La tension continue de monter autour du projet de barrage de la Renaissance construit par l’Éthiopie sur le Nil.
Mais les pays voisins, notamment l’Égypte, s’inquiètent des conséquences sur leur accès à l’eau du Nil. Les relations entre Le Caire et Addis-Abeba sont à couteaux tirés depuis plusieurs mois. Et les choses ne vont pas s’arranger car l’Éthiopie a déployé l’armée près du barrage.
Les images tournées par la télévision d’État éthiopienne parlent d’elles-mêmes : on y voit des chars, des véhicules militaires et des dizaines de soldats se déployer non loin du barrage de la Renaissance. Addis-Abeba montre ses muscles, alors que les négociations avec les pays voisins sont bloquées.
Ce déploiement de force tombe juste au moment où les Éthiopiens célèbrent les 9 ans du chantier. Une construction achevée à 72% et qui va se poursuivre coûte que coûte.
En effet, à l’occasion de cet anniversaire, le Premier ministre a annoncé que les travaux se termineraient en juillet, et que le remplissage du barrage commencerait dans la foulée. « Pour nous, c’est la seconde chose la plus importante après la vie humaine », a déclaré Abiy Ahmed, qui a appelé les Éthiopiens à continuer à financer le chantier par téléphone ou en achetant des obligations.
Malgré la pandémie de coronavirus, le Prix Nobel de la Paix a promis que les travaux iraient jusqu’au bout. Son gouvernement a d’ailleurs rappelé que des mesures avaient été prises pour protéger les ouvriers du Covid-19.
Une marche en avant inquiétante, alors que les États-Unis ne sont plus considérés comme un médiateur objectif par l’Éthiopie. Le Premier ministre soudanais a bien proposé de relancer le dialogue. Abdallah Hamdock souhaite se rendre au Caire et à Addis-Abeba une fois le Coronavirus vaincu. Mais l’Éthiopie ne semble pas du tout vouloir attendre une fin hypothétique de la pandémie.
De notre correspondant à Nairobi,
Sébastien Nemeth
Source : RFI Afrique