Le président Aziz entouré par Mint Soueine’e (MAEC) et Mint Mbareck Fall, Sec d’Etat chargé des Mauritaniens de l’étranger
Ce réaménagement ministériel est comme les précédents : il tombe quand on ne l’attend pas. Quand on ne l’attend plus. Je l’ai dit une fois : Aziz n’aime pas faire les choses sous le diktat de la rue. Ou de sa réplique « institutionnelle » : la presse privée. Les deux parlaient, il y a plusieurs mois, d’un remaniement « imminent » ; on a attendu, attendu et puis paf ! « Par décret en date de ce jour, et sur proposition du Premier ministre (qui, on le sait, ne propose rien dans une République « gondwanaise »), sont nommés aux postes indiqués suivants .
Autre énorme surprise : comme dans tout remaniement, les Mauritaniens attendant les « venants » (pas de France), mais voilà le nouveau gouvernement consacre le retour d’un « revenant » et pas n’importe qui : Hamady Ould Meimou, ancien commissaire aux droits de l’homme, à la lutte contre la pauvreté et à l’insertion (ouf) au bon vieux temps de Taya, le mal-aimé par les temps qui courent. L’homme de Kobenni, localité entrée dans l’histoire par le bourrage des urnes à l’élection présidentielle de 1992, débarque au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération (MAEC). Bon, il faut reconnaître qu’il n’était pas trop loin, étant ambassadeur de la Mauritanie en Ethiopie, patrie de l’Union africaine, et a eu l’immense privilège d’avoir accompagné la présidence africaine de Mohamed Ould Abdel Aziz. Consécration donc pour un diplomate dont les talents ont été éprouvés – et approuvés – par le rais quand il était encore le « président de l’Afrique », comme Kadhafi affectionnait son titre de « Roi des rois traditionnels d’Afrique ».
Ould Meimou donc, remplace au Maec Mint Soueine’e. Qui remplace au ministère de l’Elevage le Dr Fatimetou Mint Habib. Qui remplace au ministère des Affaires sociales, de l’Enfance et de la Famille Lemina Mint Momma : Qui remplace au ministère de l’Agriculture Brahim Ould M’bareck Ould Mohamed El Moctar. Qui remplace au ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement Mohamed Ould Khouna. Qui remplace au ministère de l’Equipement et des Transports Isselkou Ould Ahmed Izidbih nommé président de l’Autorité nationale de régulation.
Le président Aziz a encore fait preuve de galanterie ; aucune femme « ne prend la porte » mais elle change seulement de place. Mint Soueine’e qui s’asseyait juste à côté du ministre secrétaire général de la Présidence, et narguait, de l’estrade présidentielle, les autres « ministrées », sera désormais placée quelques fauteuils plus loin. Elle perd en grade, c’est une évidence mais elle doit être contente de rester alors que les dernières « prévisions météorologiques » d’une certaine presse la donnaient partante. Ces mêmes prévisions se sont également trompées sur deux ministres : celui de l’Education nationale et son collègue de la Santé que plusieurs journaux et sites avaient sortis du gouvernement bien avant ce remaniement. Les « indices » de la tournée présidentielle à l’intérieur du pays étaient sans doute probants, mais je l’ai dit, Aziz n’aime pas faire ce que les autres disent. Moralité : si vous voulez qu’un ministre parte, ne dites pas du mal de lui et vice versa.
« Errahma » et dialogue
Mais pourquoi maintenant ? Il est impossible de considérer que le président Aziz a opéré ce changement uniquement pour surprendre l’opinion publique nationale et ne pas donner raison aux « prévisions » – scoops de nos médias. Il y a forcément autre chose de plus profond. Comme détourner l’attention d’une opinion publique qui commence à prendre goût aux « ébats » politiques en cours sur la fondation « Errahma » du fils du rais, sur ses financements et ses vrais objectifs. L’opposition dit dans ce qu’elle dit que c’est l’argent public dont on cherche à recycler une petite partie pour cacher l’immense autre qui a été investie dans l’achat de maisons au Maroc, en France et aux Émirats ainsi que dans le montage de sociétés-écrans. Il est vrai que l’opposition n’a pas de preuves, mais l’opinion commence à douter , surtout que les communicateurs de la fondation « Rahma » se défendent mal: la fondation vit grâce aux fonds collectés par son jeune président à l’étranger pendant qu’il était encore étudiant !
Le remaniement pose une autre question : pourquoi l’Intérieur et l’extérieur (Affaires étrangères) considérés pourtant comme les domaines où le gouvernement a réalisé des exploits (sécurité et bonnes relations avec tous les pays du monde). Pourquoi les ministres de la Santé et de l’Education donnés partants, à tous les coups, par les médias, ont-ils été épargnés ? On attendra le prochain remaniement pour tenter de comprendre.
Source : medseib.mondoblog.org