La Commission nationale des Droits de l’homme en Mauritanie lance un appel aux ONG nationales et internationales pour collaborer avec les mécanismes mis en place pour lutter contre l’esclavage et les difficultés d’enrôlement à l’état civil.
Elle promet depuis plusieurs mois des enquêtes et une justice indépendante lorsque des cas sont mis au jour, mais les militants antiesclavagistes et des droits de l’homme ne sont pas convaincus par cette initiative.
Le président de la Commission nationale des Droits de l’homme promet la tolérance zéro en ce qui concerne l’esclavage et les discriminations lors de l’inscription dans les fichiers d’état civil. Maître Ahmed Salem Ould Bouhoubeyni appelle donc les ONG à signaler les cas qu’elles pourraient recenser.
« Nous avons mis sur pied un mécanisme avec l’arsenal juridique complet avec les tribunaux qui sont opérationnels. Nous pensons que nous sommes aujourd’hui en mesure de traiter de façon crédible tout cas présumé d’esclavage. »
Mais Biram Dah Abeid, candidat de l’opposition aux dernières présidentielles et qui a fondé l’ONG Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), principal mouvement anti-esclavage du pays dénonce au contraire une détérioration de la situation des droits de l’homme depuis l’arrivée au pouvoir du président Mohamed Ould Ghazaoui.
« Cette prétendue initiative de la CNDH est une manœuvre de diversion, une opération de communication, parce que depuis l’arrivée de ce président, on arrête même plus les criminels d’esclavage, ils sont systématiquement libérés et protégés par les juges et la police. »
En 2014, la Mauritanie s’est dotée d’une loi criminalisant l’esclavage mais selon The Global Slavery Index, le pays compte encore 90 000 esclaves, ce qui représente plus de 2 % de sa population.