subir à la Syrie et à l’Irak, berceaux de l’arabité et de l’humanité, le même sort. Utilisant cette fois leurs propres forces, ces Etats mènent une guerre inhumaine contre le Yémen. Pendant plus de deux ans, Qatar a participé à la mise en quarantaine de ce petit pays arabe pauvre. L’arroseur arrosé. Notre Saint Coran va plus loin : ‘’Ceux qui ont persécuté et fait souffrir les croyants et les croyantes puis ne se repentent pas auront le châtiment de l’enfer et le supplice du feu’’, Sourate 85, verset 10.
L’objectif de tous ces agents et de leurs maîtres, Israël et les puissances occidentales, qui opèrent le long de la frontière irako-syrienne, du Nord au Sud (Raka, Deir Zour, Eboukamal et la frontière syro-jordano-israélienne), pour créer des petits Etats Kurdes en vue d’établir des frontières entre ces cantons Kurdes et Israël, séparer ainsi l’Irak de la Syrie et casser l’axe de la résistance : Iran, Irak, Syrie, Hezbollah au Liban. Sous prétexte de libérer Raka et de combattre le terrorisme, les troupes américaines, françaises, britanniques et allemandes tentent de façon discrète, sans bruit ni tintamarre d’installer à la place de Daech, qui se retire sans combattre, ‘’les forces démocratiques syriennes’’, principalement des Kurdes de Syrie.
Entrer en conflit avec l’Arabie Saoudite, féliciter le président iranien à l’occasion de son élection, abriter le Hamas politique, est un pas indéniable mais pas suffisant, il reste le financement du terrorisme, surtout en Syrie et en Irak. Certes, nous sommes confrontés à une véritable crise qui a pris toutes les formes et embrassé tous les domaines entre Qatar d’une part, l’Arabie Saoudite, les émirats Arabes-Unis et Bahreïn, d’autre part. Il est impensable que cette crise puisse durer, tant tous ces Etats, ces Emirats sont imbriqués les uns aux autres et sont sous la domination et la protection des Etats-Unis ; chacun de ces émirats se développe à l’ombre d’une base américaine. Les américains ne laisseront pas la situation empirer pour la défense de leurs intérêts. On commence d’ailleurs à entendre deux discours aux Etats-Unis : un discours du président qui continue à faire pression sur Qatar, un discours de son ministre des Affaires Etrangères et de celui de la Défense qui parlent, quant à eux, d’«une situation qui commence à porter atteinte aux intérêts américains et à empêcher les forces américaines de combattre le terrorisme».
Et la Mauritanie dans tout cela ? Qu’est-ce qui a piqué Ould Abdel Aziz jusqu’à rompre les relations diplomatiques avec Qatar au moment où l’Algérie et le Maroc envoient plutôt des avions pleins de vivres; quant à la petite Erythrée, elle a fait sortir un communiqué pour dire qu’elle ne rompt pas ses relations diplomatiques avec Qatar malgré les nombreuses pressions exercées sur elle.
Notre pays est-il alors devenu un émirat du Golfe et Ould Abdel Aziz un émir ?
15 June, 2017
Tiré du site Le calame.