Chaque sortie médiatique du leader de gauche et militant des droits de l’ Homme, Jemal Ould Yessa, provoque un vif débat au sein de l’opinion publique.
En cause, ses avis et positions politiques qui sortent de l’ordinaire et de la pensée communément partagée en Mauritanie.
Positions que certains qualifient de radicales voire extrêmes, tandis que d’autres estiment que ce sont des idées ambitieuses et progressistes de la part d’une personnalité dont le dernier souci serait de plaire à tout le monde et de chercher le consensus.
Ould Yessaa, fils de la classe aristocratique et de l’ « Émirat » traditionnel, qui s’est révolté contre le systéme social et politique du pays, dirigeant pendant longtemps le mouvement » Conscience et résistance » , mouvement connu pour son opposition radicale au systéme d’Ould Taya.
Ould Yessa soutient toujours les mêmes positions “révolutionnaires”
concernant le racisme, l’héritage passif) humanitaire, la lutte ou l’ inégalités des classes, de l’arabisation et autres questions soulévées, lors de son interview pour ce deuxiéme numéro du journal Mejabat.
Majabat : En tant qu’observateur vigilant des affaires nationales, avez-vous identifié le principal obstacle à un changement, en rupture d’avec les époques de répression, de corruption et de prise du pouvoir par la force ?
– Oui, bien entendu, des progrès partiels retiennent l’attention. Depuis la chute de la dictature de Ould Taya, les niveaux de coercition politique ont nettement diminué et la corruption, à l’époque banalisée dans le cadre du clientélisme PRDS, est redevenue une faveur ; elle se restreint désormais à un groupe de prédateurs, quasiment tous de l’ethnie arabo-berbère. Pour se convaincre de la mainmise ethnique sur l’économie, il convient de consulter la liste des chefs de fédérations du patronat. Le quasi-monopole s’étend, d’ailleurs, à deux domaines où la masse laborieuse est issue de la majorité noire du pays. Je cite la pêche artisanale et l’agriculture, deux secteurs d’activité auxquels le maure d’extraction nomade répugne, en général, en vertu de la dévalorisation de l’effort physique. Vous connaissez la genèse du capital privé national, à partir des accointances et des réseaux de relations tribales, entre les juntes au pouvoir depuis 1978 et leurs relais parmi les chefferies et les commerçants bidhane. Des milliards de prêts bancaires complaisants ont été dépensés et l’ardoise effacée, en vue d’asseoir le fondation matérielle de la domination. A cause de la prédation directe sur les ressources de l’Etat, du bénéfice de privilèges indus, en passant par les conflits d’intérêt, les faux diplômes, l’immunité fiscale et la spoliation des terres de culture au sud, une minorité de hassanophones s’est emparée du pays, au point de lier l’avenir collectif, à sa propre conservation. C’est dans cette prise d’otage que se débat la Mauritanie, depuis bientôt 40 ans…L’expression « République islamique des maures » (Rim) ne me semble pas si excessive quand il s’agit de qualifier la géographie et la démographie réelles des privilèges de naissance et de statut social dont il sera question durant les journées consultatives nationales, autrement appelées « dialogue »…enfin, si le rendez-vous est respecté. Concernant la dévolution et la régulation violente du pouvoir d’Etat et les ruptures de légitimité, nous ne sommes pas encore immunisés d’une énième « putscherie », même si, à l’instant, la probabilité me paraît, plutôt, minime. Je puis me tromper.
Comment sortir du cycle de la faute et de l’échec ? Le principal obstacle, de nature à retarder le discernement et les bonnes pratiques en matière de cohésion et de restauration de la confiance, entre les populations et l’autorité centrale, demeure le déficit de concertation et d’audace. Au niveau de l’évaluation comparée des performances en démocratie et droits humains, la Mauritanie devance, et de loin, la majorité de l’aire arabo-islamique mais je ne vois pas, là, un exploit, tant cet univers abrite, entretient et exporte les pires atteintes à la dignité de l’individu.
Majabat : Nous sommes aux portes d’un dialogue qui « n’exclut personne ni question ». Doit-on s’attendre à une exception dans ce genre d’exercice, contournant les préoccupations habituelles de la classe politique, pour insister davantage sur les thèmes plus larges, corrélés à l’amélioration de la gouvernance et à la résolution des attentes chez les exclus ?
