En effet, quelles que soient les étapes ultérieures, les Sereres ont longtemps habité la zone mauritanienne de Atar. Atar est l’une des trois premières villes de Mauritanie. Elle est située à quatre cents kilomètres au nord de Nouakchott. En 1088, le Roi des Sérères, Amacodou Diouf Famack était opposé dans une bataille à l’armée des Mourabitounes ( l’équipe nationale de Mauritanie porte aujourd’hui ce nom ( autrement prononcé Almoravides).
Cette bataille a vu la victoire du Roi des Sereres qui a décoché une flèche empoisonnée qui atteint Aboubakar ibn Omar en pleine poitrine. Le tuant net.
Il était le général des troupes Almoravides. Son cousin Youssef ibn Tachfin allait, plus tard, fonder la ville de Marrakech.
Depuis cet avènement les Sérères ont commencé à se replier vers le sud. D’une part pour des raisons climatiques parce que cette zone commençait à s’assécher. D’autre part à cause des nombreuses échauffourées avec les conquérants musulmans.
C’est ainsi que les Sérères ont effectué un voyage de mille kilomètres qui a duré près de mille ans. Entre Atar, le berceau mauritanien des Sérères, et Diakhao le voyage a duré presque mille ans.
Ce voyage du nord au sud a connu plusieurs escales dont le village de Amandour prés de la ville de Tiguent ( cent onze kms entre Rosso et Nouakchott) et la cité côtière de Keur Masséne ( à quelques dizaines de kms au nord de Saint Louis). Ainsi que par le passage au lac Chamama Nguedj. Ce lac est le pendant du lac de Guiers au Sénégal. Il est aussi l’ancêtre du Mama Nguedj sénégalais. Aujourd’hui il est appelé lac Chamama. Le Nguedj ayant disparu.
Il y a aussi Ndarbak’ha un ancien village sérère sur le lac Chamama qui a donné plus tard le nom de Ndar ( St Louis anciennement capitale commune de la Mauritanie et du Sénégal). Le Bak’ha ayant disparu.
Ainsi le Sérère a été mauritanien avant d’être sénégalais. Il constitue une partie de l’histoire de la Mauritanie. Au delà de mille ans les sérères n’étaient que Mauritaniens.
Donc cette visite est tout à fait symbolique de ce que doivent être les relations entre le Sénégal et la Mauritanie. D’où venait notre mère à Salma, Sidy et moi.
C’est une visite de voisinage mais c’est aussi visiter l’histoire.
Les peuples venus du nord( par la Mauritanie) à savoir les Sereres, les Haal pulaar, les Peuls, les Soninke ont traversé le fleuve Sénégal côté mauritanien.
Ce qui vient d’être dit n’est que la réflexion coté histoire pour la profondeur des relations entre les deux pays. Plus spécifiquement avec ce que personne ne soupçonne pour dire que les Sérères ne sont pas des Sine Sine mais des Mauritaniens.
Dr Ahmed Khalifa Niasse
Source : Lactuacho – France