Cette histoire est presque «du copier coller du quotidien du politique mauritanien vis-à-vis de son peuple ». La caractéristique du politique mauritanien est, je l’avais dit, comparable à celle de cette histoire dans toute sa dimension et la ruse utilisée par l’un des protagonistes pour accomplir son objectif.
Mais, l’actualité m’impose à parler de deux ou trois choses, notamment : la disparition de l’un des hommes politiques les plus honorables du pays de part sa grandeur, son humilité et son sens du respect de l’autre : Mohamed Moustapha Ould Bedredine n’est plus de ce monde. Une grande perte pour la Mauritanie. Paix à son âme.
Mais aussi de l’emprisonnement de mon ami Hacen Lebatt. Ce journaliste qui en sait trop sur les précoces hommes d’affaires de l’ère Abdelaziz, de petits commerçants devenus milliardaires et banquiers en un temps record dans un pauvre pays, la Mauritanie.
Un signal à Hacen pour ne pas en dire plus sur ces riches sans production ou rendement pour l’amélioration de notre PIB…. Pour ce séjour carcéral, mon ami n’a pas été surpris. Au temple de la promotion du mensonge et du vol, le récalcitrant doit s’attendre aux foudres de tous nouveaux adhérents.
Dans le monde de la noblesse et de la grandeur, ces hommes devenus subitement riches doivent avoir honte d’eux mêmes. Car devenus riches comment ? Je délire. Ils ne se posent jamais cette question. La transparence économique et le développement du pays ne semblent pas être leur préoccupation.
Ici, on s’invente les meilleures méthodes de l’indignité et de l’ingratitude béate. Abdelaziz, « leur créateur économique », est abandonné… sans honte ni remords. Ils lui ont tous tourné le dos.
Alors, qu’est-ce qu’on peut attendre de ces gens ? Mon ami, être prisonnier dans les citadelles du silence, c’est parfois un honneur mais surtout c’est être dans un monde des justes en Mauritanie. Et laissons la Mauritanie d’aujourd’hui aux tricheurs et voleurs en col blanc.
Et l’autre événement c’est le retour de l’homme d’affaires Moustapha Chaafi, le plus africain de tous les Mauritaniens. Il était sous le coup d’un mandat d’arrêt international voulu par l’ex-Président Mohamed Abdel Aziz.
C’était l’opposant le plus craint au plan international mais aussi national grâce aux soutiens financiers qu’il apportait aux opposants. Il a déshabillé Mohamed Abdel Aziz en contribuant à divulguer certaines histoires des plus obscures de l’ex-Président. Chaafi est à Nouakchott.
Je reviendrai sur l’événement qui a endeuillé la Mauritanie, notamment le décès du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Mes condoléances à toute la Mauritanie. Paix à son âme. Il fut un PRESIDENT et aussi un homme de Dieu. Il a tenté de poser les jalons de la réconciliation nationale avant d’être évincé du pouvoir.
Avant de vous conter le récit de la randonnée du lièvre et de l’hyène, je ne peux passer sous silence, sans entrer dans les détails, la rupture les semaines passées de l’approvisionnement en légumes des marchés de Nouakchott où, pour les « légumes difficilement trouvables », on négocie le poivron à 5.000, alors qu’il se vendait tout au plus à 600 UM le kg et les tomates à 2.000 voire 2.500 UM mais dont le prix se situait entre 200 et 450 UM.
Et je finirai par l’incroyable come-back d’un ancien ministre d’Abdelaziz cité dans le dossier de l’enquête parlementaire qui est désormais le ministre secrétaire général du gouvernement. Où va le marabout avec la Mauritanie ?
Pour revenir à l’histoire que je vous ai promise, vous verrez que j’ai raison. Je me suis rappelé cette histoire après avoir pris connaissance des accusations portées contre l’ancien président Mohamed Abdelaziz. Cette histoire, à mon avis, peut illustrer d’une manière générale le caractère du politique mauritanien à l’encontre de son peuple et la gestion de ses affaires.
Et, particulièrement, l’affaire Abdelaziz est un cas parfait de la profondeur de cette histoire. Les personnages sont les suivants : le citoyen par le nom de l’hyène et le politique ou Abdelaziz, le lièvre.
C’est ainsi qu’on peut comparer l’habitude de l’homme politique mauritanien avec celle du séjour de l’hyène et du lièvre dans un village inconnu des deux. Les deux voyageurs avaient pensé à s’attribuer de nouveaux noms et n’avaient comme choix que les noms suivants : «QUELQU’UN» et «L’ETRANGER».
La clause est qu’une fois au village, chacun ne doit répondre que par le nouveau nom quelle que soit la tâche. Alors le lièvre propose « Moi, je me nommerai ‘QUELQU’UN’ et toi ‘L’ETRANGER’ ». L’hyène opposa un non catégorique : « C’est moi ‘QUELQU’UN’ et toi ‘L’ETRANGER’ ». Le lièvre accepta.
A leur arrivée à la maison du chef de village, on demanda de donner de l’eau aux étrangers et le lièvre dit à l’hyène que l’eau lui revenait de droit car c’est lui l’étranger. Le même scenario se répéta pour le repas et cela pendant trois jours. Tout pour ‘l’étranger’ et rien pour ‘quelqu’un’. A l’aube du troisième jour, le lièvre « fit ses besoins » à l’endroit où on doit préparer le petit déjeuner.
Le cuisinier découvre les selles et dit « Quelqu’un … ». A peine avait il commencé sa phrase que l’hyène sauta et dit au lièvre « GNAW, aujourd’hui c’est mon tour, fini tout pour toi et rien pour moi ». L’hyène se mit devant le cuisinier. Ce dernier compléta sa phrase « Quelqu’un a fait ses besoins dans les cendres de l’emplacement de la marmite.
Et l’hyène de répondre « Comment ‘Quelqu’un’ peut faire ses besoins alors que depuis trois jours ‘Quelqu’un’ n’a ni mangé ni bu ? ». Le cuisinier, interloqué, n’avait rien compris aux propos de l’hyène. Et la journée fut la même que celles d’avant : « Tout pour ‘L’étranger’ et rien pour ‘Quelqu’un’ ».
La nuit du quatrième jour, l’hyène obligea le lièvre de changer de nom. « A partir de maintenant, c’est moi ‘L’étranger’ et toi ‘Quelqu’un’ ».
Le lièvre accepta. Mais ce que l’hyène ignorait c’est que dans ce village, au quatrième jour, l’étranger est invité à prendre part aux travaux champêtres de la famille. Le matin, comme le veut la coutume, le chef de famille appelle l’étranger mais cette fois-ci c’était pour le travail.
L’hyène passa toute la journée à exécuter des corvées au champ et au retour, il trouva que le lièvre avait disparu. Il se mit à ses trousses… sans pouvoir le coincer et assouvir sa vengeance.
En Mauritanie, le peuple symbolise l’hyène qui n’a que, dans cette affaire, ses yeux pour pleurer et les politiques, à l’image d’Abdelaziz, le lièvre, fourbe et profiteur.
C’est ainsi que la Mauritanie a vécu : tout pour les politiques et rien pour le peuple.
Camara Seydi Moussa
Source : Nouvelle Expression (Mauritanie)