Quant à la la suite (Eumma Ba3dou), j’accuse réception de ton adresse épistolaire dont la publicité amplifie les accents graves. Flagrante précellence de l’expéditeur oblige l’excellence trouble du destinataire. Ton genre de frère et ami est décidément «insécable» (now3ak men lekhoutt ou las-h7ab ma yensekk outowv!).
Fausses rumeurs
Je salue la récidive de tes aveux dans les colonnes planétaires du monde entier en son média éponyme (03-12-2019).Qui en sait les oukases ne peut te suspecter dans le fond (ev dikhlik): «certains pensent qu’il existe un fossé profond entre l’ancien président Abdelaziz et moi. Je ne lui donne pas cette ampleur. Je ne cache pas qu’il existe un décalage entre nos visions et nos appréciations d’une situation donnée mais je pense que c’est l’environnement politique qui lui a donné plus d’importance qu’elle n’en a réellement. Elle a été amplifiée par tous les Mauritaniens, sauf moi, et cela va être résolu. Je n’épargne pas mes efforts pour calmer tout ça». Pourtant j’avais commis le péché capital de la chaise vide en politique : bouder le siège que tu m’offris à tes côtés au coeur des choeurs jubilaires de la fête nationale. Circonstances accablantes: inhospitalité sur mes terres, insulte au peuple, déferlement médiatique: «c’est assez banal. Il y a toutes sortes de rumeurs.Cela n’existe pas.Ce sont des fausses rumeurs».Pan sur le bec du canard fossoyeur des amitiés de…Trente ans!
Dealeur de délires
Coup du sort arithmétique, notre équipée sauvage (Mechrareu) compte une décennie de plus que l’amitié du président corrézien(Chirac) et son premier ministre turc (Balladur). Cette même décennie dont nos ennemis te lavent fissa avant de t’y enterrer après le funérarium judiciaire de ton frère d’armes. Autre pompon manquant à nos parrains françafricains: nos complicités marchandes et anthropologiques. Le chérif courtier de vigne spiritueuse (elouargueu: thé vert) et le marabout dealeur de délires spirituels dans les souks (Ebdjih). Tu sus rassurer notre marraine aussi experte de la chaise vide que fournie en généraux putschistes. Et je te reconnus bien-là (ma3rivti bik): mon jumeau putschiste et héritier complice, l’autre officier le plus rebelle de notre armée post-coloniale. Après tels serments, je savoure ma retraite stratégique.
Toujours aussi boursatile..?
Mais comment te taire que le papa de mes enfants m’inquiète. Ta parentèle djihadiste menace nos parrains dont l’armée bivouaque dans notre soudan. Ton premier ministre et son ministre des finances sabotent ton juteux discours à la nation. Et ton ambitieux programme de développement.Tu jures «sur fond propres». Ils confessent «bailleurs de fonds à 40%». Comment gaver tes hordes parlementaires et/ou tes hommes d’affaires? Et ton bataillon de soixante avocats jadis fieffés opposants et anti-putschistes: enrobés sans appel d’offre publique? Sont-ce les lingots d’or extraits du goudron? Comment te dire que la découverte du budget de la présidence me squatte l’encéphale : qu’est-ce vous avez fait derrière mon dos ? Toi, madame et nos enfants? Quels rapports avec cette sale affaire euro-bidonnée à la banque centrale ? Ne m’as-tu pas juré aux larmes que je ne t’y reprendrais après Ghanagate? Le papa de mes enfants toujours aussi «boursatile»?
Enième convocation
Pour autant, ton vaudeville (Keykout9ya) judiciaire ne m’offusque point : qui connaît le caractère de son chameau, il ne le désarçonne pas (Elli ya3rav Çan3et jemlou maye tayhou).Brèves de silence dans les locaux où je te casernais jadis. Articles foireux et sans effets. Pour te rassurer sur mon sommeil, je te dédie cette sagesse que j’appris soudain : «mes nuits,ô seigneur de manne, me furent d’égale bienfaisance. Mais de reste, jamais nuits ne font bien sans qu’elles nuisent après bienfaisance». Merci de répondre à mes questions.De mon côté, tu sais déjà que tu ne perds rien pour attendre : je te dis toujours tout sur tout et je ne fais jamais de tentative de coup d’état…Pardon, ton facteur arrive : énième convocation…T9walett!
Cheikh Touré