Quelques jours avant la conférence de presse de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, j’avais exprimé à mon collègue Ahmed Baba Ould Alati mon désir de mener une longue entrevue avec le président.
Parce que je connaissais la relation d’Ahmed Baba avec Ahmed Douh, qui était chargé de la communication auprès de l’ancien président. Cela n’a pas donné de résultat dans l’immédiat cependant c’était l’occasion de rappeler au président, qu’il y avait un journaliste qui n’avait jamais pu obtenir de rencontre avec lui tout au long de son règne. J’ai donc été convoqué à la conférence de presse dont certains collègues ont malheureusement raté.
Quelques jours après la conférence, Ahmed Douh m’a appelé pour me dire que le président a accepté de me rencontrer … et que mon rendez-vous avec lui est fixé à demain.
Il n’y a aucun signe qui indique que je me dirige vers un président. Il n’y a pas de clameurs devant la maison ni de soldats. Je m’attendais à la présence de foule de créanciers de Cheikh Ay Ridha ou de certains de ceux qui étaient opposés à lui ou à un stand monté par ceux qui clamaient que le «criminel, voleur, corrompu » était à l’intérieur de ces murs … il n’y a aucune trace de tout cela.
Devant la façade en pierre, un jeune homme en civil m’a intercepté, je lui ai communiqué mon nom. Il a ouvert le grand portail et désigna le grand salon, dans lequel nous avions tenu la conférence de presse, il y a quelques jours. Devant le salon, j’ai remarqué qu’il y avait des chaussures de jeunesse équipées de deux lacets en cuir croisés. Je me suis dit que quelqu’un d’autre attend peut-être, je me suis retrouvé devant le président Aziz …
Il est assis sur le canapé du salon, une production quelques jus de fruits, devant lui (je pense qu’ils ne sont pas d’une production locale) et un verre de sirop (je pense que c’est local) … J’ai fait des pas et j’ai ralenti pour voir s’il allait s’avancer vers moi. Il ne l’a pas fait. Il est resté assis, jusqu’à ce que j’approche, puis il s’est levé et m’a salué et s’est assis. Il n’a pas parlé, attendant que j’avance des propos …
Je lui ai dit que j’avais demandé l’interview, il y a onze ans, que je l’avais ré-demandés, il y a quelques jours et que la réponse m’est arrivée trop tard. Là, il s’est mis à rire, s’est tourné vers moi et a commencé à se détendre et à émettre des blagues. Il était gai et sarcastique de tout le monde qu’il cite, mais quand arrive le tour d’Ould Ghazouani, l’humeur change, la forme du visage et le regard aussi, le discours s’intensifie, et il commence à prononcer, puis s’arrêter lorsque je remarque qu’il est sur le point de divulguer des informations importantes.
Tout au long de la discussion, je m’attendais à écouter de nouvelles informations sur Ghazouani. Mais au plus fort de la colère, il n’a rien révélé. Tantôt, il dit : « peu importe. » Une fois, il a dit: «Je ne chercherai pas à saper son autorité». Tantôt il dit : «C’est son affaire », et une autrefois : «il est le président maintenant».
Après la fin de la conversation, je lui ai dit que je publierai l’entretien. Il a dit qu’il ne s’agit pas d’une interview et que pour que ce soit le cas, je dois lui envoyer ce que je veux publier afin d’accepter ou non sa publication. Au moment où nous voulons sortir. Il m’a dit: mais dis-moi, pourquoi tu t’es opposé à moi?! J’ai dit: Parce que vous êtes un militaire, vous avez arraché le pouvoir à un civil, alors que vous étiez censé rester dans la caserne.
Avant que je termine la phrase, il a dit : je ne t’ai pas demandé cela pour que tu sois de mon coté. IL a ri, en disant: Être d’ailleurs, de mon côté maintenant, n’a plus d’importance ? En souriant, il m’a salué d’un au revoir. Je ne suis pas entré dans le palais ou la maison et je n’ai pas vu un mouvement de personnes, comme si le président vit maintenant seul.
