Ligne de Mire, le kidnapping, une atteinte courante des droits humains en Mauritanie

Ligne de Mire, le kidnapping, une atteinte courante des droits humains en MauritanieL’AUTHENTIQUE ///

Bien que la démocratie ait été introduite en Mauritanie depuis le début des années 90, l’état d’exception persiste, comme si la mentalité des différents régimes militaires déguisés en civil qui dirigent le pays depuis 1978, reste figée sur des pratiques désuètes et condamnables.

L’enlèvement de Zoubeir Ould Mbareck, membre actif au sein du mouvement IRA, est l’énième exemple de ces pratiques d’un autre âge. En effet, Zoubeir a été enlevé de son lieu de travail par des agents en civil et conduit à un endroit inconnu.
En effet, la ronde auprès des différents commissariats de police et auprès des instances judiciaires effectuée par ses amis et ses parents n’ont pas permis de déterminer ni l’autorité qui a est derrière son enlèvement, ni l’endroit où il a été conduit.

Zoubeir a été enfin libéré sans outre mesure après plus d’une journée de séquestration au bout desquels il aurait subi des pressions afin de changer la trajectoire de sa lutte.

Mais, le hic, c’est qu’au lendemain de sa libération, un autre sympathisant de la mouvance Biramiste, Saha Ould Sidi, subissait lui-aussi une séquestration digne de la Gestapo. Après deux jours au cours desquels ses amis et sa famille ont sillonné tous les lieux de détention légale sans aucune trace, il a été retrouvé enfin. Cette fois, il aurait été retrouvé dans un centre psychiatrique mais toujours entre les mains de ses geôliers. Ses amis continuent de réclamer sa libération.

Tous ces enlèvements hors-la-loi constituent autant de violations des droits de l’homme qui ne feront que ternir davantage l’image idyllique que la Mauritanie cherche à vendre à l’extérieur. Et cela, à quelques jours du passage de ce pays devant la Commission des droits de l’homme sur la migration à Genève.

Ces cas d’enlèvement abusif ont touché notamment des hommes politiques et des activistes des droits de l’homme dont le seul reproche est d’avoir dénoncé des violations et des atteintes graves aux droits qui continuent de faire des victimes.

L’arrestation de Zoubeir Ould Mbareck selon ses compagnons de lutte serait intervenue suite à un sit-in organisé par les activistes d’IRA pour dénoncer les cas de viol suivis de l’impunité des auteurs.

Ce serait le cas d’une jeune fille de la composante Harratine qui aurait été violée par un Imam auprès duquel elle apprenait le Coran. Le dossier aurait été clos au détriment de la victime, assurant ainsi l’impunité totale à son agresseur.

Le même cas aurait eu lieu à Kiffa depuis près d’un mois. Là également, une jeune fille enceintée par le cousin de son employeuse n’a eu aucun gain de cause, malgré la plainte introduite par sa famille avec l’appui de l’ONG IRA.

Ces différents traitements de cas de viol sur des filles harratines ont été d’autant plus ressentis comme des successions de frustration que le viol d’une fille de la couche des « maures blancs » a eu un écho retentissant et les violeurs mis rapidement sous les verrous. Mieux, cette jeune fille de l’aristocratie maure et sa famille se sont vus couverts de cadeaux par centaines de millions, avec villas somptueuses, voitures, et des millions sonnantes et trébuchantes.

Là où les victimes des autres communautés et leurs familles n’ont eu que leurs larmes pour pleurer en l’absence de toute application de la loi contre les agresseurs.

C’est cette politique de deux poids deux mesures qui rend furieux les défenseurs antiesclavagistes qui constatent que la loi en Mauritanie n’est pas la même pour tous. Il y a ceux dont les viols font remuer les montages et des viols qui ne valent même pas un coup de stylo d’un juge.

Cheikh Aïdara

Source : L’Authentique – Mauritanie