ALASSANE BA est un haut cadre financier mauritanien qui a officié plusieurs années à la Banque Africaine de Développement (BAD) en occupant de hautes fonctions.
Il deviendra ensuite Directeur Général de SHELTER Afrique qui est la seule institution africaine de financement appuyant le développement de l’habitat et le secteur immobilier. Il prend position sur cette grave pandémie et ses conséquences.
« Je suis choqué d’entendre à ce stade de la pandémie les demandes incessantes d’annulation de la dette bilatérale. Il faut que nos dirigeants nous montrent où a été utilisé cet argent et quels sont les impacts sur les populations. »
COVID-19. Est une vraie crise avec son lot de dévastation et surtout d’interrogations sur le monde post COVID 19?
J’espère que les dirigeants africains sauront tirer les bonnes leçons à savoir la nécessité d’avoir des pouvoirs légitimes capables de protéger les populations contre tous les risques en offrant des systèmes de santé de qualité accessibles à tous, un bon système éducatif qui prend en charge tous les enfants et combattre sérieusement la corruption, les détournements et autres malversations. Un seul appel sied à la situation : gérons vertueusement. Chaque unité monétaire des deniers publics doit être utilisée là il faut avec le maximum d’impacts sur les populations.
Je suis choqué d’entendre à ce stade de la pandémie les demandes incessantes d’annulation de la dette bilatérale. Il faut que nos dirigeants nous montrent où a été utilisé cet argent et quels sont les impacts sur les populations. Des États responsables ne doivent pas reposer sur des demandes incessantes d’annulation de la dette bilatérale.
Continuer à s’endetter auprès des pays et ensuite demander en cas de changement significatif de l’environnement économique et financier l’annulation est inacceptable et crée de mauvaises incitations à plus de rigueur.
Les promoteurs de l’annulation de la dette sont en train de favoriser l’aléa moral dans la gestion de la dette. Il est plus pertinent de demander le report d’échéances ou la restructuration de la dette ou d’autres innovations mais pas l’annulation. L’Afrique a besoin d’établir sa crédibilité et respecter l’adage: qui paie ses dettes s’enrichit. Nous ne voulons plus être des mendiants. Nous voulons emprunter plus pour financer nos économies dans la transparence et l’efficacité. Si nous demandons l’annulation de la dette, pourrions-nous emprunter plus? Aucun pays au monde ne s’est développé avec des demandes incessantes d’annulation de la dette.
Après cette crise sanitaire, le nouveau feuilleton qui s’ouvrira sera le nouvel ordre économique mondial. L’Afrique doit y prendre sa place dans une posture de confiance nourrie de la certitude que c’est le temps de l’Afrique qui gagne parce qu’elle a recouvré son estime de soi.
Par Alassane BA
Source : Eveil Hebdo