B– L’obtention du consensus autour du document et sa publication :
A titre indicatif, les personnalités Haratine contactées sont notamment :
- *Boubacar Ould Messaoud, président de SOS-Esclaves qui nous a recommandé de contacter Messaoud Ould Belkheir, président de l’APP qu’on a fini par rencontrer sur le tard après quelques difficultés ;
- *Biram Dah Abeid, président de IRA/Mauritanie ;
- *Mohamed Ould Borboss, président du parti El Moustaghbel qui nous a mis en contact avec le président du conseil national de son parti, Samory Ould Beye qui était, en même temps, secrétaire général de la centrale syndicale CLTM et président du mouvement El Hor ;
- *Capitaine/R Breika Ould M’bareck, activiste de la société civile et militant des droits de l’homme.
Avec ceux-ci, nous avons pris contact en même temps qu’avec un grand nombre d’autres activistes de la société civile en plus de plusieurs personnalités issues de toutes les communautés nationales.
Les contacts avec les personnalités Haratine ont donné des résultats mitigés. Messieurs Boubacar Ould Messaoud, Mohamed Ould Borboss, Biram Dah Abeidet Breika Ould M’bareckont exprimé leur adhésion spontanée et sans réserve au projet. Par contre, le président Messaoud Ould Belkheirs’est montré réticent au départ et rechignait à nous recevoir. Après l’entrevue qu’il a eue avec Mohameden ould Elbou et moi-même par l’intermédiaire de Ladji Traoré, secrétaire général de l’APP suite à beaucoup de sollicitations, il est revenu à de meilleurs sentiments et nous a exprimé son soutien. Soutien qui n’est pas resté constant dans le temps car il a radicalement changé d’avis une année plus tard en s’opposant farouchement et gratuitement à l’organisation de la première marche du Manifeste en Avril 2014.
Les choses s’accélèrent
Quant au sieur Samory Ould Beye, ses positions étaient plus que réticentes. Dès la première rencontre, il nous déclare que le mouvement El Hor qu’il dirige, dispose déjà d’un document de référence et que nous pouvons conserver pour nous notre document et les laisser avec le leur. Nous lui avons répondu que nous menons le même combat et devons unir nos forces en adoptant un document de référence commun… Par la suite, les contacts et les réunions ont continué grâce notamment aux efforts de l’ambassadeur Bilal Ould Werzeg chez qui se tiennent la plupart de nos réunions avec le groupe El Hor ; mais elles se tiennent aussi parfois aux domiciles des députées Mah Mint Semetta ou Mariem Mint Bilal.
Nous avons axé nos efforts par la suite sur la fixation d’une date pour la proclamation du document du Manifeste mais les choses traînent en longueur jusqu’au 20 Avril 2013. Au soir de ce jour-là, je sortais d’une réunion très négative tenue au domicile de Samory Ould Beye au carrefour Madrid. Au sortir de cette réunion avec Mme la députée Mah Mint Semetta qui m’amène dans son véhicule, je me suis rendu directement chez mon ami Mohameden Ould Elbou à la Socogim PS où il était alité pour des problèmes de douleurs dorsales. Après lui avoir fait le compte-rendu de cette fâcheuse réunion, il me déclare : comme les choses prennent une telle tournure, j’organiserai après demain soir un dîner ici-même où j’inviterai les membres du premier cercle pour décider de la date de proclamation. Ceux d’entre eux qui veulent nous accompagner sont les bienvenus et ceux qui veulent nous faire perdre du temps, nous proclamerons le Manifeste sans eux. Nous n’attendrons plus personne.
Effectivement, le soir du 22Avril 2013, se présentent chez lui les députées RFD de l’époque Mariem Mint Bilal et Mah Mint Semetta, Boubacar Ould Messaoud, Biram Dah Abeid et Samory Ould Beye accompagné d’un ou deux de ses lieutenants en plus de moi-même.
Après le dîner, nous avons posé le sujet : à savoir définir une date pour la proclamation du Manifeste. Boubacar Ould Messaoud a pris la parole en premier pour dire qu’il s’étonne des lenteurs et qu’il est pour la proclamation du Manifeste au plus vite. Biram lui emboîte le pas et abonde dans le même sens. Les députées font de même. Samory est resté silencieux.
Voyant que les choses se passent plus facilement que prévu, je leur demande de proposer une date pour la proclamation. Biram dit qu’il doit voyager le 29 Avril dans la nuit et que toutes les dates précédant ce délai, même le soir du 29, lui conviennent. C’est ainsi que la date de proclamation a été fixée au 29 Avril 2013, soit dans un délai d’une semaine après cette réunion.
