Nous sommes pour le Mnd ce que De gaulle fut pour Vichy
Ould Yessa aimait à dire, pour appeler à la vigilance, que lorsque ses « parents » voulaient dissimuler quelque chose aux Négro-africains, ils le diffusaient en arabe… Ould Maouloud vient de faire une sortie à (Zaharachinguitty.info) –version arabe- où il chargeait les Flam – aujourd’hui FPC- . Vous devinez que pour répondre aux critiques formulées, J’ai dû recourir aux services de traduction, oh combien délicate et inconvenante dans notre contexte !
La sortie de Maouloud , comme les sorties en général du Mnd –Ufp dirigées contre nous reposent, bien souvent, sur des accusations fallacieuses , des raccourcis faciles , s’ils ne recourent simplement à l’amalgame , aux dénigrements et à la calomnie . Il commence par relever les différences entre nous, enchaine sur sa critique pour finir par appeler à discuter …
Abordant la différence entre eux et Nous Maouloud affirme qu’elle se situait dans l’idéologie ; moi je dirais plutôt qu’elle tient à l’analyse de la situation interne –depuis toujours – ; elle réside, à mon sens , dans la perception et l’appréciation des hommes et des choses , dans la vision .
Je continue de croire que nous nous réclamons tous deux de gauche, cette gauche nourrie à l’idéal de liberté et du progrès,… maintenant que le communisme est partout renié.
Commençons – pour fonder mon assertion- par comparer le regard , récent, qu’il portait sur la personnalité de Ould Taya qu’il jugeait ‘’ en patriote qui aimait son peuple …‘’ avec le mien qui considère Ould Taya comme le plus stupide des Présidents , et l’incarnation même du mal absolu ; Ce camp d’en face nous reprocherait nos concepts : Système, « Apartheid mauritanien , Négro –africain ou Négro-mauritanien » , concepts qui les incommodaient au plus haut point …
Là où mon organisation dénonce frontalement, avec force, l’oppression dont sont victimes les Négro-mauritaniens, eux louvoyaient, abordaient la question avec circonlocution ! Face à ce que nous qualifions de discrimination, de racisme structurel de l’Etat mauritanien, ils faisaient profil bas et ne trouvaient à opposer qu’ un ‘’compromis processuel et dynamique’’…
Face aux putschs militaires Awlad Nasr et Négro-africains, nous nous souvenons encore du double standard par eux adopté, malgré la différence de nature de ces deux évènements.
Notre Manifeste fut qualifié par lui et ses amis de document incendiaire qui ‘’ voulait mettre le feu à la maison commune ‘’, pour tenter de remettre en cause l’équilibre existant … ; l’équilibre existant !!!
Quelque part, nous sommes à l’égard du Mnd-Ufp ce que De Gaulle fut pour Vichy. De Gaulle combattait les Allemands qui avaient envahi la France et Vichy combattait De Gaulle ! Nous combattions le Système, le Mnd-Ufp nous combattait…
Bien sûr, de temps à autre , quelque Négros et quelque negrita montaient au créneau , versaient dans le ‘’discours flamiste’’ pour tenter de mystifier l’opinion négro-africaine , brouiller les cartes , afin de limiter les dégâts dans leurs rangs , chaque jour un peu plus clairsemés .
L’origine de notre contentieux avec le Mnd , vieux de trente ans , est à chercher dans la différence de morale politique ! Nous croyons à une certaine noblesse politique, qui se refuse au mensonge, à la calomnie de l’adversaire, aux coups fourrés, aux poignards dans le dos ! Un homme ça se retient disait le père de A CAMUS.
Pour revenir aux différences , celle essentielle –originelle- entre eux et Nous date , je crois , des années 70 , lorsqu’eux mettaient l’accent sur le combat contre l’impérialisme français , là où nous pensions qu’il fallait , pour justement réussir cette lutte contre l’impérialisme – consolider le front intérieur en s’attaquant d’abord ou simultanément aux discriminations rampantes des nationalités, déjà perceptibles . Ils pensaient que la lutte contre l’impérialisme était la contradiction principale, nous pensions le contraire.
Ils développaient une approche marxiste de classes , là nous percevions déjà , au-delà des réserves et limites de cette approche dans le contexte africain – , que la lutte des classes glissait vers la lutte des races ; l’une était sur le point de recouvrir l’autre , dans notre contexte interne , pour devenir une . Bien que le cours de l’histoire aie confirmé nos vues, ils refusaient, malgré tout, de faire leur mea-culpa, et persistaient dans la fuite en avant …
Maouloud dit dans cette interview que le terme Négro-mauritanien avait été créé par nous, pour inclure les Haratines dans notre combat afin « de faire front contre les maures ».
