De nombreux Mauritaniens vivant dans le dénuement se plaignent d’avoir été oubliés des actions sociales du gouvernement dans le cadre de la répartition du Fonds national de solidarité visant à atténuer les effets économiques négatifs de la pandémie du coronavirus (Covid-19).
Pour rappel, à la suite de la découverte des premiers cas positifs de coronavirus (Covid-19), le gouvernement mauritanien a pris des mesures administratives et sécuritaires visant à briser la chaîne de transmission de la pandémie.
Des actions sanctionnées par un réel succès, qui ont ainsi permis de limiter le nombre de malades à huit (8) personnes, dont un décès et 7 guéris depuis une dizaine de jours.
A rebours de cette réussite, les mesures portant sur la restriction des déplacements (couvre feu), la fermeture des commerces non essentiels et de toutes les activités informelles… ont eu des conséquences économiques et sociales désastreuses pour une population active vivant majoritairement grâce aux petits métiers.
En réponse à ce contexte, le président Mohamed Cheikh El Ghazouani a annoncé la création d’un Fonds national de solidarité pour faire face aux effets du coronavirus (Covid-19), à travers un message à la nation prononcé le 25 mars dernier.
Une cagnotte, dans laquelle l’Etat a versé 25 milliards d’anciennes ouguiyas (soit environ 670 millions de dollars) est également ouverte aux contributions des privés nationaux et partenaires étrangers.
Dans les détails, le président de la République précisait qu’un montant de 5 milliards d’anciennes ouguiyas (soit environ 37 millions de dollars) sera versé à 30.000 familles vulnérables à travers tout le pays.
Un chiffre de bénéficiaires jugé dérisoire par «Kassayta», un organe de la diaspora, qui relève que sur la base des chiffres de l’Office national des statistiques «la Mauritanie compte plus de 300.000 personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Ainsi, la mesure en faveur de 30.000 familles annoncées par le président Mohamed Cheikh El Ghazouani laisse sur les carreaux plus de 90% des populations vivant dans la précarité».
Le dernier Recensement général de la population de l’habitat (RGPH) organisé en avril 2013 estimait la population de la Mauritanie à 3,38 millions d’habitants. En 2015, les Mauritaniens sous le seuil de l’extrême pauvreté représentaient 31% de la population.
La triste réalité des oubliés du fonds contre les effets du Covid-19 est illustrée par les propos de ON. Une dame domiciliée à Basra, un quartier de la commune de Sebkha (populeuse banlieue Sud-Ouest de Nouakchott): «Nous n’avons rien reçu de l’assistance alimentaire annoncée par les autorités. Pourtant on est parfaitement éligibles par rapport aux critères dégagés pour la mise en oeuvre des mesures du gouvernement. J’ai été exclue sous le prétexte fallacieux de loger dans une maison en dur. Pourtant, un individu habitant sa propriété, quand bien même ce serait une baraque, est dans une situation meilleure qu’un locataire d’une cour commune».
D’où encore ce cri du cœur de Kassayata: «Ces oubliés de la République sont de plus en plus nombreux à vouloir se faire entendre car leur situation est invivable. En effet, beaucoup de ces pauvres qui vivaient de petits boulots et du mini commerce dans les marchés (fermés) se sont retrouvés au chômage sans filet de secours».
Face à la situation précaire des zappés de la solidarité gouvernementale, le même organe enchaîne: «Ces silhouettes qu’on feint de ne pas voir, entassées dans des habitations précaires, se moquent de la communication politique. Au-delà des statistiques, ces oubliés de la République ont des noms, des visages, des trajectoires de vie et surtout une histoire».
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya
Source : Le360 Afrique (Maroc)