Esclavage en Mauritanie, un crime sans responsable

Les criminels de l’esclavage sont pourtant faciles à identifier en Mauritanie. Les esclavagistes sont dans toutes les castes dites nobles. Aucune caste dite noble en Mauritanie n’échappe à cette pratique et à ce crime. Mais personne ne veut porter cette responsabilité dès qu’on parle d’esclavage. Les victimes sont là et subissent chaque jour cette pratique honteuse. Tout le monde continue de nier. Le président de la république qui parle au nom de toutes les victimes de l’esclavage lors d’une allocution sur TV5,  le 27 novembre 2015 comme d’ailleurs tous les mauritaniens avec la phrase magique “l’esclavage n’existe pas dans notre pays”.
Il n’a jamais était esclave et ne sait pas c’est quoi d’être un esclave. Même en tant que président de la Mauritanie, il ne peut pas parler à la place des victimes. Son rôle de président est de faire triompher la justice. 

Le mensonge collectif sur l’esclavage

Les castes dites nobles ont une phrase simple et magique tout comme le pouvoir mauritanien : « l’esclavage n’existe pas en Mauritanie ». Les castes dites nobles pensent qu’en disant cette phrase tout le problème de l’esclavage est résolu. Il suffit simplement de prendre une personne au hasard de ses castes qui se disent nobles lui demander sur l’esclavagisme en Mauritanie. Sa réponse est simple : « l’esclavage n’existe pas ». Parmi ses castes qui se disent nobles elles ne sont rien d’autres que des esclavagistes.
Exemple chez les Soninkés, certains donnent comme réponse que : « l’esclavage n’existe pas mais ce qui reste c’est du Ladalemakhou ». D’où vient le «Ladalemakhou» ? Les esclavagistes n’ont pas une explication. Ladalemakhou est un système établit entre ancien esclave et son maître dans l’occupation de tâches en cas de décès, mariage, baptême, etc. Sur quelle base ont-ils établi cette pratique ? Personnellement je ne sais pas. Ce que je peux dire ça profite aux castes nobles. Il faut être un acteur de terrain pour comprendre tout le mensonge derrière et les inégalités. Pour qu’il n’existe pas d’esclavage, il faut une victime et un coupable. Il faut aussi que la justice soit faite.

La vérité sur l’esclavage en Mauritanie

L’esclavage existe en Mauritanie, il n’y a pas de doute. J’assume ma responsabilité pour dire que l’esclavagiste existe. Parce que je peux apporter des faits réels qui démontrent ce que je dis est  vrai. Mais nous sommes tentés par le mensonge collectif et la vérité est devenue notre principal ennemi. Une personne qui nie l’existence de l’esclavage en Mauritanie est un esclavagiste mais ne dit pas la vérité. Celui qui dit que je ne suis pas esclavagiste et je suis contre l’esclavagisme, je peux comprendre.

Les esclavagistes fuient leur responsabilité parce que la vérité commence à triompher sur ce crime. Du moment que les esclavagistes par la simple phrase disent que ‘’l’esclavage n’existe pas” ça explique qu’il a existé. Dans ce cas où sont les criminels et les victimes. Chacun doit être responsable de ses actes. Il faut que les esclavagistes acceptent qu’ils sont esclavagistes et leur sort va dépendre des victimes. Seules les victimes ont la possibilité de pardonner ou demander justice. Ils sont les seuls à pouvoir affirmer que l’esclavage n’existe pas.

La pratique de l’esclavage en Mauritanie n’est pas un fait caché. Je prends l’exemple de Soninkés – Un étranger Soninké dans un village Soninké, nous cherchons toujours à savoir le pseudo nom d’honneur. Un nom de famille Soninké est toujours précédé d’un pseudo nom d’honneur. A partir de ce pseudo nom d’honneur, les gens déterminent sa caste.

Ces gens qui disent l’esclavage n’existent pas, pourquoi continuent-ils à savoir ce nom d’honneur ? Si on demande à quelqu’un Soumare comment, Diakhite comment, Camara comment ; ce qu’on n’est simplement un esclavagiste. Sinon si je te dis que je suis Diakité, à quoi ça sert de savoir ce qui précède. Nous mentons et nions la vérité. Dans les villages : nous avons Horokani (Quartier de nobles) et Komokani (quartier des esclaves). Les exemples n’en finissent pas.

Prise d’otage de castes dites esclavages par le double discours et le mensonge collectif Les castes dites esclaves sont prises en otage par le mensonge collectif. Nous savons tous que les régions mauritaniennes sont toutes formées par des organisations villageoises avec un pouvoir local de chaque village allant du chef de village, à l’imam, au griot et à l’esclave. Les chefs de village sont les propriétaires de la terre. Les castes dites esclaves n’ont pas de terres. Cette question n’est pas résolu mais on continue de dire l’esclavage n’existe pas. Dans les villages, il n’y a pas la présence de l’autorité de l’Etat. C’est l’autorité traditionnelle qui marche.

D’une part, les castes dites esclaves sont prises en otage par les mensonges de ses organisations villageoises qui sont prêts à tout pour la continuité de l’esclavage et nient son existence. De l’autre côté, Le pouvoir mauritanien peut se vanter, s’il veut mais il n’a aucune autorité sur les modes de fonctionnement des organisations villageoises. D’ailleurs, la légitimité du pouvoir de l’Etat dépend de ses pouvoirs locaux comme au 1er siècle. L’Etat mauritanien préserve son autorité et sa légitimité en acceptant les modes d’organisations sociales de pouvoirs locaux. Le pouvoir central mauritanien est le garant de la pratique de l’esclavagisme.

Source : ufcmauritanie
Publié le 29 décembre 2015