Coupable d’avoir choisi de revenir travailler pour son pays croyant que la force d’inertie des régimes militaires peut être mue par la force cinétique de l’intelligence civile. Coupable de ne pas sacrifier à la mode des régimes en détournant et dilapidant les biens du peuple mauritanien.
Coupable de ne pas jouer le jeu de la nomenklatura mercantilo-militaire qui gangrène le pays et brade ses intérêts tout azimut. Coupable de ne pas jouer le jeu de l’environnement politico-social dans lequel les valeurs se sont effritées et où les vices à la mode font les éloges du moment.
Coupable de faire son travail dans la discrétion et la compétence requises sans monnayer ses privilèges et ses prérogatives.
Coupable de ne pas piper les marchés publics, les attribuer à sa parentèle et de s’enrichir à en exploser comme le font des gestionnaires de la République. Coupable de ne pas « claniser », instrumentaliser son ethnie pour la mettre au service de l’influence et des bas intérêts des régimes successifs.
Coupable de croire que l’honnêteté paie et que ceux qu’il sert, lui en seront reconnaissant quand il flanchera le genou.
Coupable de ne pas croire que les loups du système travaillent sans relâche pour déterrer, dans sa mémoire, les oublis pour nuire à sa bonne conscience. Coupable d’avoir parlé dans le passé-présent de ce qu’il pense vraiment du pays et de ce qu’il en advint, le mettant face à la cabale de ces jours.
Alors face à tous ces chefs d’accusation, tout tribunal de mauvaise conscience, reconnaitra sans faille le caractère criminel des actes de Kane Ousmane.
Ce tribunal, c’est celui qui le juge actuellement et qui brandit, pour preuve une vidéo sortie de son contexte et appartenant à un passé récent (toujours présent), lorsque « l’accusé » n’était point encore dans les secrets et les réserves d’un quelconque gouvernement. C’est le genre de preuve dont l’irrecevabilité n’a d’équivalent que la capacité de nuisance de ceux qui la brandissent.
Et si elle était recevable, de quoi en serait-elle la preuve ?
Devant un tribunal de bonne conscience, elle sera la preuve de la vérité proclamée dans un Etat qui se refuse à l’admettre.
Cette vidéo, que dit-elle que l’on ne sait pas à toutes les instances de l’Etat et de la société mauritanienne ?
A travers les exemples donnés, Kane Ousmane a été même d’une brièveté qui ne va pas au-delà d’une alerte sur un aspect du devenir du pays : le non-respect de la diversité dans les emplois publics tous secteurs confondus.
Faudrait-il alors chercher la preuve d’une évidence ? Et faire de cette preuve, un argument de lynchage ?
Alors si dire la vérité sur ce qui est vrai est un chef d’inculpation, alors Kane Ousmane est à propos, de ses propos un coupable tout désigné…pour tout tribunal de mauvaise conscience.
Pr ELY Mustapha