– Le dialogue serait couronné de succès, si toutes les parties y vont avec sincérité et conscience de devoir sacrifier des concessions, aux fins d’obtenir un consensus, une formule de dépassement des contradictions structurelles : il importe de souligner, ici, le sexisme ambiant, les entraves à la citoyenneté en termes d’égalité d’accès aux droits, la résorption de l’impunité des crimes de masse à visée raciste, l’occultation de l’esclavage et l’usurpation du foncier rural, notamment aux dépens des autochtones travailleurs des champs. Le problème concerne, non seulement les natifs de la Vallée du fleuve Sénégal mais, également, les descendants d’esclaves au centre et à l’Est de la Mauritanie. Beaucoup continuent à entretenir des parcelles arables dont les anciens maîtres détiennent les titres. Malgré l’ordonnance nº 83-127 portant réorganisation foncière et domaniale et en dépit de ses clauses de préemption au profit de ceux qui « font vivre » le sol, le texte, de facto, n’est pas appliqué à tous. Sur la majorité de l’espace hassanophone, la tenure traditionnelle est en vigueur. Les Hratine restent des ouvriers agricoles sans acte de propriété ; les conflits subséquents ne cessent de croître ; il subsiste, là, un risque de clivage belligène et le présage d’un effondrement de la communauté de destin, déjà en lambeaux, depuis 1978. Il faudrait aussi régler – disons vider – le potentiel des contentieux liés à l’exploitation de la terra mortuis, ces espaces laissés à l’abandon que ne délimite aucune marque de colonisation ou de mise en valeur. Aujourd’hui, il est ardu d’aller s’installer sur un périmètre vacant et vierge de labour, sans obtenir l’autorisation préalable de la tribu qui en revendique la possession. Certaines vendent le visa d’installation, d’autres l’accordent par générosité ou nécessités de prestige. Néanmoins, à la moindre querelle avec les nouveaux venus, les voici sommés de quitter les lieux…Est-il normal de tolérer une telle concurrence au droit, un tel mépris envers l’autorité publique ? Voici un autre défi que le dialogue devrait désamorcer, sous peine de provoquer le regain de l’anarchie précoloniale, la fameuse Seyba ou raison du plus fort…Cependant, gage de réussite oblige, les participants au dialogue, dans leur diversité, influenceraient le rapport des forces en participant au débat, sans poser de condition ni s’en faire dicter. Le principe – réitéré par le Président de la République – de ne pas censurer ni évincer – me semble le signe de prémices prometteuses. Le moment est venu de s’asseoir, tout déballer, discuter, s’écouter et de ne s’interdire nul compromis dès lors que le règlement proposé se réfère à la triple exigence : liberté-égalité-fraternité. Certes, la devise appartient à une autre nation mais elle résume bien, par sa prétention à l’universalité, le besoin d’équité et d’épanouissement qui habite l’espèce humaine, peu importent les frontières et le legs de la mémoire.
Majabat : Quels sont les conditions et les résultats les plus importants qui, s’ils étaient atteints, vous permettraient de constater le succès du dialogue ?
– Si le succès du dialogue devait requérir une attestation, celle-ci résiderait, par exemple, dans l’abrogation de la loi d’amnistie de 1993 et de l’article 306 du code pénal. Les deux infamies représentent un motif de honte pour la Mauritanie et reproduisent la violation la plus spectaculaire de ses engagements auprès du reste du monde, dûment signés, ratifiés et intégrés au préambule de la Constitution. Il ne faut pas oublier, non plus, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que notre gouvernance viole si souvent, après son adhésion en novembre 2004. Le texte et bien d’autres de facture similaire impliquent l’interdiction, aux civils de détenir des armes d’assaut ; nous pouvons comprendre qu’une communauté garde, dans son folklore, un rapport sentimental aux symboles – en l’occurrence les festivités – mais l’expression du patrimoine mémoriel exclut la détention de fusils à rafales ; en réalité, l’on assiste, ici, à une forme de discrimination dangereuse parce qu’elle consacre l’attribution d’un moyen de contrainte aux seuls maures ; l’autorisation implicite de milices à vocation militaire compromet les assises du pacte à l’origine de la création de la Mauritanie, pendant le congrès d’Aleg, en mai 1958.
