La Mauritanie a fait des progrès dans la lutte contre l’esclavage, notamment grâce à des efforts du gouvernement, mais cette pratique persiste dans le pays, a souligné vendredi 13 mai à Nouakchott le rapporteur spécial de l’ONU sur les formes modernes d’esclavage, qui a relevé plusieurs défis.
Tomoya Obokata, rapporteur spécial de l’ONU sur les formes d’esclavage, a bouclé vendredi une mission de deux semaines en Mauritanie où cette pratique existe toujours, selon des ONG, malgré son interdiction officielle. L’esclavage est assimilé à un crime contre l’humanité dans la Constitution mauritanienne.
Tomoya Obokata a dit avoir rencontré durant son séjour le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, des diplomates et des membres de son gouvernement, des ONG anti-esclavagistes, des défenseurs des droits humains, des victimes de l’esclavage et des parlementaires.
«Le principal but de la mission était d’observer la mise en œuvre des actions contre l’esclavage (…) qui ont été adoptées dans la loi mauritanienne», a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Nouakchott.
«En ce qui concerne les efforts du gouvernement, je suis ravi de constater que la Mauritanie a fait des progrès pour mettre en œuvre la stratégie de lutte contre l’esclavage et travailler sur l’élimination de cette pratique», a-t-il déclaré, se félicitant également de réformes législatives menées par la Mauritanie dans ce domaine. Le «déni de l’esclavage», qui était un «énorme problème dans le passé», est «une chose qui est en train d’évoluer», a-t-il souligné.
«D’importants progrès»
Selon ses conclusions, le pays «a fait d’importants progrès» mais l’«esclavage, ainsi que le travail forcé et le travail des enfants persistent en Mauritanie». «Comme dans d’autres régions du monde, ces pratiques ont des dimensions à la fois ethniques et liées au genre».
Parmi les défis que le rapporteur a identifiés: le fait qu’il y ait de «très bonnes lois en Mauritanie, mais qu’elles ne sont pas mises en œuvre efficacement au quotidien».
Le diplomate de l’ONU a pointé du doigt «une réticence persistance et parfois un refus de certaines autorités à enquêter et poursuivre (devant la justice) les cas d’esclavage et pratiques similaires». Il a également estimé que le «manque de moyens» des tribunaux, «de longs délais, des peines trop légères par rapport à la gravité des faits» et le fait que de trop nombreuses affaires se «réglaient à l’amiable» plutôt que devant la justice, restaient problématiques.
Le porte-parole du gouvernement, Mohamed Melainine Ould Eyih, a estimé auprès de l’AFP cette semaine que «le dossier des droits de l’Homme, dont l’esclavage, est désormais traité de manière objective et sans tabous, loin des tensions et tiraillements qui l’ont caractérisés par le passé». «Les lois ont été révisées et les tribunaux criminalisant l’esclavage créés et fonctionnalisés pour parvenir à une éradication totale du phénomène», a-t-il ajouté.
Le Figaro avec AFP