Traduit par Adrar.info
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Ci-dessous la traduction par la rédaction de Cridem
Je suis retourné quelques jours après afin qu’il arrange ses réponses, mettant les surnoms à leur place et supprimant certaines choses, qui, à son avis, ne sont pas destinées à la publication. Aziz a appelé au cours de l’entretien, une personne qui lui a amené son petit-fils, qu’il semble vouloir l’accompagner en brousse. Le gosse errait dans le salon pour donner au lieu un semblant d’âme et de sourire et pour apaiser quelque peu soit la colère de son grand-père, qu’il manifeste, chaque fois que je lui rappelle son compagnon. Il fit un appel téléphonique, que j’ai cru être un gros marché, puis il a dit: « pas de problème. Apporte-la… » .
Un employé portant deux bouteilles d’eau entra dans le salon une heure aprés, qu’il déposa dans un panier installé à côté de lui, disant : celui des deux têtes est excellent, demandant au travailleur de rendre celui-ci et d’amener un autre. » (Je pense qu’il parle maintenant d’un marché de mille UM environ avec la monnaie laissée à l’employé)… J’ai dit pourquoi ces choses? Il répondit: pour arroser le jardin. Mon attention fut également attirée par le fait qu’il continue de garder dans sa chambre la balle Toueila, pour s’en souvenir peut-être …
Une affiche de prière non exaucée
Alors que je fumais dans le kiosque réservé aux gardes, mon attention fut attirée par cette grosse affiche, interpelant à ce propos le garde, selon lequel, c’est un présent fait par un homme, selon lequel, il a donné des exemplaires au président Ghazouani et Cheikh Deddew, disant qu’il l’appelle « l’affiche de la prière exaucée ». Avez-vous informé Aziz, lui dis-je ? Oui, mais il nous a ordonné de le laisser ici et de ne pas le faire entrer … La plus grosse affiche du genre est restée dans la chambre des gardes. La prière exaucée refusait d’être du côté d’Aziz cette fois … Ce que j’ai compris est qu’Aziz ne se soucie pas de ces superstitions.
Tu parles peut-être de mon voisin!
Il a rappelé une fois, alors Chef d’État-major particulier, au moment où il sortit de chez lui, avoir croisé un journaliste qui l’attendait, qui tira un papier de sa poche et commença un article, dans lequel, il décrit les valeurs de morale, d’honneur et de générosité … Aziz dit l’avoir interrompu en disant : tu parles peut-être de mon voisin! Je n’ai aucune des descriptions que tu as mentionnées. Aziz a fait ce rappel, pour mettre en exergue le ridicule de certains professionnels de la presse, sans citer évidemment son nom. Remarque: quand il évoquait ses propos privés avec certains, il disait « je détiens les preuves « . L’ancien président enregistrait-il les conversations privées?!
Je l’ai interrogé à propos de sa conférence de presse et pourquoi il s’est exprimé dans un langage, qui n’ait compris que par certains mauritaniens. Il répondit :« J’ai voulu parler aux chaines locales en premier, puisque je tenais à adresser un message aux Mauritaniens et parler avec un langage qu’ils comprennent, comme il est naturel pour moi de parler hassaniye dans laquelle j’excelle plus par rapport aux autres langues locales. L’important pour moi était de parler aux citoyens, rien qu’aux citoyens, puisque des fuites, disaient que je cherchais à déstabiliser une sécurité que j’ai bâtie et où j’étais présent dans les moindres détails, au point de risquer ma vie à plusieurs reprises pour être près de tous les évènements …
J’ai parlé aux Mauritaniens leur faisant comprendre que je suis toujours comme j’étais, soucieux de leur sécurité et de leur stabilité … Ma relation avec le Qatar était d’ordre financier ou autres, évoquaient les rumeurs, alors que la vérité c’est que, nous étions dans une alliance stratégique qui a frappé à nos portes et que nous n’avons pas écoutée, ce qui signifie que j’ai toujours considéré l’État du Qatar comme un danger pour le monde et qu’il a détruit les pays arabes, et parce que j’étais conscient de l’importance des États du Golfe et de nos relations avec eux, et conscient aussi que la rupture des liens avec le Qatar les conduirait à le soutenir, j’ai attendu jusqu’à ce qu’ils rompent leurs relations avec lui, alors que si j’étais suiviste, j’aurai rompu les relations avec l’Iran quand l’Arabie saoudite l’a fait, mais je ne l’ai pas fait, et vous ne savez peut-être pas que l’émir du Qatar a été surpris, quand je lui ai dit mon intention de rompre les relations avec Israël, sursautant de son siège et disant : le gel suffit.
