En se prêtant au jeu de questions des journalistes, le président montre de plus en plus de fragilité. Sans doute éprouvé par son long voyage à l’Est et le constat intime que malgré tout, le pays marche à reculons; que les projets initiés cahin-caha ne sont qu’une goutte dans cet immense territoire où les mentalités sont encore vivaces et rebelles.
Si dans les précédents points de presse, le président Aziz a su esquiver avec beaucoup de réussite les questions qui fâchent, dans ce dernier débat il a fait montre de beaucoup de fébrilité et de contradiction dans ses propos.
Après son self-contrôle, le président sort de plus en plus de ses gonds quand il se voit acculé. Malgré les tentatives de retenir son souffle, Mohamed Ould Abdelaziz qui, certainement, sent qu’il ne convainc plus son auditoire devient nerveux au point de susciter des guéguerres médiatiques inopinées.
Un président visiblement contrarié qui voit des ennemis partout
Dès l’entame de l’entretien, le président renvoie l’image d’un homme tendu. Fatigué ? Certainement. Sur le qui-vive, aussi. Le président n’assure plus et il est le premier à le sentir. Contrairement à ses premières sorties où il feignait une certaine aisance en accusant les coups, le président Aziz a d’emblée sorti ses griffes.
Les téléspectateurs étaient abasourdis par l’énervement du président pour « si peu ». En voulant marquer sa préséance, le président a marqué contre lui-même offrant une image d’anxiété à tous. Malgré les tentatives vaines de Sidi Ould Nemine à lui sauver la face, le président ne voulait pas s’en faire compter. Le trop plein d’autorité cache mal l’indisposition à la contradiction.
Difficile de jouer au démocrate ! Or, le débat n’avait pas encore commencé que le président -qui connaissait chacun de ses interlocuteurs- avait choisi d’ouvrir son feu contre le journaliste Ould Wadia qu’il savait proche de l’Opposition et surtout de Tawassoul.
Peut être qu’il sent le danger le plus imminent venir de ce côté ! Tapant de son poing sur la table, le président le priant une première fois de quitter l’assistance se rattrape et lui dit « »je te promets que tu ne poseras qu’une seule question et si tu n’es pas d’accord tu peux te retirer ». Wadia rétorque qu’un deal avait noué avec le présentateur.
Excédé par cette réponse, Aziz réagit impulsivement et demande au journaliste de se retirer. Une autre voix (parmi les journalistes présents). «S’il est éconduit, nous nous retirons aussi ». On entend au fond le président Aziz: « c’est votre problème, partez ». Sur ce, le président fait injonction au présentateur en arabe «coupes, coupes !» autrement dit « mets fin au direct ».
Le ton du président assure Sidi Ould Nemine de l’urgence de l’exécution. Ce fut fait par la régie qui retire au présentateur une épine du pied. Des minutes s’égrènent. Très longues avant que la reprise de l’émission n’ait lieu.
Le décor et les apparences sont sauvés ! Tout le monde est là y compris Ould Wadia héro d’une nuit malgré lui. Mais le président Aziz est toujours excédé. Il ne parvient pas à camoufler son irritation. Le président semble ébranlé non seulement par l’attitude du journaliste, mais par l’ampleur des questions en suspens.
Le président malgré son aide-mémoire qu’il consulte se perd dans les chiffres et se retourne souvent vers ses collaborateurs pour confirmer ses propos. Le président fait montre de beaucoup de contradictions et pour une fois, les mauritaniens le découvre démuni de réponses tranchées. Les questions incisives du reporter de Wadia mais également du journaliste de TvSahelperturbent l’assurance du président.
Tout y passe, grève de la Snim, la gestion des 400 milliards de ses profits, , l’échec de la lutte contre la gabegie, l’affaire Ould Baya dont il nie jusqu’à l’amitié; même le dialogue politique. Le président n’affiche pas de réponses claires.
Il tente de noyer le poisson. Plus que tout autre, le président sait profondément que les mauritaniens ne s’emballent plus à ce discours démenti par les faits. Seule lueur d’espoir Aziz promet de ne pas tripatouiller la Constitution et dit vouloir achever son dernier mandat. Avec la promesse d’un audit de sa gestion. Une question à laquelle pourrait bien s’intéresser son successeur éventuel.
Mais le président essaye de se rattraper. Il tente même d’égayer l’atmosphère mais seul Sidi Ould Nemine pouffe de rire ! Nonobstant une dernière tentative de transformer son revers médiatique ; la récupération ne semble pas réussi. Le président était déstabilisé tout le long de la conférence de presse. Sidi Ould Nemine pourra dire « ouf » de soulagement après un risque de fiasco total de son émission, sauvée in extrémis.
Le peigne fin auquel on soumet les conférences de presse du président pour choisir ses interlocuteurs ne l’a assurément pas prémuni de questions pas de son goût.