Plusieurs autocrates, jadis courtisés par de nombreuses grandes puissances et reconnus comme chefs d’État exemplaires par l’Union africaine, comme l’ Angolais Jose Eduardo dos Santos, le Sud Africain Jacob Zuma, le Soudanais Omar Al- Bechir et le Mauritanien Mohamed ould Abdel Aziz ont non seulement perdu le pouvoir mais doivent aussi désormais faire face à la justice et au détricotage de leur régime ayant dévitalisé l’État et siphonné les ressources de leur pays.
Jose Eduardo dos Santos croyait naïvement en désignant son successeur et fidèle compagnon, Joao Lourenço, que son clan familial pourrait continuer son entreprise de captation des richesses du pays. Il s’est trompé. Isabel et son frère Jose Filomeno ont perdu leurs biens mal acquis et sont dans les filets de la justice. Jose Eduardo dos Santos va bientôt devoir répondre de ses crimes économiques. Son successeur ne le lâchera pas même s’il vit en exil.
Jacob Zuma a été plus directement invité par son parti (ANC) de céder le pouvoir à son vice-président Cyril Ramaphosa. Très impliqué dans les marchés publics offerts à la famille Gupta, dans les pots-de-vin aux entreprises soumissionnaires et dans certaines malversations, Jacob Zuma, zoulou et polygame, sait que la justice sud-africaine ne lui fera aucun passe-droit.
Omar Al-Bechir a été classiquement affaibli par les mouvements populaires puis les militaires l »ont destitué. Le vieux dictateur (30 ans de pouvoir) est désormais emprisonné. Les prochains procès vont concerner sa gestion de la crise au Darfour, les détournements de fonds et la corruption qu’il avait instaurés dans les rouages de l’État et ses crimes contre l’humanité. Sous la pression des Etats-Unis d’Amérique, qui ont pris la place de la Russie, il n’est plus impensable de voir un jour Omar Al-Bechir à la CPI.
Mohamed ould Abdel Aziz avait toute confiance en son vieux camarade, militaire comme lui, Mohamed ould Ghazouani. Ne pouvant pas briguer un troisième mandat consécutif, c’est tout naturellement vers son » ami de trente ans », chef d’état-major de l’Armée et ancien.ministre de la Défense que Mohamed ould Abdel Aziz s’est tourné pour assurer une succession qu’il pensait interimaire. Comme Jose Eduardo dos Santos, l’autocrate Aziz se trouve désormais non seulement hors jeu de la politique, mais son clan commence à payer les dix années de corruption, de malversations, de manipulations politiques et de népotisme.
Cantonné quasiment en résidence surveillée, l’ancien raïs voit son parti lui échapper, ses fidèles partisans être inquiétés par la justice et sa famille perdre les postes qu’elle avait obtenus sans en avoir le mérite. L’ Assemblée nationale vient de voter favorablement la création d’une commission d’enquête sur la décennie Aziz. Le processus est enclenché..
Cette litanie de despotes devrait faire réfléchir ceux qui se cramponnent encore au pouvoir avec le soutien des grandes puissances et de certains lobbies des affaires. Qu’ils ne se trompent pas, lorsque la Rue se transforme en révolution, ils seront lâchés par les uns et les autres et surtout leurs forces de sécurité …. et rejoindront la déshonorante liste des despotes déchus, honnis par leur peuple.