Et quand j’ai demandé au président Aziz: s’il avait l’intention de rester au pouvoir? Et s’il est vrai qu’il a été contraint par ses amis militaires de se retirer, sa réponse a été très ferme:
C’est moi qui ai arrêté tous les chefs en 2005 et quand ils sont entrés dans la salle, feu Ely, paix à son âme, a pris le premier la parole et dit que la solution se trouve dans la constitution qui se trouve entre nos mains. J’ai dit à l’époque au Colonel Mohamed (désigne Ghazouani), qui était assis à côté de moi (en pointant le doigt en direction du palais): qu’est-ce que c’est? De quelle constitution parle-t-il? La constitution est effectivement suspendue jusqu’à l’élection d’un président.
Je me souviens que l’ambassadeur américain m’a dit: on m’a informé que vous êtes tombés d’accord. Je lui répondis en colère: non, nous ne nous sommes pas tombé d’accord. Jai appelé le conseiller juridique de l’époque et lui ai dit: comment parlez-vous d’une solution constitutionnelle avant les élections et l’élection d’un nouveau président? J’étais déterminé à ce qu’on s’engage dans le processus électoral pour remédier à ce qui est arrivé. Celui qui se rappelle de mon entretien avec «Voice of America», se souviendra que mes déclarations faites à ce média, portaient sur la feuille de route qui a été mise en œuvre et exécutée en peu de temps par rapport à ce que j’ai annoncé lors de cette réunion. Vous comprenez ici que je n’ai jamais cherché, une voie non constitutionnelle et illégale.
Nous nous sommes lassés du passé … Plus tard, sous le règne de Sidi, j’étais à un diner avec un chef historique de l’opposition, chez l’un de ses proches. Il s’adressa à moi en disant : pourquoi ne fais-tu pas un coup d’État contre l’homme… Personnellement, je ne vous ai rien demandé et je ne vous demanderai rien pour moi, mais je veux une gestion véritable de ce pays et le changement est devenu nécessaire. Je lui répondis : non et je ne le ferai pas. Il me dit : j’ai appris qu’il va vous limoger. Je lui répondis : qu’il en soit ainsi. Et quand je me suis assuré de la prophétie de l’homme, je suis entré, accompagné du Général Mohamed Ould Ghazouani, dans le bureau du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi (indiquant avec son index le Sud, où se trouve le palais).
Je lui dis : vous en votre qualité de Chef de l’État, agissez comme vous le voulez, mais laissez l’armée et éloignez-la de la politique. Nous nous trouvons dans des guerres ininterrompues contre le terrorisme et travaillons pour renforcer l’armée. Je lui ai également rappelé que nous avons licencié deux semaines avant cette rencontre, un haut officier supérieur, à la suite d’un contrôle, prouvant le pillage de biens. Il répondit : j’ai juste voulu équilibrer les choses. Puis il s’est tourné vers le Général Mohamed comme s’il cherchait un sauveur, et a dit: que pensez-vous? .. Il lui a répondu qu’il voit ce je pense …
Ici, je l’ai prévenu que la France faisait pression et comment il s’est débarrassé de ses pressions? Il répondit: la France, vénérée par les Africains, n’influencera à aucun moment mes décisions. Lorsque nous avons rencontré le Président Macron peu après à Bamako, en présence des Chefs et des ministres de la défense et des chefs d’État-major des armées des cinq États du Sahel, en plus de représentants des organisations internationales, il semblait vouloir donner le signal de l’action militaire. Je suis le seul à m’être opposé à lui en lui disant: êtes-vous arrivé auparavant à atteindre les zones d’incursions des terroristes. Il répondit par la négative, sur la base d’informations fournies par son Chef d’État-major.
Vous ne pouvez donc pas atteindre les terroristes, surtout à la lumière du manque de préparation des armées, dû en grande partie au retard des donateurs à honorer leurs engagements en plus d’autres problèmes. Aux Nations Unies, je les ai assurées que je ne suis pas disposé à engager mon pays dans une intervention improvisée et une guerre, pour le moins que l’on puisse dire, est mystérieuse. En effet, ma ferme conviction réside dans la séparation de toute corrélation entre des mouvements politiques qui ont leurs revendications et des groupes terroristes auteurs de massacres de vies humaines et de prise d’otages.
Nos relations avec la France au cours de ces dix années ont connu leur point culminant de prospérité, mais en respect de nos spécificités en tant que pays arabe musulman et dans ce cadre, je rappelle que j’étais le seul, au cours du mois béni du Ramadan à m’exprimer à l’Élysée en langue arabe, sur les 27 dirigeants qui ont pris la parole dont des Chefs d’État arabes, musulmans et européens…..
