Mauritanie/projet Médiation agropastorale : les médiateurs communautaires partagent leurs préoccupations

Mauritanie/projet Médiation agropastorale : les médiateurs communautaires partagent leurs préoccupationsL’hôtel Mauricenter de Nouakchott a servi de cadre, jeudi 12 novembre, à la cérémonie de lancement de la rencontre nationale entre les médiateurs communautaires, les partenaires techniques et financiers (PTF) et les autorités administratives du projet « Médiation agropastorale au Sahel ».

Financé par l’Union européenne (UE) et le gouvernement du Danemark, ce projet est mis en œuvre par le Centre pour le dialogue humanitaire (HD), il est exécuté dans les cinq pays du G5 Sahel afin de permettre aux agropasteurs de vivre dans la paix et d’adapter efficacement leurs systèmes de production aux changements climatiques.

Dans son allocution, Abdallahi Mohamed Aly, conseiller en médiation HD Mauritanie, a rappelé que le Sahel est une terre d’opportunité avec un fort potentiel de croissance, ajoutant que 2 personnes sur 3 vivent de l’agriculture et de l’élevage. Il a dans ce sens souligné que la région du Sahel est confrontée à des problèmes d’ordre sécuritaire, humanitaire et de développement.

« Plus de 40% de la population des pays du G5 Sahel vit dans l’extrême pauvreté, plus de 30 % n’ont pas accès à l’eau potable, plus de 80% n’ont pas accès à des installations d’assainissement amélioré et seul 22% avaient accès à l’électricité en 2018 », détaille Abdallahi Mohamed Aly.

Dans la foulée, il rappellera que les 81 millions d’habitants de la région du Sahel font face également à des niveaux d’éducation les plus bas au monde, les plus mauvais résultats en matière d’indicateur de développement humain, une production agricole très faible, une instabilité permanente…C’est dans ce contexte que le Programme Médiation Agropastorale a vu le jour dans les 5 pays du G5 Sahel (Mauritanie, Burkina-Faso, Niger, Mali, Tchad) afin de contribuer aux efforts de stabilisation en soutenant la prévention des conflits et la coopération entre les acteurs.

En Mauritanie, le projet « Médiation agropastorale au Sahel » couvre les 2 Hodhs, le Guidimagha et l’Assaba avec une centaine de médiateurs communautaires constitués en réseaux sur un total de 12 communes.

Ces médiateurs communautaires ont pour rôle de prévenir les conflits liés à l’exploitation des ressources naturelles et les risques d’escalade de violence au niveau communautaire, de réduire la conflictualité au sein des communautés agropastorales et le long des routes de transhumance, faciliter le dialogue entre les communautés et les acteurs étatiques sur les enjeux agro-pastoraux au niveau local, national et régional.

Messages des leaders aux autorités nationales

Dans le message qu’ils ont adressé aux autorités nationales, les médiateurs communautaires ont rappelé qu’au cours de ces dernières décennies, la Mauritanie est en proie à des urgences sécuritaires, économiques et sociales conjuguées aux effets du changement climatique, ajoutant que la pandémie du Covid-19 a également causé un impact négatif à l’économie locale et sur la transhumance.

« Cet état de fait a eu un impact négatif sur la cohésion sociale et le vivre ensemble au niveau local surtout dans les zones frontalières », ont-ils relevé, soulignant que « face à cette situation, des efforts ont été et continuent à être consentis tant au niveau des autorités nationales que des partenaires pour résorber les difficultés qui assaillent le quotidien de nos populations rurales ».

Les médiateurs communautaires ont, dans leur message, relevé les difficultés qu’ils rencontrent. Il s’agit de la faible collaboration ou l’implication des agropasteurs dans le processus d’élaboration des textes régissant l’accès aux ressources naturelles, de l’insuffisance d’intrants zootechniques et des dépôts pharmaceutiques, la faible disponibilité des points d’eau et leur répartition inadéquate en période de soudure, des problèmes de vols et d’enlèvements répétés d’animaux des pasteurs et agropasteurs, des conflits communautaires récurrents au niveau de la bande frontalière avec le Mali.

A en croire les médiateurs communautaires, une solution à ces difficultés contribuerait certainement à la consolidation de la paix et de la sécurité mais aussi et surtout un développement harmonieux et la cohésion sociale.

Enfin, les médiateurs communautaires ont assuré de leur disponibilité à œuvrer inlassablement dans la prévention et la gestion des conflits pour le bonheur de leurs populations.

Les femmes se font aussi entendre

Les femmes ont été également adressé un message à l’endroit des autorités pour attirer leur attention sur la faible scolarisation des filles au niveau des communes rurales et l’inaccessibilité au processus d’enrôlement des enfants sur le fichier de l’Etat-civil.

Les femmes ont expliqué que l’enclavement de leurs zones complique l’accès aux centres de santé en saison hivernale, ce qui ne facilite pas les consultations prénatales et le suivi des femmes enceintes.

« Certaines femmes sont divorcées et abandonnées avec les enfants à leur charge. Nous sollicitons que les autorités prennent des dispositions qui permettent aux hommes de contribuer aux charges des enfants en cas de divorce », ont déclaré les femmes.

Par LDJ

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Source : Rédaction de Cridem