Aziz, il faut libérer Biram et ses compagnons dans les plus brefs délais. Par quelle justice veux-tu sanctionner un activiste des droits de l’homme, alors que tu aurais dû la subir depuis bien longtemps, toi activiste des coups d’Etat.
T’étant opposé au décret du Président de la République te limogeant et l’ayant destitué par la force sais-tu ce que le Procureur général aurait pu invoquer contre toi ? Les dispositions suivantes du code pénal mauritanien: ART. 182.
– Tout fonctionnaire public, agent ou préposé du gouvernement, de quelque état et grade qu’il soit, qui aura requis ou ordonné, fait requérir l’action ou l’emploi de la force publique contre l’exécution d’une loi ou contre la perception d’une contribution légale, ou contre l’exécution soit d’une ordonnance ou d’un mandat de justice, soit de tout autre ordre émané de l’autorité légitime, sera puni de la réclusion.
ART. 183. – Si cette réquisition ou cet ordre ont été suivis de leur effet, la peine sera le maximum de la réclusion.
ART. 189. – Tout fonctionnaire public révoqué, destitué, suspendu ou interdit légalement qui, après en avoir eu connaissance officielle, aura continué l’exercice de ses fonctions, ou qui, étant électif ou temporaire, les aura exercées après avoir été remplacé, sera puni d’un emprisonnement de six mois au moins et de deux ans au plus, et d’une amende de 5.000 à 40.000 UM.
Il sera interdit de l’exercice de toute fonction publique, pour cinq ans au moins et pour dix ans au plus à compter du jour où il aura subi sa peine, le tout sans préjudice de plus fortes peines portées contre les officiers ou les commandants militaires par l’article 87 du présent code.
Et voici les articles 87 et suivants qui te sont applicables :
ART. 87. – Ceux qui, sans droit ou motif légitime, auront pris un commandement militaire quelconque, ceux qui, contre l’avis du gouvernement, auront retenu un tel commandement, les commandants qui auront tenu leur armée ou troupe rassemblée après que le licenciement ou la séparation en auront été ordonnés seront punis des travaux forcés à perpétuité.
ART. 88. – Lorsque l’une des infractions prévues aux articles 83, 85, 86 et 87 aura été exécutée ou simplement tentée avec usage d’armes, la peine sera la mort. A ces dispositions s’ajoutent celles prévues par le code militaire pour la trahison, la rébellion et la prise des armes contre les autorités de commandement.
Alors Biram, pacifiste et défenseurs de ses droits est-il plus coupable que toi ? Toi, qui en Mauritanie occupe par la force les hautes fonctions de l’Etat et qui jette les citoyens en prison ?
Aziz, il faut libérer Biram, avant que ne se retourne contre toi, les affres de l’injustice qui se crée autour de toi. La permanence des dispositions du code pénal survit souvent aux régimes éphémères. Ceux qui sont en prison valent mieux que ceux qui t’applaudissent.
II y a une année lumière d’humanité entre ceux-là et ceux qui, dussent-ils croupir en prison, te disent :
– لا تسقني ماء الحياة بذلة**** بل فاسقني بالعز كأس الحنظل
ماء الحياة بذلة كجهنم **** وجهنـم بالعـز أطيـب منـزل
Toi, te croyant au-dessus des lois, tu veux punir les autres alors que tu aurais dû commencer par toi-même. Le peuple mauritanien plie sous la misère et tu entretiens un régime d’injustice.
لا تنه عن خلقٍ وتأتي مثله … عارٌ عليك إذا فعلت عظيم
Aziz, libère Biram et ses compagnons.
Pr ELY Mustapha