Mais comment votre relation avec votre compagnon d’armes s’est transformée pour devenir ce qu’elle est maintenant?
Pendant quarante ou quinze ans, j’étais celui qui dirigeait et gérait les affaires, et depuis le premier aout, c’est lui qui gouverne. Au moment où je dirigeais le pays, personne ne parle de lui et quiconque n’a pu l’évoquer ou brouiller nos liens. Depuis qu’il est au pouvoir, vous savez ce qui m’est arrivé et vous pouvez juger. Je me souviens une fois, qu’un militaire m’avait dit que Mohamed mènerait un coup d’État bientôt ; alors je lui ai dit immédiatement qu’il n’avait pas à prendre de risque parce que s’il voulait le pouvoir maintenant, j’y renoncerais avec plaisir pour lui, et il le sait bien. En conséquence, je ne suis pas responsable de la situation actuelle où j’estime que je ne suis pas responsable ce à quoi nous sommes arrivés …
Certes, je ne regrette pas et je ne me soucie pas de ma situation aujourd’hui, car le pouvoir est tantôt tendu, tantôt doux, mais il a le droit, c’est sa façon de gouverner, et il sait mieux. Certaines personnes veulent s’entourer de la satisfaction de tout le monde et il en fait partie. Ce qui importe peu pour moi, tant que je suis satisfait de moi-même et que ma conscience se réjouit. Je me souviens après 2005 que certains ministres se sont souvent plaints et demandé publiquement au Conseil des ministres de persécuter la presse et de museler certains médias, sous prétexte qu’ils ont été atteints dans leur vie privée et intimité et que c’était trop. Je me suis retourné vers eux une fois, leur disant que quiconque est en conscience avec soi-même, ne craint rien et ne doit pas se préoccuper des paroles provenant de journalistes, la plus part sans importance, puis, est-il possible de contrôler la diffusion et le direct ? Le monde a changé et l’ère du blackout est révolue … tous sans exception, même le Général Mohamed Ould -Ghazouani m’ont dit que les informations tenues à propos du président de la République sont devenues intolérables ; mais je n’ai pas accordé d’importance à cela.
Je me rappelle aussi une autrefois avoir dit à des ministres: que je propose à celui d’entre eux qui se sent embarrassé par ces futilités, d’acheter un troupeau de chèvres et d’aller à la brousse, et personne n’en parlera plus, cela, si parmi, il y a quelqu’un qui a offert jusqu’à présent le prix du troupeau …
Je l’ai interrogé : le parti est-il sorti de votre contrôle ?
Il a dit malheureusement, l’état de déliquescence auquel nous sommes parvenus est très alarmant … Certains de ses délégués me disent, nous ne pouvons que nous soumettre aux désirs de l’autorité, car les familles aux bleds ne s’opposent pas. Quelle logique à laquelle nous sommes arrivés?! … Ce que je craignais, c’était le retour en arrière, ce qui s’est d’ailleurs passé pour le cas du parti … Il a été déchiqueté, car les commissions sont dirigées par des gens qui n’ont rien à voir avec le parti, voire même, comprennent des personnes investies par des formations hostiles au parti et à ses idées. Le plus trivial de cela est la façon humiliante avec laquelle, ils photographient l’enlèvement de mes photos des sièges, afin de jouer sur la psychologie des citoyens.
Et si je pensais à leur manière, je les aurais expulsés des deux sièges, puisque l’un est ma propriété et l’autre est celle d’une proche qui l’avait mis gratuitement à leur disposition, après avoir longtemps sillonné en vain de long en large la ville. Ils m’ont alors contacté. Je les ai recommandés à la parente, laquelle a accepté gracieusement, refusant de louer le siège. Je ne l’ai donc pas fait car je ne pense pas comme ils réfléchissent … Et si je l’avais fait, ce serait ses photos à lui qui seront enlevées sans respect, mais je ne me rabaisserai pas.