A partir de cet instant, les choses s’accélèrent. Compte tenu des sensibilités que j’ai appris à connaître entre ces différents groupes, il fallait trouver au plus vite une personnalité non colorée politiquement, de préférence Haratine, acceptable pour tous pour présider la cérémonie de proclamation. La première personne qui m’est venue à l’esprit est l’ancien ministre Habib Ould Hemeth. Bien que ce haut cadre soit le petit frère de mon ami Mohameden Ould Elbou, cette relation n’a joué aucun rôle dans mon choix qui n’est basé que sur les qualités objectives et les valeurs intrinsèques de l’homme. D’ailleurs, quand je lui ai soumis cette doléance, il l’a poliment déclinée en me disant qu’il est toujours cadre supérieur du ministère de l’intérieur et qu’il est, de ce fait, soumis au devoir de réserve. J’ai fait appel aux membres du comité d’organisation pour dénicher l’oiseau rare et M. Brahim Bilal Ramdhane – qui représentait IRA au sein du comité d’organisation – nous a suggéré le nom de feu Mohamed Said Ould Hammody. Nous l’avons chargé de le contacter et lui demander de bien vouloir accepter de présider la cérémonie de proclamation du Manifeste. Avant de se prononcer, feu Mohamed Said a demandé qu’on lui envoie une copie du document par E-mail ; ce qui fut fait sur-le-champ. Je me rappelle aussi qu’avant d’obtenir une réponse définitive de feu Mohamed Said, j’ai demandé au capitaine Breika Ould M’bareck d’intercéder auprès de lui pour qu’il accepte notre requête. Ce qu’il a fait immédiatement. On était au 26 Avril 2013, quand nous avons reçu l’assurance – de deux sources différentes – que feu Mohamed Said Ould Hammody accepte de présider notre cérémonie. J’ai poussé un ouf de soulagement.
Très vite, nous avons parachevé les détails d’organisation de la cérémonie et les autres préparatifs concernant la distribution des cartes d’invitation aux partis politiques, ambassades, personnalités indépendantes ainsi que la multiplication du document du Manifeste qui sera distribué lors de la cérémonie.
Cérémonie grandiose
Le soir du 29 Avril, le document du MANIFESTE POUR LES DROITS POLITIQUES, ECONOMIQUES ET SOCIAUX DES HARATINE AU SEIN D’UNE MAURITANIE UNIE, EGALITAIRE ET RECONCILIEE AVEC ELLE-MEME, fut proclamé et lu en arabe et en français lors d’une cérémonie grandiose à l’ancienne maison des jeunes. Je me suis chargé d’assurer la lecture en arabe du document car je voulais bien que mes compatriotes entendent son contenu avec l’intonation, la ponctuation et le débit de paroles qui conviennent pour sa compréhension. Assistaient à cette réunion tous les présidents des partis politiques de l’opposition à l’exception notable de Messaoud Ould Belkheir, président de l’APP ainsi que le président de Tawassoul. L’APP fut pourtant représentée à cette cérémonie par un parterre de cadres dirigeants à leur tête Ladji Traoré secrétaire général, Maalouma Mint Bilal, députée, Mohamed Lemine Ould Naty, Mohamed El Hafedh Ould Ismael, Ethmane Ould Bidjel …etc. Quant à Tawassoul, il ne fut représenté à cette cérémonie que par son secrétaire à l’organisation : Mohamed Ould Mohamed M’bareck.
L’UPR, seul parti de la majorité présidentielle ayant assisté à cette cérémonie, fut aussi représenté par son secrétaire aux affaires politiques : Mohamed Mahmoud Ould Jaavar.
J’appris par la suite que le président d’l Moustaghbel de l’époque, Mohamed ould Borboss a joué un grand rôle dans la mobilisation des présidents des partis du front de l’opposition (FNDU).
Après cette cérémonie, nous avons convenu – Mohameden ould Elbou et moi-même – qu’il nous faut marquer une pause et donner du temps au temps pour voir les effets de cette annonce sur l’opinion publique et évaluer la situation avant d’entreprendre autre chose.
Après quelque temps, nous reprenons de nouveau notre activité qui débouchera sur l’organisation et la structuration du Manifeste ainsi que l’instauration de la marche commémorative annuelle.
C– L’organisation de la mouvance et l’instauration de la MARCHE commémorative annuelle :
Quelques deux mois après la proclamation, nous reprenons nos activités là où on les a laissées un certain 29 Avril 2013.
