Ce sont ses représentants qui, le plus souvent alimentent le feu, créent la zizanie, instrumentalisent les solidarités claniques, provoquent la discrimination et les frustrations qui en résultent.
Ce que beaucoup de monde ignorent, surtout à l’étranger mais aussi chez beaucoup de mauritaniens de bonne foi, notamment dans les milieux négro-africains, c’est que la coloration chauvine et raciale des recrutements et autres nominations est non la cause, mais la conséquence de discriminations tribales. C’est le nœud gordien.
Prenez l’exemple des recrutements dans les différentes sphères de la Fonction publique. Le responsable d’une institution publique étant un émir dans son émirat, recrute à plein régime et de plus en plus sans vergogne, non seulement des membres de sa tribu ou fraction de tribu mais aussi et même surtout, de plus en plus, exclusivement, des gens de son clan familial. Comme de plus en plus souvent maintenant ce responsable appartient à la communauté arabe de teint basané, ce qui en résulte dans l’opinion de manière visible, apparente, c’ est que seuls des » basanés » sont recrutés à l’ exclusion des noirs.
Le problème est que les autres basanés qui ne sont pas recrutés puisque n’ étant pas de la même tribu ou du même clan familial que les autres apparaissent comme doublement frustrés : 1. Ils sont discriminés puisque non recrutés à cause de leur appartenance tribale. 2. Ils se sentent souvent accusés injustement d’ être bénéficiaires d’ un système duquel pourtant ils sont exclus.
Nombre de listes de « blancs » recrutés ( sans concours, sans tambours ni trompettes) sont, non des listes raciales, mais tribales – même si la couleur de la peau est ce qui frappe le plus aux yeux, à première vue.
En Mauritanie, le véritable virus racial et chauvin a un nom – et il est par nature, un rétrovirus : le tribalisme.
Gourmo Abdoul Lo