Quand j’étais à Londres, il m’appelait constamment et nous nous échangeons les points de vue. Il m’a suggéré de reporter la question du parti jusqu’à février, avant le déclenchement de la crise, en raison de l’émergence d’intrus au parti. Le moins que l’on puisse dire à leur sujet, est qu’ils sont des proches à lui. Et quand je suis retourné dans le pays, je l’ai rencontré et j’ai constaté qu’il était intéressé par l’augmentation de ce qu’il appelle «le parti-Etat ». Je me suis étonné, puisque, alors président, je ne me souciais pas de ce parti. Secondo, certains États qui adoptent le système du Parti unique ont même honte aujourd’hui de parler du parti-Etat. De plus, il n’était pas membre de ce parti et ne s’est pas constitué candidat à partir de cette formation. La porte d’adhésion a été fermée sans qu’il adhère au parti. E même s’il l’a fait, quelle est l’utilité de référence et de la relation du président avec le parti?
À propos des contacts et des médiations, il a fermement répondu comme s’il s’adressait à son ancien ami: je vous fais confiance à 250%, mais quand il se confirme pour moi le contraire de mon impression, il m’est impossible de vous accorder ma confiance une seconde fois … C’est moi qui ai mis fin à tous les contacts et à toutes les initiatives,. C’est une page irréversiblement tournée de ma vie, quelle que soit l’interprétation faite par certains sur ce qui s’est passé …
Certes, je ne chercherai ni à saboter son autorité ni à porter atteinte à la sécurité de mon pays, quelle que soit la douleur. La Mauritanie est mon pays que j’ai construit avec ses moindres détails. Les ministres se sont lassés des audits et de la comptabilité et c’est moi qui présente les idées et les projets. Je défie l’un d’entre eux de prouver le contraire, et dans de nombreux cas, je proposais des choses qu’ils jugeaient impossibles au départ et essayaient de me montrer leur frustration, même si certains d’entre eux sont des experts, jusqu’à ce qu’ils réalisent que ce ne sont des choses impossibles, ils épousent mes suggestions.
Par exemple, je leur ai dit à propos du centre d’oncologie: nous travaillerons avec le système mondial, alors qu’ils proposaient de débuter avec le système de «coupons», puisque nous sommes en retard par rapport à eux et ainsi nous serons avec les États voisins au même stade et au même niveau de technologie.. J’ai dit: non, ce n’est pas parce que nous sommes en retard, nous partirons de là où nous nous sommes arrêtés, même de là où la technologie s’est arrêtée … Et si vous ne la connaissez pas, nous emmènerons des gens pour vous former. C’est ce qui s’est produit et des patients de pays étrangers souffrant de cancer, viennent chez nous pour bénéficier de soins.
Autre exemple. Au sujet des énergies renouvelables, les ingénieurs se sont toujours opposés au volume de production pour la minimiser, et si tu les avais écoutés, nous ne serions pas arrivés à un aussi très haut niveau d’énergie renouvelable. J’ai donc été très strict avec eux, étant conscient de mon statut de président de la Mauritanie et non des États-Unis d’Amérique, luttant contre des gens sans ambitions pour faire avancer ce pays. Et par là j’étais présent dans les moindres détails …
Il y a un projet géant où le travail devait commencer avec un premier accord, puis j’ai sollicité le dossier et négocié à nouveau jusqu’à obtenir la réduction du montant de dizaines de millions de dollars ; la partie exécutante étrangère n’ayant plus devant elle qu’annoncer sa perte, du fait qu’elle relève d’un pays respectable et ne veut pas abuser de sa réputation de géant de création, ce qui conduit l’État étranger, pour sauver l’honneur, à injecter quatre-vingts millions de dollars pour poursuivre le projet.
Je l’interromps: avec des devises ou autres, vous êtes devenu nanti?
Il répondit: non, le pillage se fait généralement par le biais de projets et de marchés, et il n’y a aucun marché qui n’a pas été octroyé sans passer par un appel d’offres transparente et équitable. Peut-être que le marché du « Palais Mourabitounes » était à lui seul une exception, et il a été comparé à son semblable dans un pays voisin par un comité ministériel dirigé par une jeune et honnête ministre. Ils ont comparé la superficie, le cout et autres aspects, constatant au finish l’importance du marché … Oui, ils ont dit que l’homme d’affaires Zeine Abidine m’a donné deux milliards Um en échange dudit marché adopté par une grande commission…quelle futilité !