Un peu de vrai, beaucoup de faux comme savent si bien le faire les élément du mnd ! Raccourci facile, pure vue de l’esprit … Nous avons réinventé ce terme , non pas « pour faire un front contre les maures » comme le croit le président de l’UFP , mais pour faire front contre un Système inique , pernicieux ; cette démarche s’inscrit dans une logique naturelle qui veut que dans les luttes de factions , chaque partie cherche à créer un rapport de force qui lui soit favorable ; c’est de bonne guerre , il doit en convenir.
S’il se trouvait des maures qui souhaitaient la préservation de ce Système, alors oui, nous ferions front contre eux. Que Maouloud nous dise donc dans quel camp il se situe ? Dans le camp des destructeurs du Système ou dans celui de ceux qui œuvrent à le perpétuer ? Dans le camp de l’immobilisme ou dans celui du changement ?
Notre souci, notre intention n’a jamais été de détacher les haratines des maures (blancs), ou de les avoir avec nous contre les Bidhaans, non ! Nous voulions , en progressistes, simplement soutenir leur juste lutte , en hâtant leur prise de conscience politique , et partant, leur émancipation … Cela nous l’assumons, et nous sentons fiers d’avoir presque réussi.
Ce concept englobant , parallèle à celui de N-africains , visait aussi à distinguer le type de Noirs mauritaniens , pour l’étranger ; Il y avait ceux qui avaient été réduits en esclavage et perdu leur culture originelle , par assimilation , il y avait les autres, qui avaient échappé à cette traite négrière et donc avaient conservé , intactes , leurs langues et cultures d’origine ( wolofs , Bambaras , Pulaars , Soninko ) .
En tout état de cause ‘’ l’identité haratine’’- actuellement assumée – vient clore ce faux débat ; les Hratine , en effet, ont fait le choix , disent-ils, de n’appartenir ni au camp des kwar ni à celui des arabes …
Au finish , dirais-je à Maouloud , n’avions-nous pas , nous aussi , le droit d’user du slogan de l’internationale : ‘’prolétaires (… ) unissez-vous’’ , d’autant que nous sommes ( hratine et Kwar ) aujourd’hui et depuis toujours les véritables opprimés du Système en cours ? Nous n’excluons nullement les opprimés arabo-berbères, il ne tient qu’à eux de rejoindre nos rangs.
J’en viens maintenant à l’amalgame, la confusion , qu’aiment bien entretenir Maouloud et ses amis entre les deux nationalismes , qu’ils renvoient souvent , non sans cynisme , dos à dos ; Le nationalisme arabe – nationalisme arrogant , intolérant , impérialiste, et le nationalisme négro-africain qui demeure un nationalisme ouvert , patriotique . Si en théorie les Mawlouds prétendent se démarquer des premiers ( Nasseriens et Baassistes ) ’en pratique, ils ne sont pas très éloignés de ceux-là , de par leur quasi silence sur la réalité socio politique douloureuse , actuelle du pays.
En conclusion , ce type de critique émanant d’éléments intellectuels arabo-berbères évoquent, pour moi , les propos que Martin Luther King tenait à l’endroit des whites citizens , des whites moderates aux Etats-Unis.
King disait que les Blancs modérés , par leur position qui renvoyait dos à dos victimes et oppresseurs , contribuaient, en réalité , à renforcer l’oppression des Blacks américains . Ces whites moderates stigmatisaient les effets (tension) mais se gardaient de considérer les causes à l’origine de cette même tension.
Ils étaient, ajoutait-il, plus dévoués à l’ordre qu’à la justice … ils préféraient la paix négative qui est absence de tension , à la paix positive qui est présence de justice . King terminait pour dire que l’injustice devra être exposée à la lumière de la conscience et de l’opinion nationale avec toute la tension que son exposition créée. C’est à cela que nous nous essayons.
Pour revenir enfin à son appel à discuter , bien sûr que nous sommes preneurs ; dès que l’opportunité sera offerte …mais cette discussion, je crois , ne pouvait tourner autour des ’idéologies…
Je ne puis, par ailleurs, ne pas noter ce paradoxe chez mon alter ego : il déterre la hache de guerre tout en appelant simultanément à discuter pour solder notre contentieux vieux de 30 ans ? Notre long et difficile compagnonnage , cette relation tempétueuse marquée par un déficit de confiance , par la méfiance , suscités par les coups fourrés , les coups bas , les dénigrements et la calomnie , ne saurait se pacifier sur une simple discussion , à moins …de forcer sur l’optimisme .
Mais enfin essayons toujours, même si l’on est persuadé qu’on ne change pas à 60 ans…
La lutte continue!
Samba Thiam- Président des FPC (Ex-FLAM)
Par Kaaw Touré
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