Depuis quelques années et au risque de me répéter, je rappelle constamment la fragilité congénitale qui a marquée la naissance aux forceps de notre pays, mettant en garde tous les acteurs de notre spectre politique contre le danger des positions maximalistes.
Seuls le patriotisme, l’abnégation, la tolérance et l’aptitude à la pratique du dialogue peuvent nous prémunir contre les dangers intérieurs et extérieurs.
C’est par le dialogue constant, les compromis difficiles que notre pays a pu dépasser les écueils qui hypothéquaient sa difficile naissance. Aujourd’hui ce legs est entre nos mains dans un monde ou les grandes puissances peinent a garder leurs équilibres, dans un continent ou les états tombent comme des châteaux de cartes.
La question qui se pose aujourd’hui et sur laquelle notre peuple et le monde nous attend, c’est de savoir ce que nous sommes a même de faire pour préserver le legs si précieux que nous avons entre les mains. L’histoire écrira des pages sur ce que nous aurons fait de ce legs des pères-fondateurs.Son jugement est parfois terrible. La Tunisie pays frère et ami a la Mauritanie et qui l’a beaucoup aide sur tous les plans des son accès a l’indépendance vient d’écrire de belles pages de son histoire politique récente qui ont été mondialement saluées. Puisse l’exemple de ce pays ami nous inspirer.
Je ne suis ni un acteur quotidien de la politique, ni un spécialiste de la prospective. Je suis juste un citoyen lambda qui aime son pays et qui se prévaut de bons rapports avec tout le spectre politique et public. A mon humble avis la priorité des priorités est de pacifier la scène politique et engager un dialogue serein et dynamique. Pour arriver à cette situation voici quelques actes qu’il faut poser :
A-Première phase
Un code de bonne conduite
-Arrêter tous les discours de quelque nature qu’ils soient tendant à discréditer les partis ou les personnes de la scène politique dans son ensemble.
-S’interdire toute forme d’encouragement sous quelque forme que ce soit a des groupes ou des personnes qui transgressent les dispositions constitutionnelles ou qui mettent en danger la cohésion nationale. Cela ne veut pas dire occulter ou se désintéresser des ces problèmes. Bien au contraire, il faut qu’ils soient pris très sérieusement en charge par toute la collectivité nationale pour éviter que des groupuscules en fassent un mauvais usage.
-S’engager à considérer que les différences des positionnements politiques ne doivent pas être une source de haine ou de mépris mais une saine émulation que chacun exerce pour l’aboutissement de son projet politique et ses ambitions pour le pays.
B-Deuxième phase
Un dialogue apaise et constructif
Si la paix des cœurs est obtenue, si la diabolisation mutuelle est arrêtée, rien n’empêche qu’un dialogue soit engage. Il aura l’avantage de sanctifier le pays contre les dangers intérieurs et extérieurs et poser des actes forts de nature à rassurer tous les acteurs sur les élections à venir. Il y’a suffisamment d’expertise nationale pour auditer et enrichir tout l’arsenal juridique et organisationnel relatif aux élections et leur contrôle pour en faire un modèle qui ne laisse aucune place aux fausses interprétations ou les contentieux.
Les acteurs politiques doivent avoir la certitude de participer à une compétition qui offre des chances égales à tous. Le peuple doit être sur que sa volonté sera respectée.Seuls le décompte transparent des urnes et la qualité des programmes départageront les compétiteurs.
La majorité actuelle vient de commencer un second mandat ce qui ouvre la perspective d’une possible alternance au pouvoir. Cette occasion ne doit pas être ratée et demande une grande préparation apaisée et bénéfique pour le pays. Chaque pole doit commencer son travail politique des maintenant mais cela passe nécessairement par un assainissement du climat politique entre acteurs. Pour que ce dialogue soit efficient et crédible, les représentants de chaque partie doivent avoir les pouvoirs les plus larges et le crédit nécessaire pour créer d’emblée le climat indispensable pour faire aboutir la seconde phase.
Pour aider au bons aboutissement de ce travail et pour éviter de buter sur certaines difficultés, on peut prévoir de confier une mission de facilitation a deux ou trois personnalités nationales reconnues pour leur expérience, leur patriotisme, leur neutralité et acceptées par tous. Aucun protagoniste ne doit s’adonner a la surenchère, ni demander l’impossible. Ce sont ses comportements qui ont fait le lit de certaines tentatives de dialogue.
Majorité et opposition doivent venir au dialogue avec un esprit ouvert et une volonté de se faire de mutuelles concessions. Certains diront que je suis un idéaliste ou un simple d’esprit. Je dirais simplement que ma connaissance du pays m’a appris que depuis l’indépendance nos hommes politiques ont toujours réussi à faire aboutir des dialogues difficiles pour juguler leurs mésententes et consolider l’unité du pays. Le seul grand vainqueur a été constamment laMauritanie.
L’apaisement des rapports politiques, le dialogue serein et responsable que j’évoque ici, seront le meilleur gage pour la stabilité de notre pays et la poursuite de son développement dans ce monde en tourmente. Cette entente nationale au moment ou des groupes opportunistes agitent des chiffons rouges, sera un sursaut patriotique à l’actif des vrais acteurs politiques et le paiement d’une partie de la lourde dette d’honneur que nous devons tous à ce pays qui nous a tant donné .C’est aussi un hommage posthume et bien mérité a ceux qui ont porté la République Islamique de Mauritanie sur les fonts baptismaux.
Cet apaisement des rapports politiques, ce dialogue serein et responsable ne peuvent aboutir sans vaincre au préalable nos propres démons. Cette étape capitale passe par une introspection lucide et courageuse que nous, élites pensantes toutes générations confondues détentrices des leviers politiques, administratifs et économiques depuis l’indépendance devront nécessairement faire en commençant par :
-Laisser de coté nos égoïsmes personnels, nos replis tribaux, régionaux et communautaires
-Donner une image de la pratique politique et du service public, plus morale, plus apaisée et de plus en plus centrée sur les citoyens et leurs vraies préoccupations surtout les couches les plus faibles
-Faire plus de place pour notre pays et nos concitoyens dans nos cœurs et non dans nos discours de circonstances, de propagande politique ou de quête permanente de postes et de biens matériels
-Transformer cette tendance que nous avons à nous entredéchirer en un combat d’ensemble ou le dialogue et la paix des cœurs remplacent les querelles de chapelles.
Nouakchott, Janvier 2015
Brahim Salem ould Elmoctar ould Sambe dit « ould Bouleiba »