Concernant l’état civil, le président d’un État voisin nous a suggéré de négocier avec les Asiatiques avec 80 millions d’euros comme il l’a fait dans son pays, et de les payer suivant un système très similaire au système de location, ce qui signifie qu’ils sont payés directement par le client. J’ai considéré que cela nous fera perdre la souveraineté sur notre état civil, et après l’appel d’offres, nous avons obtenu un état civil dix fois meilleur que son semblable dans ledit État et pour un montant ne dépassant pas vingt millions d’euros.- Mais le cout se renouvèle.
C’est vrai que cela nous obligera à renouveler en permanence les équipements et la technique, mais en retour cela nous donne un état civil apprécié et convaincant à l’échelle mondiale, tout en nous préservant la pleine souveraineté de notre pays.
Vous avez reconnu que vous êtes devenu riche ?
Oui, j’ai l’argent, et ma richesse augmentera constamment, mais quiconque a la preuve que c’est l’argent du peuple, le pouvoir judiciaire est là pour qu’il présente ses preuves … Je lutte depuis dix ans contre les moulins de la corruption, du pillage et du détournement. Je n’ai pas géré de budget dans ma vie, à part sept mois passés à diriger l’État-major particulier avec un budget d’un milliard environ. Quelques mois, je me suis trouvé président et j’ai utilisé le reste du budget dans l’acquisition de deux scanners à six cents millions Um d’un budget que je savais vouer au pillage, s’il avait été géré par une tierce personne que moi, comme c’était la règle avant moi …
Ils disent que vous suivez tout … Oui, les voleurs sont partout, et ils ont grandi dans des régimes corrompus, et n’eut pas été l’austérité observée au cours des années 16, 17 et 18, lorsque les prix du fer et d’autres matières premières avaient chuté, et n’eut été l’austérité et les audits, le pays aurait souffert … Les ministres avancent leurs projets budgétaires annuels au ministre des Finances, qui fait avec eux les comptes, même pour les tasses de café et les kleenex, imputant à celui-ci, empêchant celui-là, avant que je n’intervienne pour supprimer les dépenses inutiles…
Fournir seulement! Quels sont les avantages de ces mesures ?
Je diminue chaque année le budget de fonctionnement tout en augmentant celui de l’investissement … parce que l’investissement, en tant qu’infrastructures, routes et autres peut être arrêté au cas où tu ne pourrais plus continuer … j’ai privé certains de véhicules, d’essence et de logement, etc., mais ce sont des enveloppes financières qui ont été orientées vers l’augmentation des salaires des travailleurs … Vous remarquerez peut-être la formation d’une large classe moyenne. Nous ne nous sommes pas adressés au Fonds Monétaire International, mais bien au contraire, c’est cette institution qui a frappé à nos portes, après avoir suivi les mesures que nous avons prises à cet égard. Nous étions capables d’épuiser le citoyen en alourdissant le fardeau de la dette et obtenir l’argent que certains distribuaient habituellement entre eux au cours des périodes précédentes … mais nous ne l’avons pas fait.
Les gens s’interrogent sur votre enrichissement abusif!
J’ai déclaré mes biens avant et après ma prise du pouvoir, montres, vaches et maisons, etc., et je défie ceux qui prouvent le contraire de mon intégrité et de ma transparence en tant que citoyen et ancien président. Le pouvoir judiciaire ouvre par ailleurs ses portes à tous et je suis prêt et je réside dans mon pays.
D’où avez-vous amassé cette fortune, alors que vous n’avez exercé aucune activité génératrice de revenu parallèlement à votre travail … et avant d’arriver au pouvoir, vous n’étiez pas riche?
Je ne te révèlerai pas les sources de ma fortune et je réaffirme le défi, que c’est de l’argent honnête et non vicié.
Ce qui est étrange, c’est que vous avez été accusé de pillage et de gaspillage même après votre départ, certains vous indexant de ne pas avoir payé les frais du dernier vol de Mauritanie Airlines?
Il rit sarcastiquement, coléreux…consulte son téléphone et quelques photos et me présente la photo d’une facture disant :
– c’est une photo de la facture
– mais elle n’est pas payée.
Il appelle quelqu’un et demande s’ils lui remirent le reçu de paiement?
– Non, non, dit l’homme dont j’entendais la voix. Elle dit qu’elle le transmettra à Bedre.
– À qui ? dit Aziz
– À Bedre, dit l’autre voix.
– Et combien vous avez payé ?
– Prés de six millions sept cents
– Avez-vous remis à l’équipage mon cadeau?
