Le président Mohamed Ould Abdel Aziz et le président du parti Alliance Populaire Progressiste (APP) Messaoud Ould Boulkheïr se sont entretenus pendant plusieurs heures en fin de semaine dernière àNouakchott. C’est la première rencontre entre les deux hommes depuis les dernières législatives.
Il faut dire qu’entre Aziz et Messaoud, c’est un amour en dents de scie, ponctué de mésententes souvent incompréhensibles et d’embellies tout aussi idylliques. La dernière rupture remonte à la nomination de Messaoud Ould Boulkheïr à la tête du Conseil économique et social.
Non seulement, il ne reçut aucun budget pour diriger la structure, mais il se vit même privé des nombreux privilèges dont jouissait son prédécesseur. Une punition financière que le pouvoir semblait lui infliger que d’aucuns avaient expliqué par les hésitations de l’homme qui refusait à s’engager dans le dialogue inclusif proposé à l’époque par le majorité présidentielle.
Profondément déçu, la colère de Messaoud sera davantage grandissante lorsque des sources prêtèrent des propos désobligeants à Mohamed Abdel Azizà son égard. Celles-ci rapportaient que le président de la République, lors d’une audience accordée à Boïdiel Ould Houmeid aurait, parlant de Messaoud, lâché l’expression « Mahou Mouhim », c’est-à-dire « il n’est pas important ».
Ces propos pourraient faire allusion à l’attitude de Messaoud qui avait retrouvé ses réflexes d’opposant radical, refusant ainsi de jouer dorénavant le rôle de faire-prévaloir dans un dialogue politique où sa présence permettait plus ou moins de minimiser le boycott du bloc radical de l’opposition démocratique représenté par le FNDU et surtout de contrer l’intransigeance d’un Ahmed Ould Daddah.
Aussi, selon certaines sources, la réconciliation scellée entre Mohamed Abdel Aziz et Messaoud Ould Boulkheïr se serait soldée par un marché du donnant-donnant. C’est ainsi qu’ordre aurait été donné aux institutions concernées, sans doute le Ministère des Finances, de lever l’embargo sur le Conseil économique et social et satisfaire toutes les doléances de Messaoud, et en contrepartie, ce dernier se serait engagé à ne nouer aucune alliance avec les adversaires du pouvoir, en l’occurrence le FNDU et surtout, Ahmed Ould Daddah.
Si de telles informations non encore confirmées, se révèleraient exactes,Mohamed Abdel Aziz aurait réussi une fois de plus à déjouer la menace d’une coalition entre son opposition radicale et son opposition modérée, représentée surtout par Messaoud Ould Boulkheïr.
C’est surtout l’importance de cette carte opposition radicale-opposition modérée sur laquelle il joue depuis des années qui aurait poussé Mohamed Abdel Aziz à revenir sur sa décision de « ne plus revoir Messaoud ».
Autre raison qui aurait également contribué à ce rapprochement, l’exacerbation des tensions sociales suscitées par la grogne de plus en plus bruyante de la jeunesse haratine, tiraillée entre frustration et marginalisation, et que l’incident de l’école de Nessiba 1 d’El Mina vient d’exacerber. Même s’il est admis queMessaoud Ould Boulkheïr ne détient plus le monopole de la voie autorisée au sein des Harratines, sa voix compterait toujours. Il est toujours considéré par une partie de cette frange comme une icône qu’il vaut mieux avoir de son côté que contre lui.
MOMS
Source : L’Authentique (Mauritanie)