La vive émotion politique -dans le camp présidentiel- qui s’est déclenchée au cours de la semaine, sur fond d’une polémique au sujet d’un second mandat pour l’actuel chef de l’État, révèle la grande volatilité politique qui prévaut au sein de ce camp; au moindre signal politique défavorable, les passagers du “radeau de Panurge” sont prompts à sauter par dessus bord, à la recherche d’une éventuelle nouvelle embarcation!…
En acceptant de régler injustement ses comptes à celui qui l’a fait roi, son principal allié politique (l’ex-président de la République), sous les acclamations de l’opposition -Islamistes en tête- et des milieux de la corruption à col blanc, l’actuel président a irrémédiablement affaibli son propre camp. Les graves lézardes apparues au cours de cette semaine, préfigurent les tensions insurmontables qui assailliront l’actuel président, lorsque l’unité de façade en cours aura volé en éclats, à la faveur d’une parodie de procès contre l’ex-président, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz. A moins que l’instrumentalisation abusive des trois pouvoirs ne visent, dans les faits, à traîner en longueur les tracasseries contre l’ex-président, pour éviter l’épreuve de vérité politique…
L’actuel président sera inéluctablement confronté à un choix cornélien: ouvrir son gouvernement à une opposition vindicative et disparate ou se saborder politiquement en appelant à des élections générales anticipées. Dans ces deux cas de figure, l’actuel chef de l’État serait contraint de cohabiter avec une opposition politiquement “bigarrée”, une perspective nuisible pour la sécurité et la stabilité du pays, dans un contexte régional et international imprévisible.
Ceux, dans le camp de la majorité, qui tablent naïvement sur l’alignement de l’opposition derrière l’actuel président déchanteront à coup sûr, car les leaders de cette opposition, incapables de lâcher prise au sujet de la présidence d’un “partillon”, ne laisseront jamais passer la moindre chance d’accéder à la magistrature suprême du pays ou à maximiser leurs gains parlementaires, régionaux ou municipaux.
La seule échappatoire plausible pour l’actuel chef de l’Etat, desservi par une conjoncture économique des plus défavorables, est de mettre fin à la zizanie au sein de son propre camp, en évitant de mettre le doigt dans un engrenage politico-judiciaire infernal pour le pouvoir et pour le pays, et ce en mettant un point final au règlement de comptes politiques contre son prédécesseur et en mobilisant les troupes pour « sécuriser » politiquement un premier mandat à peine entamé et préparer les prochaines échéances électorales qui risquent fort d’être plus que disputées…
Isselkou Ould Ahmed Izidbih
Source : Le calame