– Oui, j’ai distribué entre eux un million UM
Il mit fin à l’appel WhatsApp, ajoutant: cela fait partie de la campagne de diffamation, mais quiconque tient à m’accuser, le pouvoir judiciaire est tout près, et je suis ici et je ne suis plus président.
Concernant le groupe de créanciers de Cheikh Ridha, devant sa maison, la réponse a été brève:
Premièrement, selon les informations, la plupart d’entre eux n’ont rien à voir avec Cheikh Ridha et ils semblent qu’ils ne se présentent, qu’en concomitance avec une activité politique que je compte organiser. Sinon, pourquoi ne se seront-ils pas présentés avant ou après ces deux activités?
-Mais vous avez acheté auprès de lui, ce qui implicite que vous trouvez intérêt à ce qu’il continue à vendre?
Non, je n’ai pas acheté auprès de lui et aucun membre de ma famille n’a acheté également auprès de lui.
Le nom de votre épouse est mentionné dans les documents de vente.
-C’est impossible, et je mets au défi quelqu’un de le prouver. Elle n’a pas acheté auprès d’eux et son nom n’a pas été mentionné dans ces transactions, même si j’ai entendu dire qu’elle avait aidé une parente à acheter une habitation des maisons de l’intéressé, même si acheter à quelqu’un n’était pas un crime et n’est pas couvert par la loi.
Nous avons parlé d’autres dossiers dont le gaz, et son point de vue était à ce propos particulièrement d’ordre sécuritaire:
Le gaz est une grande bénédiction et dans deux ans environ, ses effets se manifesteront. C’est une richesse qui peut changer la réalité du pays, s’il est exploité de façon efficiente, comme par exemple orienter ses revenus vers l’éducation et la formation technique ; ce que j’ai effectivement commencé.
Les aspects de sécurité qui l’accompagnent me préoccupent peut-être plus, puisqu’il faut agir avec prudence et renforcer la sécurité maritime, ce sur quoi j’ai insisté. Les fortunes découvertes changent le cachet des États, et bien garder tes frontières vaut mieux que d’entrer en conflit avec un pays voisin dont les caprices sont nourris par l’insécurité dans vos eaux.
Nous devons poursuivre les efforts pour renforcer la marine. Nous devons être les initiateurs pour montrer la force et l’opérationnalité là-bas, comme nous l’avons fait à nos frontières avec le Mali. Sans la force que nous avons formée à la frontière là-bas, les autres n’auraient pas compris que nous sommes en mesure de protéger nos terres et notre sécurité resterait liée à l’étranger, alors tout le monde a compris que nous n’attendrions pas dans l’antichambre de l’Occident et l’armée mauritanienne sortie sécurisera son pays.
Je rappelle ici que le suivisme aveugle de certains de la France n’était pas notre voie, et nous avons constamment émis des signaux à cet égard. Leurs discours de « Barkhane », selon lequel, ils ont tué plus d’une centaine de terroristes sur le sol de la Mauritanie m’a contrarié. J’ai convoqué alors ce Cénéral Mohamed (toujours montrant la direction du palais) et lui dis d’informer l’attaché militaire que nous ne désirons plus le maintien sur notre territoire des dix-huit soldats présents dans le pays comme coopérants chargés de la formation des unités, tout en attirant son attention sur notre mécontentement quant à la corrélation permanente qu’ils font de nous avec la campagne militaire « Barkhane ». Ce que j’ai fait deux semaines avant ma rencontre avec le président français au Mali …
Nous avons renforcé la sécurité en comptant sur nous-mêmes et avons fait nos adieux au temps où nous attendions plusieurs mois pour que l’un des pays occidentaux nous adresse une conversation téléphonique, recueillie depuis des mois quelque part …
– Certains journaux sénégalais vous ont lié ces dernières semaines au trafic de drogue?
Il est clair qu’il s’agit d’une campagne orchestrée de manière simultanée par l’ambassade mauritanienne à Dakar et dans les colonnes de plusieurs journaux, en concomitance avec mes mouvements politiques ici, et interférant avec précision dans le tissu social mauritanien, explicitant clairement la source. Je ne pense pas qu’une personne sensée puisse croire à ces trivialités. J’ai combattu le trafic des drogues et les trafiquants de voitures en premier avec les véhicules, puis avec les avions et autres stratèges. Même à mon départ du pouvoir, nous étions le seul pays de la région à lutter réellement et sérieusement contre la drogue.
Par Taqadoumy,
Traduit de l’Arabe par Cridem