Un suprémaciste chauvin n’est pas habilité à donner des leçons sur la citoyenneté, la République ou l’État. Car le contrat social républicain ou démocratique suppose d’abord et avant tout une conviction claire et inébranlable : l’égalité de tous les citoyens en droits et en devoirs. Quand cette conviction manque, toute prise de parole sur ces sujets n’est qu’imposture, travestie en discours d’autorité.
Ely Ould Sneiba n’a donc aucune légitimité morale ou politique pour parler au nom de principes qu’il trahit dans chacun de ses écrits. Il ose évoquer la citoyenneté, alors que ses mots transpirent encore les réflexes féodaux, ceux d’un temps de razzias, de castes dominantes et de « seiba », où la force faisait loi, et où l’humanité de l’autre était niée.
Il parle de droits, mais il n’a jamais reconnu les torts infligés aux victimes de l’esclavage. Aucune compassion. Aucun mea culpa. Aucune main tendue. Il ne voit dans les revendications haratines que du « communautarisme », alors qu’il s’agit d’un combat pour la dignité, la reconnaissance, et la justice. Ce refus d’écouter, ce mépris des souffrances vécues, est une insulte à l’humanisme.
Il parle de droit, mais il n’a jamais demandé justice, réparation ni prise en charge pour ceux que l’histoire sociale et politique du pays a laissés en marge. Pour lui, ces demandes relèveraient du caprice ou de la manipulation, alors qu’elles sont au cœur même de toute véritable construction démocratique.
Qu’il le sache : les Haratines ne lui demandent rien. Il ne parle pas en leur nom, ne pense pas à leur place, ne juge pas de leur avenir. Il est un héritier mal repenti d’un ordre social inégal, et il veut maintenir cet ordre en travestissant ses privilèges en « ordre naturel ».
Son chauvinisme est malade. Son orgueil est anachronique. Il confond égalité avec uniformité, citoyenneté avec soumission, et justice avec silence. Il croit que ne pas parler des injustices passées garantit la paix sociale. Il a tort. La paix sans justice n’est qu’une fausse accalmie.
Enfin, qu’il cesse d’agiter l’épouvantail d’un « communautarisme harratine » pour détourner l’attention du communautarisme dominant, celui qui refuse encore l’égalité réelle. Le mensonge ne répare rien. Le silence ne soigne rien. Le mépris ne bâtit rien.
La République, si elle doit être, sera avec tous ou ne sera pas.
22 Septembre 2025
Mohamed DAOUD IMIGINE