C’est sans doute le scandale du siècle en Mauritanie. Parce qu’il touche l’armée, une institution qui se devait de rester au dessus de tout soupçon. Qui a toujours invité la presse à la « laisser tranquille » ! Une manière de nous dire : « circulez, y a rien à voir ». Mais cette fois-ci, on ne peut ne pas parler, ne pas dire que cette affaire là est peut être le scandale de trop aussi : Les 410 millions d’ouguiyas dilapidés par un jeune homme, dont on ne sait que peu de choses (nom, prénom, et affinité tribale) rappelle à l’opinion publique nationale les 300 autres millions du Génie militaire partis eux aussi en fumée.
A l’heure actuelle, cette histoire n’a pas encore eu de suite autre que celle qui a poussé des fournisseurs, des prestataires de services ayant loué leurs engins au Génie militaires, à réclamer leurs dus ! Apostropher lors de l’une de ses sorties médiatiques sur cette question, le président Ould Abdel Aziz avait déclaré que les coupables doivent rendre compte ! Il aurait aussi déclaré, si l’on en croit certains sites de la place, que dans cette nouvelle affaire, il n’a pas de parent ! Une manière de couper court à toute tentative d’établir un lien entre lui et le jeune homme qui est issu de la même tribu que le Raïs.
Ce qui est sûr c’est que même si la gendarmerie a réussi, dans la nuit de samedi, à arrêter le jeune homme d’affaires Abeidy Ould Khoumany, disparu, dit-on, il y a deux semaines, avec des centaines de millions du budget de l’armée, il y a nécessité à pousser l’enquête jusqu’au bout. Il y a certainement des complicités en très haut lieu qui font que le budget de l’armée, destiné à améliorer les conditions de vie et de travail des soldats, dont certains sont aux frontières avec un pays en guerre (Mali) ne doit pas servir les desseins mercantiles d’individus sans scrupules ; l’honneur de l’armée doit être sauvé et il ne peut l’être que si les coupables – tous les coupables – sont trouvés et punis.
Nous continuons certes à dire que l’armée doit rester en dehors des contingences de la politique, protégée même des diatribes d’une certaine presse qui n’appréhende pas le rôle qu’elle joue dans le maintien de l’ordre et de la sécurité ainsi que la cohésion nationale. Mais pour cela, il ne faut pas qu’elle-même donne l’occasion aux journalistes et aux hommes politiques (de l’opposition) de lui « tirer » dessus.
La lutte contre la gabegie que le pouvoir dit mener depuis l’arrivée du président Aziz a jusque-là fait l’essentiel de ses victimes dans les rangs des civils : Un ex Premier ministre et des ministres emprisonnés, des hommes d’affaires obligés à rendre gorge, cela a été présenté comme la meilleure preuve que le temps de l’impunité est révolu. Mais y a-t-il encore des « intouchables » ? C’est au pouvoir de montrer que non.
Source : medseib.mondoblog.org