Après avoir traversé le Moyen-Orient, la colère contre la nouvelle publication française des caricatures du Prophète de l’islam a gagné le Maghreb, puis l’Afrique subsaharienne…
« Sentiment anti-français » : si le phénomène décrit par des observateurs, depuis quelques mois, est difficilement mesurable dans le Mali profond aux prises avec l’insécurité, une manifestation qui s’est tenue ces derniers jours avait de quoi gêner aux entournures les tenants de l’opération Barkhane.
À l’appel du Haut conseil islamique du Mali (HCIM) et à l’occasion de l’anniversaire de Mahomet, 5 000 fidèles musulmans exigeaient des excuses du président Macron, après sa défense du droit de caricaturer le Prophète…
Cette grogne malienne n’est qu’un épisode de ce jeu de dominos par lequel le mécontentement s’est répandu, pays après pays, plus rapidement qu’un Covid-20. Il y a quelques semaines, le journal satirique français Charlie Hebdo publiait à nouveau les caricatures danoises de 2005, le professeur Samuel Paty était décapité à Conflans-Sainte-Honorine pour avoir montré certains de ces dessins à ses élèves et la traînée de poudre traversait les frontières françaises.
« Campagne enragée » contre l’islam
Instrumentalisée par un président turc opportuniste, une vague d’indignation appelait au boycott de la Vache qui rit et autres produits français dans une partie du Moyen-Orient. Il n’en fallait pas plus pour que la frange Nord du continent africain entre dans la danse : Alger dénonçait une « campagne enragée » contre l’islam ; le ministère marocain des Affaires étrangères critiquait « l’immaturité » de caricaturistes « injurieux » ; le mufti de Tripoli organisait une manifestation ; le député tunisien Rached Khiari – cible, depuis, d’une enquête du parquet antiterroriste – assénait que le professeur décapité devait « assumer les conséquences » de ses cours.
Et l’Afrique subsaharienne d’emboiter le pas : le HCIM déclarait que « La France et les Français ont dépassé les bornes » en touchant « à l’intouchable » ; la Mauritanie exprimait son « indignation » ; la Fédération des associations islamiques du Burkina affirmait qu’insulter une « conviction religieuse ne saurait être une liberté d’expression » ; le Rassemblement des Sénégalais contre l’islamophobie, lui, appelle à marcher, le 7 novembre prochain…
Par Damien Glez
Source : Jeune Afrique