Populations à Nouakchott Au nord les riches, le reste au gré des vents


Une fois encore, le gouvernement a dit son intention de mettre fin au phénomène des gazras et autres occupations illégales de terrains, en clôturant définitivement l’opération de restructuration des quartiers périphériques de Nouakchott. Le mot a été prononcé lors du dernier conseil des ministres : au sud de la capitale, comme au nord, ce sont des dizaines de milliers de lots qui seront distribués.

Nouakchott est en train de prendre des dimensions géographiques surréelles du fait des opérations tout azimut de distribution de terrains sur chacun de ses flancs. Lancées en 2009, après l’arrivée au pouvoir du président Ould Abdel Aziz qui s’était engagé à mettre un terme au phénomène de squat foncier dans les trois ans qui suivaient, ces opérations seront reprises à terme. La décision est du gouvernement qui a initié lors de son dernier conseil, un texte qui vise à « améliorer et sécuriser le foncier dans certains quartiers de Nouakchott en leur offrant un meilleure cadre de vie ». Pour les Autorités, le programme permettra l’installation et la réinstallation de près de 41.000 ménages mais également l’instruction de 5868 plaintes et réclamations enregistrées par les services compétents. Les zones d’installation de nouveaux ménages ont été ciblées et la superficie des lots arrêtée : il s’agit des limites des Moughataas de Toujounine, Arafat, Ryadh et Dar Naïm sur des lots de 120 m2 l’unité ou de 150 m2. Les bénéficiaires sont les occupants des squats, les populations de l’intérieur du pays issues de l’exode rural, les petits fonctionnaires, les acteurs de l’informel… L’objectif est surtout de loger tout ce monde. Si rien n’a été dit sur les infrastructures de proximité, il faut craindre que celles-ci ne soient circonscrites à quelques rues bitumées, de rares centres de santé, un ou deux commissariats de police, des écoles élémentaires et secondaires, des mosquées…
Au même moment, des lotissements sont en train d’être édifiés par dizaines de milliers, du PK 8 sur la route de Nouadhibou au nouvel aéroport de Nouakchott, dans une immense zone englobant le nord du Ksar, le nord-ouest de Teyarett, la place Soukouk, les espaces jouxtant l’université de Nouakchott, la nouvelle centrale Duale de la capitale et les alentours de la place du Génie militaire. Ici, il s’agit de cités résidentielles constituées de terrains dont la superficie est égale ou supérieure à 600 m2. Les bénéficiaires cibles sont les hommes d’affaires, les membres du gouvernement, les commerçants, les hauts gradés des forces armées et de sécurité, les diplomates, les parlementaires. Il s’agit plus précisément de bâtir sur place une ville « loin de la populace », une nouvelle ville dotée d’un nouvel aéroport, d’une nouvelle centrale électrique Duale, d’écoles, d’universités, de facultés de médecine, d’un centre de cardiologie, de super marchés.
Tout se fait comme si les Autorités s’emploient à créer deux villes dans la même capitale : une ville dans l’ère du temps dotée de toutes les infrastructures dignes des grandes villes du monde et une cité désuète, pire que les favelas populeuses de Rio au Brésil, où l’eau courante n’est pas forcément assurée et les coupures d’un courant certainement de faible débit, un régime quotidien. Qui disait être le président des pauvres ?

JOB