La réaction «musclée» des autorités mauritaniennes au dernier communiqué de l’ambassade de France quant à l’attaque à Nouakchott contre une ressortissante de ce pays ne semble, a postériori, qu’un alibi pour les autorités mauritaniennes dont les responsables sécuritaires ont été envoyés à la fournaise pour rappeler que l’ambassade française à Nouakchott «exagérait» ce qui n’était en fait, pour les autorités mauritaniennes, qu’un «fait divers ».
Mais ce n’est là véritablement que la partie visible de l’iceberg. Quelque chose ne tourne pas rond entre Nouakchott et Paris. Car, en effet, le communiqué de l’ambassade de France, concernant cette attaque, a été publié au lendemain d’un autre communiqué venant, cette fois de l’ambassade américaine, et faisant état de risques d’attaques terroristes, dans le pays.
Même si l’ambassade de France a tenu à préciser que son communiqué n’avait aucun rapport avec la «situation » décrite par l’ambassade Us, cela ne l’a apparemment pas prémunie des salves des autorités politiques et sécuritaires.
Il faut donc chercher plus loin les raisons de ce «désamour » soudain d’autant plus que le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, ne cache plus ses intentions de «revisiter » l’histoire coloniale. Son actuelle tournée dans le Tagant a été marquée entre autres sorties par son intention de «réécrire » l’histoire entre les deux pays. Pour le président mauritanien il s’agit de réhabiliter la résistance contre le colon français. Une page vieille de plusieurs décennies et aujourd’hui, normalement tournée.
Une rumeur non encore fondée et pour laquelle nous nous sommes mêmes adressés à l’ambassade de France fait état de la « convocation » par le ministère mauritanien des affaires étrangères de SEM. Joêl Meyer, ambassadeur de France en Mauritanie.
Cette situation, en tout cas, tranche avec l’activisme de l’actuel ambassadeur de France qui, depuis son arrivée, en 2014, se démène comme un fou pour améliorer les relations commerciales bilatérales notamment entre les deux pays mais aussi au niveau multilatéral (Sahel). Elle est aussi en déphasage par rapport au volume de coopération entre les deux gouvernements. Paris reste en effet l’un des plus grands bailleurs de fonds bilatéral pour Nouakchott.
Qu’est-ce que donc l’ambassade de France a fait d’inouï pour susciter le courroux des autorités mauritaniennes ? Allez savoir.
Sur le plan diplomatique, le gouvernement connait encore des relations plutôt froides avec plusieurs capitales sous-régionales.
Assurément, « l’incident » du communiqué de l’ambassade de France n’est que la goute qui a fait déborder le vase.
En fait, on pourrait voir dans la réception de Biram Ould Abeid par les officiels français une forte raison de cette «mésentente » cordiale. Mais là aussi Paris a apporté sa réponse. Biram avait été reçu en qualité d’ancien outsider à l’élection présidentielle de 2014. Et c’était l’UPR, parti du président Aziz, qui lui avait déniché les parrainages pour se porter candidat, en voulant crédibiliser une élection que l’opposition traditionnelle avait boudée.
La tournée en Afrique de l’Ouest du premier Ministre français, Manuel Valls, qui a contourné notre pays, n’est pas, non plus, vue d’un bon œil par Nouakchott. Pays avec lequel Paris entretient des relations poussées de coopération dans le domaine sécuritaire.
Pour d’autres explications tendent aussi à crédibiliser que cette incompréhension est suscitée par le gouvernement mauritanien, à la veille d’une élection que les socialistes vont «assurément » perdre au regard des sondages préélectoraux. Une façon d’amadouer le prochain vainqueur alors que se dessinent aussi en Mauritanie la présidentielle 2019 pour laquelle le président Aziz dit ne pas être tenté par déverrouiller la Constitution.
Chose à laquelle la France s’est montrée réactive en se félicitant, par la voie de son ambassadeur à Nouakchott, de la déclaration publique du président mauritanien sortant! Assurément, on assume le chaud et le froid dans cette relation.
N’est-ce pas le propre de la diplomatie proactive?!
JD