Jeudi 23 Avril, une fille de 5 ans a été violée dans la ville de Keur-Macène, au sud du pays. L’auteur du viol a été déféré puis écroué à la prison de Rosso, selon une source. Toujours dans la région du Trarza, et plus précisément dans le village de Leggatt au Sud-Est, une autre fille a été violée par un homme la vingtaine dépassée. Celui-ci a été libéré après son arrestation (…) , rapporte une source proche de l’AFCF.
Il y a de cela quelques jours, nous avons rencontré une maman alors une douleur indicible se lisait sur son visage et sur celle de sa fille victime de viol. Sa fille de 13 ans, de retour des cours de rattrapage, a été attirée dans une ruelle par un homme conducteur de taxi qui l’a violée.
Des passants l’ont retrouvée, évanouie. « Ma fille souffre dans sa chair », soupire sa maman, 45 ans environ. Selon, une assistante de l’ONG AFCF, ce cas n’est pas isolé. « Nous recevons régulièrement des personnes victimes de viol et d’autres agressions sexuelles pour une première consultation par les services médicaux des hôpitaux et un certificat médical leur est délivré pour des poursuites judiciaires », affirme-t-elle.
La recrudescence des cas de viols prend des proportions alarmantes en Mauritanie et plus particulièrement à Nouakchott-Sud et en cette période de couvre-feu et les mineures restent la couche la plus touchée par ce phénomène.
Les sites d’informations de la place relatent régulièrement ce type de violence : 20 fillettes violées au courant du mois d’avril courant les plus souvent par des hommes âgés, 3 filles de 4 ans, ont été violées et jetées dans les ruelles par un même homme victime, KOS, une adolescente violée puis tuée sauvagement par un homme.
Pour Aminetou Mint Mokhtar, présidente de l’ONG l’Association des femmes chefs de familles (AFCF) basée à Nouakchott, et qui a des antennes régionales « les valeurs basculent, les gens n’ont plus de repères et malheureusement, les enfants en font le plus souvent les frais parce qu’ils constituent la proie facile ».
Elle ajoute : « Avant, l’enfant était protégé par toute la collectivité, mais maintenant avec l’insécurité et les problèmes économiques, l’enfant est livré à lui-même et aux maniaques sexuels ».
« Il est urgent que des lois soient votées et ratifiées par le gouvernement pour sanctionner les auteurs des crimes et des viols. De ce fait, on ne pourrait dire que ce phénomène est plus accru que dans le passé », affirme une autre militante des Droits humains. « Seulement, avec l’avènement des médias, les faits sont de plus en plus portés à la connaissance de l’opinion nationale et internationale », précise-t-elle.
Cependant, selon des organisations non gouvernementales (ONG) actives dans la protection de l’enfant, c’est environ des centaines cas de viol qui sont recensés par an, et la plupart de ces crimes se passent dans la banlieue ou autour des villes. Mais, des organisations estiment que ce chiffre est en deçà de la réalité, la plupart des cas n’étant pas portés devant les tribunaux.
En effet, « certains cas sont étouffés par la famille si le criminel est dans l’entourage proche de la victime (père, oncle, maître coranique, l’enseignant…) Dans d’autres cas, à cause des pesanteurs socioculturelles, le crime est enterré après un arrangement à l’amiable avec quelquefois de l’argent, des interventions en faveur du criminel, ou des menaces qui réduisent la famille et la victime au silence », soulignent des sources.
Selon l’une des coordinateurs de l’AFCF, le viol est une grave violation des droits de la personne parce qu’il porte atteinte à son intégrité physique et psychique.
Nous sommes préoccupés par l’ampleur du phénomène que nous essayons de combattre. Un dispositif législatif répressif et dissuasif doit être mis en place, souligne celle-ci.
Mais, les ONG de protection des enfants et des droits humains ne baissent pas les bras devant cette recrudescence de viols et de crimes atroces, dit-elle. Elles aident les victimes dans le long processus de suivi médical, judiciaire et psychiatrique. Ainsi, des avancées ont été notées car « plusieurs personnes accusées de viol ont été ont jugées, reconnues coupables et écopent de peine d’emprisonnement ferme », selon des ONG.
Cependant, le suivi psychiatrique constitue le principal problème de ces ONG. « Un enfant violé souffre de traumatisme grave qui peut le suivre toute sa vie s’il n’est pas pris en charge correctement. La fille peut souffrir du manque d’estime de soi, se dévalorise et développe un comportement qui peut être la base d’échecs scolaires » déclare Aminetou.
Par A. SIDI
Source : Tawary (Mauritanie)