Majabat : Le problème de la marginalisation et des exclus devient une préoccupation des pouvoirs publics. Quelle est votre lecture de la nature et de l’ampleur de ce problème et de ses relations avec l’histoire et les politiques de développement en Mauritanie?
-Je dois juste vous rappeler qu’à force de s’obstiner à négliger les enjeux de coexistence pacifique, ils vous reviennent à la figure ; vous avez beau dépenser de l’argent et des discours lénifiants dans l’espoir d’acheter le silence des victimes, vous ne parviendriez jamais à étancher leur soif de réparation. Dieu merci, il existe un minimum de justice internationale sur quoi nos gouvernants n’ont pas de prise ; le procès de Ely Ould Dah au sud de la France en 2005 et le renvoi récent de l’un de nos généraux, à peine nommé par les Nations unies au titre d’une mission de maintien de la paix, soulignent les limites du déni. Pourvu que le désaveu diplomatique serve à ouvrir les yeux, de nos dirigeants, quant à l’urgence de l’introspection et de l’autocritique. Apprendre de ses erreurs relève de la salubrité mentale. Déjà, publier la vérité à propos de la tentative d’épuration, exécutée de 1986 à 1991, constituerait, à la fois, une thérapie et une prophylaxie, pour se prémunir du ressentiment et de la récidive. Nombre de hassanophones le croient encore, en 1989, Israël, le Maroc et le Sénégal se seraient ligués contre la Mauritanie, laquelle n’aurait dû sa survie qu’au soutien de Saddam Hussein (le bourreau des kurdes et des chiites). Cette légende tarde à s’éteindre car aucune autre version ne la concurrence.
Majabat : Parfois, surgit une polémique sur la marginalisation culturelle de composantes de la nation. Le sujet comporte-t-il une réflexion sur la coexistence entre ces composantes ? Quelle est sa relation avec la réticence à résoudre les choix linguistiques ?
– Surgir n’est pas l’adjectif approprié, il s’agit davantage d’une latence d’abus cumulés, sédimentés. L’arabisation idéologique -certains diraient « au rabais » -des années 1980, a été conçue pour écarter de la fonction publique et des forces armées et de sécurité, les groupes non-hassanophones (pulaar, soninké, wolof, bambara) afin de « faire de la place » ; à qui, donc ? Le calcul initial consistait à privilégier l’entrisme, dans l’appareil d’Etat, de générations émergentes d’étudiants et de cadres maures, formés à la hâte, aux confins du monde arabe ou allaités à la source d’un imaginaire hanté et saturé par les mythes du moyen Orient. Le plan ayant tardé à produire un effet radical en matière de remplacement – ou de substitution – des élites, les incidents frontaliers de 1989 avec le Sénégal, offraient l’opportunité d’accélérer la réalisation intégrale du dessein. J’insiste, ici, sur le lien causal entre l’arabisation bas de gamme, la violence suprématiste, le règne de la corruption et de la fraude et l’avènement de l’extrémisme religieux dont la Mauritanie incarne, aujourd’hui, le principal vecteur d’expansion en Afrique de l’Ouest et plus loin. Je ne puis vous dire exactement combien d’apprentis-terroristes, y compris d’Afrique et d’Europe, viennent s’abreuver aux sources du fanatisme dans les nouvelles Mahadhras où l’enseignement de la poésie, de la généalogie et de la musique s’efface, désormais, derrière les cours de fiqh aljihad, l’étude des lois de la guerre sainte. Ces établissements, irrigués de pétrodollars depuis 4 décennies, participent à la radicalisation et maintiennent un racisme tacite envers les noirs d’ascendance subsaharienne. Pire, les autorités ne disposent d’une base de données fiable sur le nombre de pensionnaires étrangers, leurs provenance et durée de leur séjour en Mauritanie. Les élèves, venus des 4 coins du monde, y apprennent, toujours, comment jouir de ses esclaves, se les partager en temps de travail selon la répartition de l’héritage ou soumettre les servantes au droit de cuissage. Oui, la Mauritanie actuelle n’est pas la destination rêvée pour un noir et le constat dépasse bien les questions de langue ou de culture.
