Mauritanie – Sénégal : L’heure des comptes pour éviter le pire


Entre la Mauritanie et le Sénégal, la situation n’est pas des meilleures. Les événements de la Gambie, la situation aux frontières maritimes sud, la tension perceptible au Bac de Rosso, le traitement particulier que chacune des deux rives réserve à son voisin, la dernière sortie d’un journaliste sénégalais qui a appelé à la lutte armée pour éradiquer l’esclavage … Les problèmes sont nombreux qui font craindre le pire. C’est certainement pour éviter le pire et apaiser les esprits que le ministre sénégalais des affaires étrangères est attendu à Nouakchott en début de présente semaine.

Le ministre sénégalais des affaires étrangères est attendu à Nouakchott en début de semaine. Il s’agit d’une mission d’importance capitale. L’heure étant des plus graves entre son pays et la Mauritanie, nombreux sont les observateurs qui n’ont pas craint un remake des événements de 1989 dont les conséquences se font encore aujourd’hui sentir dans les deux pays. En fait, de part et d’autre du fleuve Sénégal, tout ne va pas dans le meilleur des mondes possibles depuis quelques mois, si ce n’est depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir. Car pour qui connaît les deux hommes à la tête des deux pays voisins, sait que d’emblée ils ne se seraient pas apprécié.
Mais la tension est particulièrement montée au zénith il y a une décade lors du dénouement de la crise gambienne. Autant la Mauritanie n’avait pas apprécié son exclusion du champ de résolution de cette crise et avait agi en solo pour trouver sa solution, autant le Sénégal n’avait pas apprécié que cette Mauritanie « s’ingère » dans une situation « qui ne la concernait pas ». En fait, au fond des choses, Nouakchott pensait qu’en réglant le compte du président Diamé, Dakar lui réglait son compte en mettant fin à son influence en Gambie. Ce serait ainsi en réaction à cette situation que le président Ould Abdel Aziz a publiquement critiqué la réaction de « ceux-là qui ont voulu régler le contentieux de la Gambie en usant inutilement des armes », allusion à peine cachée à l’intervention armée de la CEDEAO sous l’égide du Sénégal. On se rappelle que fort du soutien des Nations unies, le président Macky Sall s’était personnellement s’invité dans le problème gambien exigeant au nom de la démocratie, le respect de la vérité des urnes. Le jeu sénégalais était clair : il s’agissait de faire d’une pierre deux coups : se présenter comme le défenseur de la démocratie dans la sous région et bouter loin, Yaya Diamé considéré comme le principal soutien du mouvement rebelle de la région de Casamance. Pour le Sénégal, ce départ devrait mettre un terme à une certaine pression que la Mauritanie exerçait sur lui, du fait des relations très cordiales entre ce pays et le régime de Diamé accusé de protéger les rebelles casamançais. .
La tension entre les deux pays est parue encore plus vive il y a quelques jours et l’incident diplomatique a été évité de peu quand des gardes côtes mauritaniens ont ouvert le feu sur des pêcheurs sénégalais civils qui avaient pénétré dans les deux mauritaniennes. Bilan : un mort. Dakar n’avait pas apprécié. Dans sa réaction, elle ne ratera pas d’évoquer le sort que la Mauritanie réserve aux ressortissants sénégalais en Mauritanie.
Au même moment, un journaliste sénégalais appelait en direct les Haratines à la prise d’armes en Mauritanie pour se libérer de l’esclavage. La Mauritanie n’avait pas apprécié. Et Nouakchott a saisi l’opportunité pour dénoncer le traitement dont elle fait l’objet de la part de Dakar qui « protégerait » ses dissidents. Depuis, la situation ne fait que s’envenimer, notamment en Mauritanie où les pêcheurs sénégalais sont interdits d’activités et particulièrement au niveau des deux villes frontalières des deux Rosso où les forces de sécurité riveraines rivalisent de méchanceté à l’endroit des ressortissants de l’autre bord.
En plus de ces problèmes, l’émissaire du président Macky Sall devrait aussi aborder d’autres cas, parmi lesquels, celui des licences de pêches bloquées par la Mauritanie, celui de l’exploitation du gaz découvert au large des frontières entre les deux pays, qui ont réclamé chacun que la plateforme d’exploitation soit installée sur son territoire.

MOMS