Le président de l’Initiative de Résurgence Abolitionniste (IRA), Birame ould Dah ould Abeïd, a annoncé, samedi 17 Décembre 2016, au cours d’une conférence de presse organisée à Paris, qu’il retournerait bientôt en Mauritanie.
L’emblématique militant des droits de l’homme est, depuis de nombreux mois, à l’étranger. Bien des choses se sont passées, depuis son départ du pays, notamment l’arrestation de plus d’une dizaine de responsables de son organisation, leur jugement et leur emprisonnement, pour leur implication supputée dans l’affaire de la gazra Bouamatou.
Certains ont commenté son absence, y voyant un « exil forcé », selon eux, par le risque de représailles exercées par Mohamed ould Abdel Aziz à son encontre, suite à ses prises de position publiques, notablement réitérées, au cours de ses tournées européennes, américaines et africaines, condamnant sans ménage les agissements d’un pouvoir mauritanien fondé, d’après l’IRA, sur un « racisme d’Etat profondément ancré et une dictature déguisée en démocratie », selon Birame Ould Dah.
Conférence de presse de Paris
C’est donc le samedi 17 Décembre 2016 à Paris que Birame ould Dah ould Abeïd a choisi d’organiser sa conférence de presse clôturant sa troisième tournée en Europe. Comme précédemment en Amérique et en Afrique, il a posé un sévère réquisitoire contre le pouvoir de Mohamed ould Abdel Aziz, réitérant son appel auprès de toutes les forces vives de la Nation : politiques, sociales, civiles et religieuses ; à s’unir face à l’injustice et à l’oppression, qui ne sont liées à aucun groupe ni communauté et qui n’en épargnent aucun.
« Une injustice perpétrée », déclare Ould Abeïd, « par des forces qui prennent en otage le pays depuis 1978, s’emploient à diviser le peuple en groupuscules et à diaboliser certaines de ses composantes, qualifiées de criminelles et dangereuses, pour perpétuer leur politique esclavagiste et raciste ».
Et de marteler : « Seule la lutte pacifique permettra de changer cette situation, en offrant l’espoir, à ceux qui virevoltent autour de ce pouvoir, de revenir à la raison ». Birame est aussi revenu sur la stratégie de son organisation, suite à ce qu’il considère comme une « fabrication du pouvoir de l’affaire Bouamatou », grossière manœuvre visant à reprendre la main, après les revers diplomatiques qu’IRA lui a fait subir, dans le concert des nations.
Selon Birame, les visites en Europe, Afrique et Amérique constituent une partie de la mise en œuvre de cette stratégie. Elle a déjà permis, grâce aux pressions internationales, de faire plier le gouvernement mauritanien et de le faire revenir sur les fausses condamnations dont ils accusaient, à tort, les responsables de l’organisation.
Rencontres officielles
Dernièrement, le président d’IRA a visité la Grande-Bretagne, sur invitation de son gouvernement et de quelques organisations des droits de l’homme. Au cours de ce séjour, Birame a rencontré divers responsables britanniques dont la ministre chargée de l’esclavage, au sein du gouvernement de Theresa May.
Le président d’IRA s’est aussi entretenu avec la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur l’esclavage, en présence de deux ministres du gouvernement britannique, et rendu à une invitation du Centre International des Recherches Stratégiques (CIRS), tribune libre réputée pour les hautes personnalités internationales de passage à Londres. Les rapports périodiques internationaux de très haut niveau de ce centre constituent une référence pour beaucoup d’organisations et de gouvernements, dans l’élaboration de leurs stratégies et de leurs politiques.
La Mauritanie proteste
Selon un communiqué d’IRA, le Ministère mauritanien des Affaires Etrangères et de la Coopération (MAEC) aurait adressé une lettre de protestation contre l’intervention de Birame au CIRS et proposé l’envoi d’une délégation officielle, pour répondre à ses déclarations.
Dans sa réponse, le centre aurait répondu qu’il ne s’agit pas d’une manœuvre politique et que sa vocation consiste à inviter de grandes personnalités de réputation mondiale, pour établir des communications sur des sujets relatifs aux droits de l’homme. Le centre a cependant adressé une invitation à la Mauritanie. Mais la délégation que devait conduire Bass Amadou, directeur aux Affaires étrangères, n’a pu obtenir les visas à temps.
C’est donc le chargé d’affaires de l’ambassade de la Mauritanie, Daha ould Teiss, et le chargé de communication de nationalité étrangère qui ont représenté la Mauritanie. A la fin de la communication, Daha ould Teiss a adressé des questions à Birame, notamment sur la réalité démocratique de la Mauritanie et de la torture en ce pays. Dans une autre correspondance, le MAEC a manifesté son désir d’être invité par le centre, pour développer une présentation spéciale, dans les mêmes conditions que celles dont a joui le président d’IRA.
Le centre a donné son accord. La présentation sera faite en Mars 2017, par le ministre des Affaires étrangères qui aurait souhaité la présence de Birame ould Dah ould Abeïd. Celui-ci aurait délégué le représentant de son organisation en Grande-Bretagne, l’étudiant anglais Mickael Phillip, déclarant, à la présidente du centre : « Je ne suis pas disposé à délaisser mes nombreuses occupations pour aller polémiquer, à Londres, avec Ould Ahmed Izid Bih ».