Vous savez, si l’affaire de l’arabisation n’avait pas été instrumentalisée pour récompenser la médiocrité, diffamer le mérite et ralentir la dynamique de modernisation du pays, elle serait bien moins contestée aujourd’hui ; un entretien de presse ne saurait satisfaire à l’étude d’un enjeu aussi vaste. Nous en reparlerions, à l’occasion d’un ouvrage documentaire. Les témoins du déclin national sont légion, Dieu merci et la plupart gardent le souvenir de la descente aux enfers, enclenchée dès l’avènement du régime militaire. Je forme le souhait qu’ils écrivent, nombreux et se prêtent aux moyens de l’audiovisuel ; ainsi, ils nous épargneraient la perte de mémoire si propice aux braqueurs et contrefacteurs de l’histoire. Cette bataille du sens est en passe d’être gagnée par les révisionnistes ; s’ils remportent la partie, c’en serait fini du projet Mauritanie et de notre avenir commun. Si ces questions passionnelles ne sont pas résolues, notre ambition de développement ne dépasserait le stade de l’intention et nous perdrions du temps et de l’énergie en discordes, à l’infini. Dans un contexte de diversité raciale et de polarisation identitaire, la tentation du monolinguisme mauritanien représente un piège. Plus vous y tendez, moins vous préservez la cohésion sociale de long terme. S’agissant de l’hystérie anti-Français, je souhaite bon vent à ses initiateurs. Qu’ils commencent à arabiser les contrats des mines et de l’énergie, les écoles de médecine et de pharmacie, le libellé des opérations bancaires, les documents de transit et les offres d’emploi dans le secteur privé…
Majabat : Le conflit social est perçu, maintenant comme ayant atteint un niveau de tension sans précédent. Considérez-vous, avec confiance, sa gestion par les autorités actuelles ? Avez-vous des espoirs ou des craintes à propos des possibilités de son développement conflictuel, dans le futur ?
– Le pouvoir du moment, sans le savoir ou s’en rendre compte, ploie sous le fardeau d’une psychologie spécifique que singularisent la superstition (baraka, tazabout, fétiches et amulettes, intercession, propitiation, culpabilité, rétribution post-mortem). La décision politique est, tributaire de considérations relevant tantôt de l’administration de l’invisible, tantôt de l’indulgence due aux notabilités, quelle qu’en soit l’ethnie. A titre d’exemple, l’on a vu, par deux fois, à la commune de Dafort, dans le Guidimakha, des agents de la municipalité en train d’humilier et d’entraver de présumés fauteurs de dissidence, à la manière d’un bœuf promis à l’égorgement. L’Etat n’a engagé aucune poursuite contre les auteurs, pourtant filmés et audibles. Les critères de rationalité et de lucidité ne président pas toujours à la gouvernance actuelle en Mauritanie. Les nominations en conseil des ministres témoignent de la dérive. Seulement voilà, partout sur terre, une loi immuable cristallise le rapport des humains à la paix : la paix est une plante qui réclame sa rançon ; sa rançon est l’équité, c’est ainsi qu’elle s’arrose, jour et nuit ; sans équité, pas de stabilité. Vous ne pouvez exiger, longtemps, de quelqu’un qu’il renonce à la révolte légitime et endure sa propre aliénation, en attendant le moment où vous lui consentiriez un peu de justice. Votre patience ne peut compenser sa frustration ; pire, elle l’exacerbe. Pour revenir à votre question, je crains, hélas, que les autorités en place n’aient pas assez compris le sens de la politique moderne : gouverner, à l’heure des théories complotistes et de la démocratisation des gadgets de la communication, réclame de la compétence, beaucoup de technicité, le sens de l’innovation, la réactivité et un sens élevé de la morale au service de tous, sans distinction ni préférence d’ordre privé. Un pouvoir qui ignore ce genre d’hypothèque, le minimise, mise sur la lassitude des gens ou escompte leur adaptation à l’injustice, finit piétiné sous les bottes de la soldatesque ou victime de lynchage par la populace. Le pire, dans le domaine du contrat social n’est pas d’en résilier les termes d’un commun accord. Le danger procède, surtout, de la faculté de susciter une surcharge d’espoir et de la décevoir, en vulgarisant des actes de triche, de dol et de mauvaise foi. Personne ne se réjouit de se faire tromper et les Mauritaniens n’échappent à la règle, d’où que le ressentiment multidimensionnel plane, maintenant, sur la totalité du pays : il draine de l’amertume et le sentiment anxiogène d’avoir été floué et de subir le tâtonnement des dilettantes. Des révolutions engendrent la revanche sanglante et élèvent, au sommet de l’autorité, des populistes et des illuminés qui excellent à aggraver et canaliser l’aigreur et la hargne des multitudes, avant d’ériger une autre tyrannie. Un dirigeant instruit de ce genre de péril est appelé à l’éviter, pour sa propre sécurité d’abord, ensuite au nom de l’intérêt général.
