Le FNDU à la rencontre des paysans contestataires de Darel Barka

Le FNDU à la rencontre des paysans contestataires de Darel Barka

Une délégation du Front Nationale pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), une coalition de formations politiques de l’opposition s’est rendue le mardi, 08 septembre 2015 à Darel Barka pour rencontrer les paysans contestataires du projet de l’AAAID. 

Cette délégation présidée par Samory O Bèye, leader du parti El Moustaqbal et dirigeant du syndicat CLTM, comprend aussi Saleh O Hanena, président du parti Hatem, Bâ Alassane Soma dit Balas, président du parti Arc-en-ciel-Timtimol et Mohamed Vadel, représentant du parti Tawassoul.

L’objet de cette visite était d’apporter le soutien du FNDU à la lutte que mènent les populations de la commune de Darel Barka depuis plusieurs mois contre l’accaparement de 3200 hectares de terres de la cuvette de « Karawlatt-Woullou N’Diaye » par le gouvernement Mauritanien au profit de l’AAAID. La délégation a tenu une réunion avec les représentants des paysans dans le petit village deBour.

Soutien tardif du FNDU

Après une brève présentation des membres de la délégation par Balas, le chef de la délégation a déploré devant les paysans, le caractère tardif de l’arrivée de cette mission tout en rappelant dès l’entame de son propos que cette mission était prévue avant la libération des paysans détenus dans le cadre de cette affaire ainsi que le renoncement de l’investisseur à ce projet agricole.

Samory O Bèye a salué le combat mené par les paysans de Darel Barka, un combat qui dit-il a abouti à la victoire. Il a poursuivi en affirmant que l’Etat qui devait aider les paysans à mettre en valeur cette terre a plutôt failli à sa mission en s’accaparant de la cuvette au détriment de l’intérêt général de sa population et a versé dans la division, la répression et l’intimidation des populations. L’Etat a dit Samory doit être juste et mettre ses citoyens au même pied d’égalité, assurer leur sécurité plutôt que de les réprimer et les emprisonner.

Il a appelé les paysans de Darel Barka à rester unis, vigilants et debout contre l’arbitraire avant de réitérer le soutien du FNDU à la lutte que mènent les populations contre l’accaparement de leurs terres. Cette terre représente tout pour vous ici, a martelé le syndicaliste qui a salué au passage le courage et la détermination des trois ex-prisonniers.

Lui succédant, Saleh O Hanena a affirmé que le FNDU a soutenu jusqu’au bout le combat mené par les paysans de « Karawlatt-Woullou N’Diaye » en affirmant que seul le combat avec la patience paye. Il a prêché l’unité des paysans et fustigé la division des populations par le régime en place.

Quant au représentant de Tawassoul dans la délégation, Mohamed Vadel, il a affirmé que le peuple Mauritanien est devenu un peuple très éveillé ces dernières années et le pouvoir ne peut plus le tromper. Il a donné l’exemple de la grève des employés de la SNIM qui a duré plus de 60 jours sans que l’Etat ne réussisse à la briser.

Il a qualifié le régime du président Mohamed O Abdel Aziz de pouvoir vendeur qui a vendu les écoles publiques, l’aéroport de Nouakchott et les terres de la vallée.Mohamed O Abdel Aziz est un président qui n’a aucun respect pour son peuple, a dit le jeune militant de Tawassoul qui s’étonne que l’Etat ne vienne pas discuter avec les propriétaires terriens. Aujourd’hui, c’est l’ère de la liberté de la presse, on ne peut plus rien cacher, a conclu Mohamed Vadel qui a récité un poème deOuthmane Ben Khatab.

C’est le tour de Balas, de s’adresser à l’assistance pour remercier la population pour la lutte qu’elle a mené pour s’opposer à l’accaparement de la cuvette de« Karawlatt-Woullou N’Diaye »; un combat dit-il qui a fait reculer le pouvoir. Mais le président du parti Arc-en-ciel a averti les populations sur l’urgence d’exiger de l’Etat un titre foncier pour être l’abri de toute surprise.

Balas a insisté sur la nécessité de mettre en valeur cette terre avec des partenaires qui acceptent de prendre langue avec les ayants droits et pas seulement l’Etat qui continue à faire écran entre les investisseurs et les propriétaires terriens.

Il a tressé des lauriers aux membres de la commission contre l’accaparement des terres de Darel Barka et son ami Kane Amadou Tidjane, ancien maire en affirmant que Darel Barka est aujourd’hui un cas d’école en Mauritanie. Le président Balas très engagé dans le combat contre l’accaparement des terres dans la vallée a été de tous les grands combats. A Donaye d’abord, puis à Darel Barka où il avait été interpellé par la police lors de la visite du président Aziz au mois de Mai 2015 et à Thiambène ; bref l’homme et son parti ont été de tous les rendez-vous.

Sidi O Yelli, membre de la commission contre l’accaparement des terres deDarel Barka a souhaité la bienvenue et remercié la délégation tout en espérant que ce qui s’est passé à Darel Barka servira d’exemple pour tout le peuple Mauritanien. Ould Yelli se dit très étonné de ce régime qui fait tout de suite quelque chose et son contraire aussitôt après.

C’est un régime qui n’est pas fiable, a affirmé Sidi O Yelli. L’Etat refuse tout simplement d’assumer sa capitulation et de reconnaître sa faute dans ce dossier, a conclu Ould Yelli qui a rencontré le premier ministre. Lors de cette audience avec le premier ministre, ce dernier en présence du ministre de l’Intérieure et de la Décentralisation, nous a dit que l’investisseur a expressément écrit au gouvernement Mauritanien pour lui notifier qu’il renonce à son projet, a affirmé Sidi O Yelli.

« Laisser la cuvette ou aller en prison»

L’Imam de la mosquée de Reghbe, Brahim O Inallah accueilli avec ses codétenus, Deddahi O Séyid et Abdarrahmane O Séyid en héros à Bour, a fait un témoignage poignant sur leurs conditions de détention en prison. Après avoir rendu grâce à Allah et lu des versets de Coran, Brahim O Inallah a lâché: « nous sommes d’abord esclaves de Dieu » puis déploré l’attitude méprisante du chef d’arrondissement à leur égard lors de leur arrestation dans la cuvette.

Devant le procureur, ils ont été traités comme de vulgaires individus, a-t-il dit. Le procureur a dit l’Imam, nous a tenu un langage méprisant. Une seule phrase nous lançait le procureur, un juge: « laisser la cuvette ou aller en prison», à vous de choisir ! Sans aucun respect, ni aucune considération à notre égard. Le procureur s’adressant à l’imam, « toi, ne met plus ton pied à la Chemama» et l’Imam qui refuse d’obéir aux injonctions du procureur fera l’objet d’un mandat de dépôt, lui et le muezzin à la prison d’Aleg.

Dans cette prison affirme l’Imam, l’Etat a tenté de les espionner à travers de vrais faux prisonniers mais en vain. L’Imam qui a décrit des conditions déplorables, une alimentation pimenté et salée notamment, s’est réjouie tout de même d’avoir pu enseigner le coran à des prisonniers qui ne le savaient pas. La délégation du FNDU est repartie vers 17 H 30 après avoir pris le déjeuner.

Source : Elfoutiyou