La reprise des contacts avec les chefs de file des organisations du premier cercle a abouti à l’organisation d’une réunion au domicile du président d’IRA, M. Biram Dah Abeid Assistaient à cette réunion, outre ce dernier, Samory Ould Beye accompagné d’un ou deux de ses collaborateurs, Mohameden Ould Elbou et moi-même. Le capitaine Breika Ould M’bareck se joindra à nous au moment où la séance fut levée. Boubacar Ould Messaoud, dont la présence était vivement souhaitée, était, en ce moment, en voyage hors du pays.
L’ordre du jour de la réunion fut posé. Il consiste en une question unique : quoi faire après la proclamation du Manifeste ?
Au cours de cette réunion, il a été décidé de me désigner comme coordinateur général pour le Manifeste comme il a été décidé aussi qu’il n’y aura pas d’autres structures ou commissions. Mesurant l’énormité de la tâche qui m’incombe désormais, j’ai demandé à ce que l’assistance désigne un président et j’ai proposé feu Mohamed Said Ould Hammody qui est une personnalité pondérée et respectée de tous, qui a accepté de présider la cérémonie de proclamation et dont la présence à nos côtés crédibilise notre action et rassure tout le monde. Mon plaidoyer ne semble pas avoir convaincu tout le monde et certaines réticences se sont vite exprimées. Toujours est-il qu’à la fin de la réunion, ma proposition fut adoptée.
Il faut dire que quelques jours avant cette réunion, je suis revenu à la charge chez Habib Ould Hemeth pour essayer de le dissuader de rester confiné dans sa réserve et pour lui expliquer que, dans le combat que nous allons livrer, nous avons surtout besoin d’armes intellectuelles et de cadres expérimentés qui connaissent les arcanes de l’Etat… Peine perdue, il est resté figé sur ses positions. C’est pourquoi j’ai été amené à proposer feu Mohamed Said que je ne connaissais que de nom et que je n’ai jamais rencontré avant le soir du 29 Avril 2013.
Au lendemain de cette de ladite réunion, je me suis rendu chez Mohamed Said Hammody que je trouve dans sa grande bibliothèque, plongée dans la lecture d’un livre. C’est un homme affable et jovial qui me reçoit en m’affublant du sobriquet «Commandante» qu’il m’a collé depuis le jour de la cérémonie du 29 Avril. Je lui explique que le premier cercle des dirigeants du Manifeste l’ont désigné comme président et moi comme coordinateur général. Il m’a félicité pour ma désignation et a remercié les dirigeants du Manifeste pour la confiance qu’ils ont placée en lui. Et il me déclare tout de go : c’est un honneur que je ne peux accepter. Et il enchaîne ses explications : Moi, (c’est Mohamed Said qui parle) je n’ai jamais milité dans un quelconque mouvement. Vous voyez ma famille dans la maison d’à côté, je ne la gère plus depuis belle lurette. Je me suis déchargé de sa gestion pour la femme et ses enfants depuis longtemps et je ne suis plus qu’un hôte chez eux. Je ne gère plus que ma bibliothèque et mes relations amicales et familiales au sens large du terme. Comme tu vois, je suis un rat de bibliothèque et je n’ai que le temps de prendre de rares vacances dans les oueds de l’Adrar…etc.
Après avoir écouté religieusement le doyen Mohamed Said, je lui réponds en usant de tous mes pouvoirs de persuasion pour lui signifier que l’heure est grave et qu’il n’a pas d’autres choix que d’accepter ce sacrifice pour le bien de la nation mauritanienne… Après de longues discussions, feu Mohamed Said a accepté enfin la présidence d’Al Mithaagh en me déclarant ceci : Ma famille est liée par le sang à toutes les composantes du peuple mauritanien. Je sais que le document que vous avez produit pourrait constituer un rempart contre les menaces à l’unité et la concorde du peuple mauritanien. Pour cela, vous pouvez dire à vos amis que j’accepte l’honneur qu’ils me font d’assurer la présidence honorifique de leur organisation. Je vous donne en conséquence mon nom mais sachez que je ne dirigerai pas votre organisation. Si vous êtes tous d’accord avec sur une décision, je vous suivrai. Et s’il y a des divergences, j’essayerai, selon mes possibilités, de mener des missions d’arbitrage et de bons offices. Pour le reste, occupez-vous de vos affaires…
Sur ce, je pris congé de l’honorable Mohamed Said….
(A suivre)
MOHAMED VALL OULD HANDEYA
Président du Manifeste des Haratine