A titre d’intuition, non de preuve empirique, j’accorde le bénéfice du doute au Chef de l’Etat et à quelques-uns de ses ministres. En revanche, je mets en cause la disponibilité d’une fraction de son entourage, à favoriser une refondation ambitieuse de la Mauritanie, sur des bases de distinction par le rendement, l’intégrité et la « redevabilité », au sens anglo-saxon du mot. Certes, la cour d’un prince, fût-il élu, évolue et se renouvelle et c’est dans cette perspective que je place le vœu d’un sursaut de scrupules, à l’abri de la pression de la rue et des menaces de sédition. Les femmes et hommes de qualité ne manquent pas, à l’intérieur du pays. Gouverner, n’est-ce pas prévoir ? Or, prévenir suppose la conscience des afflictions à quoi votre mode de gouvernement vous expose, vous et le peuple dont vous avez recueilli les suffrages et nourri la crédulité. Si vous parvenez à affiner le sens de l’observation sociale et le goût de la vérité, au sein de vos collaborateurs, alors, vous êtes sauvés et l’imminence du salut mobiliserait vos compatriotes, avec l’intensité d’un élan collectif, d’un souffle de volontarisme qui annonce des lendemains enchanteurs. Je veux y croire. Contrairement aux apparences, le renouveau s’avère à portée des Mauritaniens, s’ils acceptent d’en payer le prix ; il n’est pas trop tard.
Majabat : Le Président de la République a récemment fait part de son mécontentement face au retard pris dans la mise en œuvre de son programme des nouvelles mesures de lutte contre la corruption. Comment voyez-vous ce « réveil tardif » ?
-Le Président exprime son mécontentement et nous devrions plutôt lui reconnaître le mérite de la sincérité mais l’intention, même charitable, ne change rien à la réalité du postulat : l’appareil d’Etat est tenu par les résidus recyclés du Prds. Tant qu’ils sont là, la plus ambitieuse des réformes tournerait toujours à la farce, entre leurs mains. Vous savez, à la longue, les meilleures fantaisies peuvent lasser.
Majabat : La Mauritanie compte une grande diaspora dans les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), et d’énormes intérêts économiques au sein de cet espace ; pourtant ses relations avec cette organisation restent volatiles et en deçà du niveau requis ; Comment la situation affecte-t-elle les Mauritaniens, là-bas ?
-Vous oubliez de souligner que la Cedeao n’a pas chassé la Mauritanie. Nous en sommes sortis au motif de mieux nous arrimer à un l’Union du Maghreb arabe (Uma), un ensemble encore mythique. A présent, nos ressortissants en Afrique subsaharienne, principalement dans le Golfe de Guinée, endurent les conséquences du retrait : impossibilité d’ouvrir un compte bancaire, d’obtenir un permis de conduire, de se plaindre du racket, importations taxées, carte de séjour à 300 000 francs, à quoi s’ajoute une amende d’établissement illégal de 60 000 francs. Certains accords bilatéraux avec des pays membres nous assuraient les mêmes avantages que les nationaux ; hélas, la plupart de ces clauses n’ont pas été renouvelées. Le droit communautaire a pris le dessus. Nos compatriotes lésés se plaignent auprès de leurs ambassades et consulats. Or, ceux-ci tardent à recevoir les consignes appropriées et naviguent à vue. Le moment est plus que venu de se montrer enfin adulte, pour revenir au point de départ, en somme une adhésion pleine et entière, à la Cedeao. Le fameux accord d’association ne semble pas produire une incidence réparatrice sur le sort de dizaines de milliers de mauritaniens expatriés. Persévérer dans l’erreur n’est pas signe d’intelligence….