Libération de trois militants d’IRA : Après l’euphorie, les explications…

Libération de trois militants d’IRA : Après l’euphorie, les explications...

Si la libération jeudi dernier de trois militants d’IRA (Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste) semble avoir été bien accueillie par leurs partisans et les organisations internationales qui la réclamaient, le gouvernement mauritanien a tenu à répondre aux critiques internationales en s’expliquant sur le dossier des détenus de l’organisation anti-esclavagiste.

Les partisans du mouvement IRA étaient en liesse, ce jeudi 12 mars 2015, devant la prison civile de Nouakchott et la prison des femmes de Sebkha. Scène folklorique émaillé de danses et de chants, pour accueillir les trois militants que la Chambre correctionnelle de Nouakchott venait de condamner à 1 an avec suris.

Pendant que Marième Mint Cheikh était accueillie par une foule de femmes militantes d’IRA, le Dr.Saad Ould Louleid se fera accompagner, dans une longue procession à pied, jusqu’à son domicile, dans le quartier Carrefour à Arafat. Là, l’ancien porte-parole du candidat à la présidentielle, Birame Dah Abeid, président d’IRA, tiendra des propos incendiaires envers le régime et le système féodale en place.

Ce qui vaudra, les minutes qui suivirent son discours, une intervention musclée de la garde nationale, venue mettre fin au meeting improvisé et boucler le périmètre autour du domicile de la famille Louleïd.

Pendant que scènes de liesse et visites intempestives se succédaient dans les domiciles des deux militants, ainsi que celui de leur compagnon Yacoub Ould Moussa, les regards restaient toujours tournés vers le procès qui se prépare pour d’autres détenus d’IRA en instance de jugement, en l’occurrence le groupe de l’imam Brahim Jiddou.

Pour l’organisation qui semble monter en puissance depuis les exactions qui se sont abattues sur elle, la lutte va continuer. L’objectif, est la libération de leurs dirigeants, Birame Dah Abeid, Brahim Bilal Ramadane et Djiby Sow, toujours incarcérés à Aleg après une condamnation de deux ans de prison et un recours en Appel qui tarde à se concrétiser.

Dans ce dossier des droits de l’homme, qui marque selon les observateurs, le retour de la Mauritanie dans le carré peu envieux des pays détenteurs de prisonniers d’opinion, le Haut commissariat des droits de l’homme de l’ONU avait exhorté les autorités mauritaniennes à mener une enquête circonstanciée sur les évènements de Rosso qui avaient conduit à l’arrestation des cadres d’IRA, tout en exigeant leur libération.

La haute instance des droits humains de l’ONU trouvent ainsi disproportionnées les charges légères retenues contre les détenus, et la peine encourue pour un droit à l’expression et au rassemblement consacré par les textes internationaux.

En réponse à la sortie du Haut commissariat des droits de l’Homme de l’ONU, mais aussi à celle du Parlement européen qui avait également exigé la libération des détenus d’IRA, le gouvernement mauritanien a renouvelé son respect des droits humains conformément à ses obligations internationales.

Selon ses propos, les procédures ont été respectées dans le traitement du dossier relatif aux personnes concernées, que les prévenus ont bénéficié de toutes les garanties d’un procès équitable, puis des droits reconnus à tout prisonnier, présence des avocats, délai de mise en garde-à-vue respecté, visites autorisées des familles, défense accordée lors du jugement, publication des verdicts, visites médicales, visites de la commission nationale des droits de l’homme, du Bureau de Nouakchott du Haut Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, des ONG des droits de l’homme, etc.

Le gouvernement de préciser que l’adhésion à une organisation non enregistrée et non reconnue est punie par la loi et que la rigueur des verdicts optée par la Cour entre dans le cadre de ses prérogatives en tant qu’instance indépendante conformément à la Constitution et au principe de la séparation des pouvoirs.

Dans ce cadre, le pouvoir exécutif en Mauritanie, qui est un État de droit selon l’argumentaire du gouvernement, ne peut s’immiscer dans le domaine judiciaire.

Le gouvernement trouve également que la demande formulée par le Haut conseil des droits de l’Homme de l’ONU pour l’ouverture d’une enquête dans le cadre des détenus d’IRA est contraire à l’esprit qui fonde l’indépendance de la justice, seule compétente dans ce domaine.

Que les prisonniers disposent du droit de recours et de la latitude de se défendre pour faire prévaloir leurs arguments conformément aux dispositions de textes de loi en vigueur.

Dans le même ordre d’idées, la présidente de la CNDH (Commission nationale des droits de l’homme) a fait une déclaration à Genève, pour demander à la communauté internationale d’appuyer la Mauritanie dans ses efforts pour la consolidation des respects de ces droits. Elle s’en est prise à « la dérive de certains activistes extrémistes » qui véhiculent selon elle « des discours de haine dirigés vers des communautés… » .

JOB 
Source : L’Authentique (Mauritanie)