Mah Mint Semette ex députée du RFD, militante engagée pour l’unité nationale et la cohésion sociale. Elle est contre toute sorte d’exclusion ou marginalisation de certaines populations Mauritaniennes qui, depuis des décennies sont tenues loin du cercle de décisions économiques et politiques. Rencontre exclusive :
Quelle appréciation faites – vous sur les journées de concertation lancées il y a quelques jours par le gouvernement ?
Comme vous savez le dialogue est l’un des facteurs principaux pour l’ancrage et la promotion de notre jeune démocratie. C’est a travers cette conviction que j’ai participé a ces concertations espérant un dialogue crédible et ouvert. J’ai bien senti de part et d’autre des différents participants de vouloir lancer un vrai dialogue ou il n y a pas de tabou ou de barrières. C’est juste pour vous dire que les Mauritaniens sont conscients de l’importance d’une telle rencontre.
Comment décryptez –vous le climat social mauritanien et selon vous, quels sont le axes qui restent à renforcer pour arriver à une Mauritanie unie et indivisible?
Dieu a fait que la Mauritanie est musulmane à 100%. L’islam a cimenté toutes les composantes de notre société et que beaucoup d’approches ont été mises en place par l’es gouvernants mais les principaux axes qui peuvent garantir une société solide dans un pays de droit ne sont pas encore exposés. Il faudra à mon avis:
-Engager, dans les meilleurs délais, une large concertation nationale pour la mise en place d’un véritable contrat social, fondé sur l’appartenance commune à une Nation Unifiée et garantissant la liberté et l’égalité réelle entre tous les citoyens;
-Créer des zones d’éducation préférentielle dans les espaces d’extrême pauvreté (adwabas) avec tous les avantages liés à ce statut en termes d’enseignements, d’infrastructures, de moyens budgétaires appropriés, d’encadrement et de suivi pédagogique, d’évaluation et de motivation des enseignants, des élèves et de leurs parents, d’accès prioritaire et préférentiel aux bourses dans l’enseignement professionnel et supérieur, de création d’internats et de cantines scolaires;
Initier un grand débat doctrinal associant les différentes écoles de pensée islamique sur le discours religieux et leur rapport à l’esclavage, contrôler la diffusion des ouvrages des jurisconsultes et certains programmes des médias officiels (Radio Coran par exemple) tendant à perpétuer l’esclavage et l’inégalité entre les Hommes. Il convient aussi de s’interroger sur le rôle des Ulémas et Fughahas, en tant qu’instance de légitimation de tout pouvoir politique en place et de l’ordre social injuste, jusqu’ici réfractaire aux enseignements éthiques de l’Islam, notamment les valeurs d’égalité, d’humanisme et de fraternité. Un Projet de Charte pour l’égalité réelle et contre l’exclusion et les discriminations sera proposé très prochainement à tous les partis politiques pour l’enrichir et l’adopter.
-Refonder les politiques de lutte contre le chômage et la pauvreté avec un meilleur ciblage des zones de pauvreté et d’extrême vulnérabilité et l’application de mécanismes préférentiels en faveur des Haratines d’où l’intérêt de confier les politiques appropriées à l’Organisme public;
-Elaborer un programme spécial prioritaire en faveur des centaines de milliers de jeunes déscolarisés et sans diplômes, victimes de la faillite de l’école publique et de l’indigence de leurs parents ; les grands gisements d’emploi (Agriculture, Pêche, Mines, Services…) méritent une meilleure valorisation, en plus éventuellement d’un nouveau service national civilo-militaire qui pourrait être pourvoyeur de dizaines de milliers d’emplois ;
-Promouvoir une politique de logement social pour assurer l’accès des pauvres à la propriété et à un logement décent doté de l’eau et de l’électricité, avec une priorité aux demandeurs haratines;
– favoriser l’apparition dune classe d’hommes harattin
– l’implication des jeunes diplômés harattin a tout les du sphère administratif
-Appuyer les Organisations de la société civile engagées dans le combat pour l’égalité réelle, l’appui à la création d’instituts de réflexions stratégiques et de prospectives, d’observatoires dédiés à développer la recherche, les études et les publications sur la problématique Haratine.ici je saisis l’occasion pour demander aux prés du pouvoir de bien libérer Birame ould dah ould abeidi et ces collègues en vue nous rejoindre au dialogue national inclusif.
-Favoriser l’accès aux médias de tous les courants de pensée, des hommes politiques, intellectuels et militants de la cause de l’émancipation pour contrebalancer la pensée unique du courant nationaliste conservateur et négationniste qui refuse tout débat sur la réalité de l’esclavage et de l’exclusion dans le but de pérenniser l’ordre social injuste et inégalitaire au péril de l’unité et de la cohésion nationales.
– Faire de la journée correspondant à la date du vote de la Loi criminalisant les pratiques esclavagistes une Journée officielle de souvenir et de mémoire où la Nation rend hommage aux victimes de l’esclavage et célèbre par la production intellectuelle la plus variée les valeurs d’égalité, d’antiracisme, de solidarité et de fraternité. Il importe d’ organiser à cette occasion des cérémonies ponctuées de discours officiels, des débats dans les médias, les écoles et universités ; des remises de décorations et de reconnaissances aux militants de cette noble cause ;
-Créer une Haute Autorité indépendante, inscrite dans la constitution, en charge de la promotion de l’égalité réelle et de la lutte contre les discriminations et l’exclusion , dotée de pouvoirs d’investigation, d’interpellation et du droit d’ester en justice pour assister les personnes victimes de discrimination, de racisme ou d’esclavage. Cette Haute Autorité pourrait également saisir le Gouvernement et les Autorités publiques de tout manquement aux principes d’égalité et de traitement équitable des citoyens, quelles qu’en soient les causes.
Elle devrait établir un rapport annuel soumis au Président de la République et aux Présidents du Sénat, de l’Assemblée nationale ainsi qu’au chef de file de l’opposition démocratique.
Quels messages avez-vous à adresser aujourd’hui à la classe politique, à la jeunesse Mauritanienne et aux femmes Mauritaniennes?
A la classe politique, je leur dirai que la stabilité, la sécurité et le développement de la Mauritanie sont de leur responsabilité. Qu’ils soient de l’ opposition ou du pouvoir l’intérêt de la Mauritanie doit être a l’avant-garde dans un monde gangrené par les confits interne. A la jeunesse Mauritanienne, je dirai de mouiller le maillot car le chemin est long. A la femme Mauritanienne, je dirai que l’avenir du pays est entre leurs mains et de ce fait de s’impliquer plus dans la politique et dans les activités économiques du pays.
Propos recueillis par Dia El Hadj Ibrahima
Source : Mauritanies1