L’ensemble des procédures pénales de crime contre l’Humanité, imprescriptible selon notre constitution, ont été retournées à cause du zèle du ministère public et grâce au concours des magistrats du siège, en collusion avec les groupes dominants ; les victimes d’esclavage et leurs soutiens ne perçoivent les signes du renouveau annoncé à la faveur de l’alternance de juin.
Outre le cas de la fille de 14 ans, Ghaya Maiga, remise à ses bourreaux par le juge Ethmane Ould Mohamed Mahmoud, le nouveau président, dans son entretien du 18 novembre 2019 avec le journal sénégalais Le Soleil, reproduit le déni d’une injustice, administrée, selon divers degrés et depuis des siècles, à une majorité de la population d’origine servile.
Le président de la Commission nationale des droits de l’Homme, récemment encore, imputait des cas d’esclavage à des étrangers transhumants, comme s’il fallait éloigner de nos frontières la moindre suspicion. L’ancien Premier Ministre de la décennie du faux, Yahya ould Hademine avait inventé la thèse des maliens itinérants qui se déplaceraient sur notre territoire, suivis de leurs bétail et serviteurs. Enfin, une attestation supplémentaire de mauvaise foi réside dans la non-exécution, depuis mars 2018, des peines de 10 à 20 ans de prison, infligées, par contumace, aux auteurs d’exploitation et de trafic d’être humains, d’ailleurs aggravés de sexisme ; à tous les niveaux de l’Etat, opèrent la solidarité et l’immunité, au bénéfice des descendants de maitres.
Aujourd’hui, se présente à l’opinion, l’affaire de l’association de malfaiteurs dénommée « Démocratie Islamique », groupuscule hyperactif sur les réseaux sociaux, qui se targue de mobiliser les concours parmi la féodalité Soninké et des connexions aux nouveau pouvoir.
A visage découvert – image animée et séquences audio à l’appui – ses animateurs promeuvent l’inégalité de naissance et insultent les personnes d’extraction servile, au motif, erronée, d’une prescription d’ordre divin; disponibles par dizaines, les documents comportent des menaces nominales, des séances de molestation et d’humiliation et des simulations de châtiments corporels. Les applications Whatsapp et Facebook témoignent du déferlement de haine, jusque dans les villages reculés. A présent ciblés, les défenseurs de la dignité se retrouvent en proie à la vindicte d’où leur exposition aux brutalités ; les situations d’agression, de spoliation et de voies de faits se multiplient dans les régions du Guidimakha et du Hodh Echarghi, sans épargner le sud- ouest du Mali.
Boubacar Camara dit Moustapha et son adjoint Oumar Camara alias Bourou, ressortissants de la Mauritanie, conduisent la campagne électronique de persécution, sur fond d’extrémisme religieux.
Sur la liste des victimes désignées à l’opprobre, reviennent les noms des jeunes Yacoub Baghayoho et Hamza Camara (membres du Conseil Exécutif d’Ira-M), Diadié Bambi Coulibaly, 55 ans, Hamedou Coulibaly 56 ans et Sidi Koné (âgé de 78 ans) ; aussi, ont-ils ont porté plainte contre les dirigeants de « Démocratie Islamique » et deux autres activistes de cette obédience, en l’occurrence Bouthié Dioumassy et Bouyé Dembélé.
La requête a été introduite par les avocats d’Ira-M, maîtres Amed Ely et Zakaria Mouhiedine Bilal. Ils déposaient plainte, le 31 octobre 2019, devant le procureur de la république du tribunal de Nouakchott-Nord. Le parquet trainait le dossier, à la mi-décembre, avant d’ordonner, à la police, de diligenter une enquête pour « apologie de l’esclavage ». Les deux principaux mis en cause, Boubacar Camara et Oumar Camara, se sentirent suffisamment forts, pour attaquer un attroupement d’abolitionnistes, réunis devant le commissariat de Sebkha où la police interrogeait quatre des plaignants.
Mais très vite, les membres d’Ira-M rassemblés comprirent les intentions des assaillants et évitèrent la provocation. Or, les deux chefs de l’organisation conservatrice, s’adressèrent au procureur de la république ; auprès de lui, ils prétendirent avoir essuyé la violence des 5 auteurs de la plainte, pourtant hors du lieu de la rixe présumée. Aussitôt, fut déclenchée une procédure judiciaire de mise en examen et d’emprisonnement immédiat des cinq victimes, dès lors accusées de coups et blessures ; par une inversion dont les tribunaux de Mauritanie se réservent le secret et l’usage établi, les plaignants se trouvèrent inculpés. L’équilibre ainsi orchestré vise à intimider les partisans de l’émancipation et décourager toute velléité de requérir le secours de la loi.
Il convient de le souligner, le juge d’instruction Taleb Bouya Ould Ahmed, responsable du tripatouillage, ne manifeste aucun scrupule à faire incarcérer un vieillard des hommes innoncents et àgés, dont un de 78 ans, venu, de loin, chercher protection et équité ; le même magistrat usait de ruse et de contrefaçon, déjà en juin 2016, contre les membres de Ira-M, lors de l’affaire dite « Adabaye Bouamatou ». D’une aversion viscérale au mouvement pour légalité des droits et des chances, Taleb Bouya Ould Ahmed représente la face hideuse du chauvinisme qui avance sous le masque de la piété. Au-delà de l’individu, l’appareil judiciaire de la Mauritanie abrite, en position de commandement, un personnel de formation talibane, qui hérite de siècles de suprématie.
Ira-M demande, au Président de la république de se ressaisir, à temps en tirant la leçon des échecs de ses prédécesseurs, face à l’endurance du mouvement abolitionniste. Qui se met en travers d’une telle cause ou en contrarie la dynamique, y perd, toujours. De surcroît, il risque d’introduire davantage de vulnérabilité dans le capital de la paix civile. Il appartient, à Mohamed Ould Ghazouani, de donner, aux mauritaniens d’en bas, la mesure de sa résolution à tourner la page de l’impunité et de l’occultation. Liberté et cohésion sociale se nourrissent, d’abord, de transparence tout comme l’autoritarisme et la discorde reposent sur le tabou.
Nouakchott 18 décembre 2019
La commission de communication
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Source : IRA-Mauritanie