Le verdict rendu à l’encontre de Biram et de ses camarades est sans commune mesure avec les faits qui leur sont reprochés. Les dénonciations et condamnations d’un procès politique aux allures d’un attentat contre IRA et de toutes les organisations de contestation du système dominant n’auront point dissuadé la main de la justice à décider du sort des activistes des droits de l’homme.
C’en est ainsi fait, la décision sans appel de l’administration politico-judiciaire est clairement posée : il s’agit de mettre un homme et ses codétenus hors de tout état de nuire. Mais nuire à qui ? Lutter contre l’esclavage et contre toutes les formes de discriminations n’est –il pas un combat juste tant que cela reste dans limites normales ?
Se mobiliser pour faire entendre la voix de la raison et du droit est aussi un comportement responsable et exemplaire. Dans tout processus de revendication, il y a des manquements imputables à la passion de la cause défendue et à des erreurs stratégiques. Tous les grands leaders ont payé le prix fort de la détermination à en découdre avec un système qui cherche à se débarrasser de ses ennemis.
Cela était l’œuvre des pouvoirs autocratiques, iniques et réfractaires à toute critique. A toute logique autre que celle qu’il entend imposer. Biram a ses défauts et ses qualités. Ses forces et ses faiblesses.
Jeune leader boulimique et ambitieux il se revendique comme un défenseur des opprimés en osant franchir parfois les frontières de l’interdit social de ce qui hier relevait d’une profanation du système féodal et qui aujourd’hui n’est rien d’autre qu’un droit citoyen démocratique, et moral.
Pourquoi un tel acharnement contre un homme dont le pêché est d’avoir rejoint une caravane au détour d’un voyage ? « Le régime démocratique parrain des causes justes et protecteur des droits humains » a –t-il peur d’ouvrir les portes de la prison pour porter le débat dans l’arène de la démocratie ? Que gagnerait une démocratie dans la confiscation des libertés ? L’emprisonnement d’un homme devenu une icône de la lutte anti-esclavagiste est plus dangereuse que sa mise en liberté.
Plus cela dure, la démocratie en sort fragilisée, banalisée et vidée de son essence. Le pouvoir a entre les mains tous les moyens pour régler la question de l’esclavage, des discriminations sociales sans besoin de s’acharner contre des activistes des droits humains qui n’ont fait que mettre le doigt là où il faut. Biram n’a existé dans sa grandeur et sa réputation que par le refus du système à l’écouter, en le diabolisant lui, ses camarades, son mouvement. En ayant raison sur lui par un procès politique, le pouvoir continue à entretenir un mythe quelque soit ce qui pourrait advenir de lui, quelque soient les conditions de détention inhumaines.
Le réduire au silence en prison , c’est faire parler de lui plus dignement…
CTD