26 novembre 2019, nous faisions un signalement au près du Procureur Général pour dénoncer des enregistrements vocaux commis par Monsieur Didi Ould Bye et dans lesquels il portait atteinte à l’une de nos composantes nationales.
Dans ces enregistrements, Ould Bye, s’adressant à un auditoire de son entourage, affirmait, en substance, qu’il n’était pas acceptable qu’on laisse les tombes de leurs vénérables aïeux proies au piétinement des « ânes et des H’ratin ».
Faisant suite à cette démarche judiciaire, nous avions organisé plusieurs sit-in devant les locaux de la Cour Suprême pour demander qu’une information soit ouverte à l’encontre d’Ould Bye par application de la loi 023/2018 incriminant le discours de haine et la ségrégation.
Nous avons appris, par la suite, que le Parquet, après un mois du dépôt du signalement, avait demandé au Commissariat spécialisé de convoquer le prévenu et d’entamer la procédure prévue par la loi. A cette occasion, nous avons, au sein de la Fondation Sahel, été convoqués pour être entendus en tant que partie civile dans cette affaire.
La semaine dernière, suite à l’affaire Youssef Hmeity qui commettait le même type d’agression contre la même communauté et en des termes similaires, la Fondation Sahel publiait une mise au point dans laquelle elle se demandait si le dénommé Didi Ould Bye était au dessus des lois de notre pays pour rester hors de portée de la convocation du juge comme le sont d’autres citoyens.
Il y a de cela trois jours, le 16 avril 2020, nous reçûmes une convocation de la part du même commissariat pour nous informer que le dossier de Ould Bye était toujours ouvert mais que ce dernier était, pour le moment, à l’étranger en précisant qu’il sera convoqué pour être entendu dès qu’il rentrera au pays.
S’appuyant sur le caractère imprescriptible des crimes visés par la loi incriminant la ségrégation, nous avons exprimé au Commissaire notre compréhension de sa position tout en affirmant le maintien de notre totale vigilance.
La Fondation Sahel, tout en saluant la proactivité des autorités judiciaires dans la lutte contre la ségrégation, le discours de la haine et les menaces sur la paix sociale, invite ces dernières à bien faire la différence entre les cris de douleur émis par les victimes de l’injustice d’une part et les manifestations de la culture multiséculaire du mépris, de la domination et de l’impunité d’autre part.
Autant les auteurs de ces crimes méritent d’être poursuivis et durement châtiés autant leurs victimes doivent être comprises et réconfortées.
Nouakchott le 19 avril 2020
La Commission de communication
Source : Brahim Bilal Ramdane